Une tombe souterraine étrusque vieille de près de 24 siècles, abritant un squelette entouré de vaisselle, vient d’être mise au jour dans l’île française de Corse, une découverte rarissime qui constitue « une clé de compréhension » de cette civilisation méditerranéenne au rayonnement majeur dans l’Antiquité.
Cette tombe « date des années 300 à 350 avant Jésus-Christ » d’après le type de céramiques trouvées – des cruches avec des décors -, a expliqué Laurent Vidal, le responsable de ces fouilles, lors d’une visite de presse du site. C’est sur un terrain privé au sud d’Aléria (Haute-Corse) au lieu-dit Lamajone et à deux mètres de profondeur sous une nécropole de l’époque romaine que les scientifiques de l’Institut national français de recherches archéologiques préventives (Inrap) ont mis cette tombe au jour.
Les fouilles, débutées en juin 2018 et d’un coût de 1,5 million d’euros pour l’Etat français, ont d’abord permis de sortir de la terre glaise 130 tombes de l’époque romaine avec leurs occupants et de nombreux bijoux.
Mais c’est la découverte d’une poignée de marches donnant accès à un couloir de six mètres de long débouchant sur l’hypogée, une chambre funéraire étrusque creusée dans la roche d’un peu plus d’un mètre cube, qui suscite beaucoup d’espoir. Pour l’heure, un squelette, 17 céramiques et deux éléments en bronze qui « pourraient être un miroir » ont été à moitié déterrés, détaille Laurent Vidal.
« Un seul individu repose à même le substrat entouré de mobilier d’accompagnement funéraire, il est positionné sur le côté gauche, la tête orientée à l’est », décrit l’anthropologue Catherine Pigeade. Est-ce une femme, un homme, un notable ? Impossible de le dire mais Mme Pigeade espère découvrir, via l’étude anthropologique qui a débuté in situ et les recherches ADN, son sexe, son âge, son rang social ainsi que de potentielles carences ou maladies.
« Cela fait plusieurs dizaines d’années que ce type de sépulture n’avait pas été découvert dans l’aire méditerranéenne », explique à l’AFP Franck Léandri, directeur régional des Affaires culturelles.
Les dernières découvertes de ce type remontent aux années 60-70 lorsque 179 tombes de culture étrusque avec ce type de tombeau en sous-sol ont été mises au jour à Casabianda (Corse), à 800 mètres seulement de ce site de fouilles, par les archéologues Jean et Laurence Jehasse. Datées entre 500 et 259 av. J.-C, ces sépultures avaient été sorties de terre avec plus de 4.000 objets (vases, bijoux, armes, ustensiles…).
La nouvelle découverte, constitue « une clé de compréhension, elle va nous permettre de réinterpréter toutes les tombes découvertes il y a quarante ans avec des méthodes modernes d’investigation, c’est une sorte de chaînon manquant avec ce que l’on avait avant comme données scientifiques », se félicite M. Léandri.
Pour l’heure, la priorité est de protéger les objets et ossements qui ont passé plus de 2.300 ans sous la terre. « Il faut consolider les vestiges au fur et à mesure de leur découverte », explique à l’AFP Marina Biron, conservatrice-restauratrice de l’Inrap qui s’affaire à même la fosse des fouilles ou dans la baraque de chantier voisine où elle pratique les premiers gestes conservateurs.
Une course contre la montre est lancée pour prélever ces richesses historiques pendant les quinze jours de fouilles qui restent avant que le terrain ne soit rendu à son propriétaire et que les découvertes ne partent livrer leurs secrets en laboratoire. Laurent Vidal « espère que l’analyse de chaque vase permettra de déterminer ce qu’ils contenaient » et de « distinguer les vases à parfum des vases à vin ».
Mais d’ores et déjà, l’intérêt est international: « c’est un sujet européen et méditerranéen que l’on partage avec les Italiens, les Anglais, les Américains et les Allemands », souligne Dominique Garcia, le président de l’Inrap, mentionnant les chaires d’étruscologie de Chicago, New York, Berlin ou de la Sorbonne. Les Étrusques ont régné sur un vaste territoire formé par la Toscane et le Lazio jusqu’au Ier siècle avant Jésus-Christ, avant leur intégration dans la République romaine.
D.C avec AFP
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