Âgé de 16 ans, Killian était mort à scooter après avoir acheté de la vodka dans un magasin Lidl : une amende de 5000 euros a été requise jeudi à l’encontre de l’enseigne allemande pour vente illicite d’alcool à un mineur.
Devant le tribunal de Bayonne, qui rendra sa décision le 8 décembre, le ministère public a relevé que la vente d’alcool avait « l’air convenablement encadrée » par Lidl mais que les précautions n’étaient pas suffisantes pour autant.
L’enseigne « ne va pas jusqu’au bout de la démarche de vérification » de l’âge des clients, a estimé le procureur. « Aucune faute ne peut lui être imputée », a rétorqué l’avocate de Lidl, Sandrine de Lazzari.
Un taux d’alcool de 0,56 g
Le 8 mai 2021, à 18h15, l’adolescent qui présentait un taux d’alcool de 0,56 g par litre de sang trouvait la mort dans un choc avec un pylône à Urrugne, près d’Hendaye, après avoir été percuté par un ami qui circulait également à scooter, alcoolisé lui aussi.
Jugé devant un tribunal pour enfants, ce dernier a été reconnu coupable d’homicide involontaire. Deux bouteilles de vodka avaient été achetées par les garçons, peu après 13 heures ce même jour, selon l’accusation.
La mère de la victime avait porté plainte contre la chaîne de supermarchés, « non pas pour faire un exemple qui ne lui servira à rien mais pour que le décès de son fils ne soit pas vain », a déclaré son avocat, Antoine Tugas.
« Impossible de savoir avec certitude »
L’enseigne soutient qu’il est « rigoureusement impossible de savoir avec certitude » que l’achat a bien été effectué par les adolescents, avançant l’hypothèse d’une tierce personne, majeure, qui serait passée en caisse pour eux.
Un argument que balaient les parties civiles, l’autre mineur ayant assuré aux enquêteurs avoir acheté l’alcool dans le magasin. « Par ailleurs, la marque de vodka retrouvée sur les garçons est vendue exclusivement par Lidl », a souligné Me Tugas.
Lors du passage en caisse, un message s’affiche sur l’écran du caissier qui doit valider l’âge légal de l’acheteur. Entendu, l’employé en poste ce jour-là a reconnu qu’il avait « pu oublier » ou « estimé » que les adolescents « étaient majeurs », sans se souvenir les avoir vus.
Des contrôles pas assez stricts
« Est-ce que Lidl a tout mis en œuvre pour que ses salariés respectent les consignes qu’il prétend donner ? », a questionné François de Castro pour l’association France Addictions, partie civile. D’après une étude-test qu’elle a menée en 2020 avec des acheteurs mineurs, « dans 9 cas sur 10, l’alcool leur est vendu », selon l’avocat.
« Je ne voudrais pas qu’on se trompe de cible en faisant le procès de l’ensemble des enseignes qui ne respectent pas les règles », a riposté Me de Lazzari. « Ma cliente dit seulement que si ce jour-là, l’alcool n’avait pas été vendu à son enfant, il y a de grandes chances qu’elle n’ait pas eu à porter de fleurs sur son cercueil », a asséné Me Tugas à l’issue de l’audience.
Les parties civiles ont plaidé pour des sanctions « plus dissuasives » et davantage de « garde-fous ».
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