Harcelée dans deux collèges différents, une fillette s’est donnée la mort après avoir supporté les brimades de ses camarades pendant plusieurs mois. Ses parents s’interrogent également sur le rôle joué par certains membres du personnel scolaire.
Le drame a eu lieu le vendredi 21 juin à Herblay, dans le Val-d’Oise. Ne supportant plus le harcèlement dont elle était victime à l’école, la petite Evaëlle s’est donnée la mort. Ce sont ses parents, Sébastien et Marie, qui ont retrouvé la fillette de 11 ans pendue à son lit.
Scolarisée au collège Isabelle-Autissier d’Herblay depuis septembre 2018, Evaëlle avait fait part à ses parents du harcèlement dont elle était la proie. Des confidences qui avaient conduit Marie et Sébastien à changer leur fille d’établissement. Après les vacances de février, elle avait ainsi rejoint le collège Georges-Duhamel, dans le même secteur. Malgré ce changement d’établissement en cours d’année, le harcèlement dont la fillette était victime aurait repris.
« Elle était pleine de joie. Une enfant précoce, avec une très grande lucidité. Bien trop grande pour son âge », a expliqué le père de la petite fille aux journalistes du Parisien. « Elle voulait être amie avec tout le monde. Souvent dans l’excès et quand on est dans l’excès, on se fait rejeter », ajoute-t-il.
« Pour eux, ce ne sont que des moqueries »
Selon le quotidien francilien, Evaëlle « a subi l’enfer de la part de ses camarades », récoltant « des insultes, des brimades [et] des coups ». Mais des élèves de son premier collège pointent également du doigt un de ses anciens professeurs. « C’est parti de là. Elle la traitait de folle », affirme une amie de la victime. « Quand tu n’arrives pas à faire quelque chose, elle te dit que tu es nulle. Elle dit à tout le monde : ‘Vous êtes la pire des classes’ », ajoute une ancienne élève au sujet de cette enseignante. « Ça dépend des personnes. Elle s’attaque aux plus faibles », poursuit une autre.
Des propos confirmés à demi-mots par la mère d’Evaëlle qui souligne que le harcèlement dont sa fille était la cible ne venait pas uniquement « des élèves ». « Il faut prendre le mot harcèlement au sens large », appuie Sébastien. Mais pour le père de la fillette, le problème viendrait surtout d’un manque de sensibilité des enfants. Un manque d’empathie qui serait caractéristique des jeunes d’aujourd’hui selon lui.
« C’est sûr qu’on a élevé nos enfants dans l’empathie. Mais ce n’est pas le cas de tout le monde », confie Sébastien. « Ils ne se rendent pas compte. Pour eux, ce ne sont que des moqueries », ajoute-t-il à propos des élèves. « Il faut mettre des cours d’empathie dès la maternelle. En Finlande, c’est ce qu’ils font », observe sa femme. D’après elle, les victimes de harcèlement ne sont pas non plus accompagnées correctement et hésitent encore trop souvent à dénoncer les brimades dont elles sont victimes auprès des adultes, par peur d’être mal vues par leurs camarades.
« On montre toujours des jeunes qui harcèlent, on dit que c’est mal, mais on ne montre pas comment un harcelé peut s’en sortir. Pour eux, c’est une montagne insurmontable d’aller voir quelqu’un », conclut la mère d’Evaëlle.
Les parents ont déposé plainte
Si les parents de la fillette avaient déjà porté plainte contre le collège Isabelle-Autissier en février, ils ont décidé de déposer une nouvelle plainte dont ils n’ont pas tenu à dévoiler le contenu afin de ne pas interférer avec l’enquête en cours. Les obsèques de la petite fille ont eu lieu ce mercredi en présence de nombreux proches réunis au cimetière du Père-Lachaise, à Paris.
Contactée par Le Parisien, l’Inspection académique du Val-d’Oise assure que « l’établissement a fait le nécessaire vis-à-vis des élèves harceleurs ». Selon elle, les situations d’Evaëlle et d’Emma – une autre ancienne élève du collège Isabelle-Autissier ayant été victime de harcèlement scolaire l’année dernière – ont bien été prise en compte par l’établissement.
« Ils ont mis en place la méthode Pikas [une méthode développée par le psychologue Anatol Pikas qui consiste en une série d’entretiens individuels avec des élèves ayant pris part au harcèlement scolaire, ndlr] », poursuit un porte-parole du collège. Selon cette personne, Evaëlle aurait également reçu « un accompagnement appuyé vis-à-vis de son mal-être ». Des mesures qui n’auront malheureusement pas suffi à empêcher le drame.
L’entourage de la petite fille a mis en place une cagnotte en ligne dont les fonds doivent être versés à une association de lutte contre le harcèlement scolaire.
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