Un groupe de militaires vénézuéliens s’est soulevé mardi en soutien à l’opposant Juan Guaido, qui a affirmé qu’il n’y avait « plus de retour en arrière » possible dans ses efforts pour faire chuter le président Nicolas Maduro.
Pneus et véhicules enflammés sur la chaussée, jets de pierres, nuages de gaz lacrymogènes: la situation restait très confuse mardi dans l’est de Caracas, a constaté l’AFP. Aux abords de la base militaire de La Carlota, de violents heurts opposaient les forces de l’ordre loyalistes à des milliers de manifestants pro-Guaido. Un véhicule blindé a foncé sur un groupe de manifestants de l’opposition, laissant plusieurs personnes au sol, selon les images de la télévision locale. Par ailleurs, un militaire pro-Maduro a été blessé par balle, selon le gouvernement.
« C’est le moment! Les 24 Etats du pays se sont engagés sur le même chemin: il n’y a plus de retour en arrière. L’avenir nous appartient: le peuple et l’armée unis pour mettre fin à l’usurpation », a déclaré Juan Guaido sur Twitter.
Tandis que le ministre de la Défense du Venezuela, le général Vladimir Padrino, a mis en garde l’opposition contre un possible « bain de sang », le représentant de Guaido à Washington Carlos Vecchio a appelé le peuple à « rester dans la rue ». « Je ne vais pas rester à la maison avec les bras croisés pendant que le régime de Maduro nous opprime », a déclaré à l’AFP Carlos, 26 ans, un cocktail Molotov en main.
Depuis le 23 janvier, le Venezuela, confronté à la plus grave crise de son histoire avec une économie au ralenti, une monnaie naufragée et des pénuries, compte de fait deux « présidents ». D’un côté le député de centre-droit Juan Guaido, reconnu comme président par intérim par une cinquantaine de pays dont les Etats-Unis, et de l’autre le chef de l’Etat en exercice, le socialiste Nicolas Maduro, soutenu par la Chine et la Russie.
Des soldats arborant un ruban bleu, signe de ralliement à Juan Guaido, étaient positionnés, armes à la main, dans cette zone de l’est de la capitale, a constaté l’AFP. « Le ruban bleu identifie les Vénézuéliens en uniforme ou non qui se mobilisent pour mettre fin à l’usurpation », a expliqué sur Twitter Carlos Vecchio. « Nous aussi nous faisons partie du peuple et nous sommes fatigués de cette dictature », a déclaré à l’AFP un des militaires insurgés, sous couvert d’anonymat. Leur nombre n’était pas connu pour l’heure.
Des manifestations avaient également lieu à Maracaibo, San Cristobal, Barquisimeto (ouest) et Valencia (nord), selon des témoignages d’habitants. A l’aube, dans une vidéo tournée depuis la base militaire de La Carlota, Guaido a annoncé sur les réseaux sociaux avoir le soutien d’un groupe de « soldats courageux ». Il était entouré d’un petit groupe d’hommes en uniforme. A ses côté, se trouvait une autre figure de l’opposition, Leopoldo Lopez, qui a affirmé avoir été « libéré » par des militaires pro-Guaido alors qu’il se trouvait assigné à résidence depuis 2017.
En réponse, Nicolas Maduro, qui appelle la population à faire preuve de « nerfs d’acier! », a affirmé sur Twitter bénéficier de « l’entière loyauté » des chefs de l’armée. Son ministre de la Défense lui a réaffirmé son soutien et assuré que la situation était « normale » dans les casernes. Pour l’heure, le président Maduro n’est pas apparu à la télévision ou en public mardi. De son côté, le numéro 2 du pouvoir vénézuélien, Diosdado Cabello, a appelé les partisans de Maduro à se rassembler au palais présidentiel de Miraflores à Caracas.
« Je suis en train d’attendre les miliciens pour défendre notre président. Nous sommes disposés à le défendre jusqu’à la mort », a expliqué à l’AFP Maria Luna, membre de ce groupe civil armé, à proximité de Miraflores. Face à l’accélération des événements au Venezuela, les réactions se sont multipliées. « L’opposition radicale au Venezuela a une fois de plus recours à une confrontation par la force », a accusé Moscou, et appelant à des pourparlers pour éviter l’effusion de sang.
« Aujourd’hui, le président par intérim Juan Guaido a annoncé le début de l’Opération Liberté. Le gouvernement américain soutient pleinement le peuple vénézuélien dans sa quête de liberté et de démocratie », a réagi le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo. Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a exhorté « toutes les parties à éviter de recourir à la violence ». Le Groupe de Lima, composé de 13 pays latino-américains et du Canada, doit se réunir d’urgence sur la crise en cours à 18H30 GMT, a annoncé le chef de la diplomatie chilienne Roberto Ampuero.
De leur côté, les alliés de Caracas, comme Cuba, la Bolivie ou la Turquie, ont rejeté le « mouvement putschiste » et condamné « la tentative de coup d’Etat ». Des rassemblements de manifestants pro-Guaido avaient lieu mardi à l’étranger devant les représentations diplomatiques vénézuéliennes. Nicolas Maduro a été réélu en juillet 2017 au cours d’un scrutin qui n’a été reconnu ni par l’Union européenne, ni par les Etats-Unis.
Le pétrole représente 96% du revenu national et le FMI prévoit une chute du PIB de 25% cette année au Venezuela, ainsi qu’une hyper-inflation de 10.000.000% et un taux de chômage de 44,3%. Quelque 2,7 millions de Vénézuéliens ont fui le pays depuis 2015, face aux pénuries de biens de première nécessité et de médicaments, selon les chiffres de l’ONU.
D.C avec AFP
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