« Sans Twitter, je ne serais plus là ! » Julie en est persuadée : c’est son appel à l’aide, en mai sur ce réseau social, qui lui permet d’être encore en vie après avoir vu son ex-compagnon relâché, alors qu’elle l’accuse de violences conjugales.
Comme cette trentenaire, des femmes victimes de leur conjoint voient dans les réseaux sociaux un lieu où elles peuvent dire ce qu’elles ont vécu, témoigner des risques qu’elles et leurs enfants encourent encore. Au risque de s’attirer les critiques d’internautes, voire la riposte de proches contestant leur version des faits.
Pour Julie, une série de tweets a eu des résultats concrets. Mi-mai, par ce moyen, elle a dit son désespoir de savoir en liberté celui qu’elle accuse de « tentative d’assassinat ».
Trois mois après cette « bouteille à la mer », son récit a été retweeté plus de 13 000 fois et reçu près de 5 000 « J’aime ». L’homme, en attente de son jugement après avoir passé huit mois en prison pour ces violences, a été de nouveau incarcéré.
Deux mois avant elle, c’est Lætitia qui avait choisi Twitter pour s’exprimer. Violences physiques sur sa personne, viol sur sa fille d’à peine quatre ans… Les accusations ont fusé à visage découvert : la photo de son « profil » est la sienne.
« Sans Twitter, je ne serais plus là ! » Julie en est persuadée: c’est son appel à l’aide, en mai sur ce réseau social, qui lui permet d’être encore en vie après avoir vu son ex-compagnon relâché, alors qu’elle l’accuse de violences conjugales. https://t.co/7NCt5F4mha
— Negociation de crise (@AllaisF) 13 juillet 2019
Son témoignage a suscité des réactions institutionnelles. Marlène Schiappa, secrétaire d’État à l’Égalité femmes-hommes, lui a adressé « une lettre-type » – « sans solution », estime Lætitia. La Fédération nationale Solidarité Femmes, qui gère le numéro 3919 ouvert aux victimes de violences conjugales, l’a contactée.
« Je sais très bien ce qui me protège : c’est d’avoir été médiatisée », estime Lætitia.
Les femmes qui témoignent sur Twitter « ne se sentent pas forcément protégées », nuance une membre de « Féminicides par compagnon ou ex ». « Mais elles savent que, s’il leur arrive quelque chose, on ne pourra pas dire qu’on n’était pas au courant ».
Formé il y a trois ans, ce collectif recense sur Facebook et Twitter les articles de presse traitant de femmes tuées par leur conjoint ou ancien partenaire – 76 depuis le 1er janvier, d’après ce décompte.
Le groupe, qui n’avait qu’un rôle de veille, est devenu vecteur de « lien social », selon une membre. « Une à deux femmes nous contactent par jour », souvent pour lancer des appels au secours. Le collectif les conseille et les accompagne.
« C’est important que ces femmes puissent apporter leur propre vécu », estime Françoise Brié, directrice générale de la fédération Solidarité Femmes.
https://t.co/vCi8dHtstn ➡️VIOLENCES CONJUGALES : quand les plaintes sont classées sans suite, quand la justice n’est pas là …les réseaux sociaux prennent le pas! Bravo pour ce témoignage, peut être devrions nous toutes lancer nos sur Twt pr que cela bouge enfin ?
— mikado (@Miche2M) 9 avril 2019
Si la plupart des responsables associatifs voient avec bienveillance ces témoignages, ce choix n’est pas dénué de risques. « Parler sur les réseaux sociaux, c’est souvent révéler son identité, ce qui n’est pas sans danger », note Françoise Brié.
« Féminicides par compagnon ou ex » dit subir les assauts « de trolls, mais aussi des familles de tueurs qui refusent le terme de féminicide, qui parlent d’accident domestique », explique la membre du collectif, alors que la plupart des morts violentes de femmes dans un cadre conjugal en 2018 sont qualifiées en assassinats ou meurtres.
« Il est important qu’en parallèle les femmes qui parlent sur les réseaux sociaux soient suivies par des associations », prévient Françoise Brié. Sa fédération contacte régulièrement des femmes se disant en danger sur Twitter ou Instagram, leur conseillant d’appeler le 3919.
Mais la police et la gendarmerie devraient être davantage présentes sur ce type de plateformes, soulignent activistes et victimes. « Certaines femmes vont sur les réseaux sociaux pour y trouver une oreille attentive qu’elles ne trouvent pas dans les commissariats », fait valoir une militante.
D. S avec AFP
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