Un influenceur algérien qui avait été expulsé jeudi après-midi vers l’Algérie après une vidéo appelant à la violence, a finalement été renvoyé en France dans la soirée, l’Algérie l’ayant interdit de territoire, dans un contexte de tensions diplomatiques entre les deux pays.
Placé mardi en centre de rétention administrative (CRA) à Nîmes, « Doualemn », influenceur de 59 ans, avait été interpellé à Montpellier, après une vidéo postée sur TikToK. Il avait été mis dans un avion jeudi après-midi, selon son avocat, mais l’Algérie l’a « interdit de territoire », a indiqué jeudi soir le ministère de l’Intérieur.
Il a été placé dans la soirée au CRA du Mesnil-Amelot (Seine-et-Marne), au nord-est de Paris, a-t-on précisé de même source. « Mon client a été refusé par les autorités algériennes. Il est donc dans un vol retour vers Paris », a déclaré dans un message à l’AFP son avocat montpelliérain, Jean-Baptiste Mousset.
Si la traduction d’une de ses vidéos signalée samedi par le maire socialiste de Montpellier et le préfet de l’Hérault a finalement établi que le terme « tuez-le » n’avait pas été prononcé, celle-ci « appelait en revanche à donner une sévère correction à un homme semblant résider en Algérie », avait précisé mardi le procureur de la République de Montpellier, Fabrice Belargent.
« Tuez-le car Cohen a partagé sa vidéo »❗️Appel au meurtre, apologie de la torture, propos antisémites et l’auteur est un autre influenceur algérien 🇩🇿 habitant à Montpellier 🇫🇷 suivi par 138k sur Tiktok (pseudo : doualemn) surnommé « Ami (tonton) Boualem » et célèbre au sein de la… pic.twitter.com/mY841Iv44j
— Chawki Benzehra شوقي بن زهرة (@ChawkiBenzehra) January 4, 2025
Il s’agit en tout état de cause d’un « appel à la torture » visant « un opposant au régime actuel en Algérie », appel justifiant le retrait de son titre de séjour et son expulsion, avait déclaré jeudi matin le préfet de l’Hérault, François-Xavier Lauch.
Jeudi également, Sofia Benlemmane, Franco-Algérienne d’une cinquantaine d’années, a été placée en garde à vue, a indiqué à l’AFP le procureur de Lyon, Thierry Dran.
Il lui est reproché d’avoir diffusé des messages de haine et des menaces contre des internautes et plus généralement contre tous ceux susceptibles de s’opposer au régime algérien, ainsi que des déclarations insultantes envers la France.
L’influenceuse, suivie par plus de 300.000 personnes sur TikTok et Facebook, a été placée en garde à vue pour « menaces de mort et provocation publique à la haine », selon Nelson Bouard, directeur interrégional de la police nationale.
« Nique ta mère toi et ta France », « j’espère que tu seras tuée, j’espère qu’ils vont te tuer », avait-elle notamment lancé à une autre femme en septembre. Cette ancienne joueuse de football avait déjà fait parler d’elle en 2001 quand elle avait été condamnée à sept mois de prison avec sursis et trois ans d’interdiction de stade pour avoir pénétré sur la pelouse du Stade de France lors d’un match amical France-Algérie.
Si elle critiquait vivement le président algérien Abdelmadjid Tebboune dans une vidéo de 2020, son discours a depuis radicalement changé et elle affiche désormais un soutien au gouvernement d’Alger.
Deux autres influenceurs vivant en France ont également été arrêtés ces derniers jours.
Arrêté à Brest le 3 janvier, Youcef A., 25 ans, alias « Zazou Youssef » sur TikTok, sera jugé le 24 février pour apologie du terrorisme. Placé en détention provisoire, il encourt sept ans de prison.
Agé de 31 ans, « Imad Tintin » a lui été placé en garde à vue samedi à Grenoble pour une vidéo, retirée depuis, dans laquelle il appelait à « brûler vif, tuer et violer sur le sol français ». Lui aussi sous écrou, il sera jugé le 5 mars pour provocation à des actes de terrorisme.
Lundi, la préfecture du Rhône avait indiqué avoir effectué des signalements visant trois influenceurs basés à Lyon, Sofia Benlemmane et deux autres tiktokeurs connus sous les noms de « Abdesslam Bazooka » et « Laksas06 ».
Le parquet lyonnais avait dans la foulée annoncé l’ouverture de deux enquêtes, l’une pour « provocation à la commission d’un crime ou d’un délit » et l’autre pour « menaces de mort et provocation publique à la haine » visant deux de ces trois influenceurs, sans préciser lesquels.
Dans une vidéo en arabe publiée le 10 décembre, Abdesslam Bazooka s’en était pris aux opposants au gouvernement algérien, les qualifiant de « traîtres » et menaçant de les « égorger ».
Laksas06 avait quant à lui repris le 11 décembre un sonore d’un autre Franco-Algérien dans lequel il présentait les membres de la diaspora algérienne en France comme des « soldats dormants » prêts à devenir « des martyrs ».
Les comptes de ces trois influenceurs lyonnais ont « été suspendus définitivement pour violation de nos règles communautaires », a fait savoir TikTok.
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