L’efficacité du traitement du Covid-19 par le plasma n’est en aucun cas prouvée, mais de nombreux Pakistanais désespérés risquent leur vie avec cette transfusion, alimentant un marché noir en plein essor.
De nombreux pays ont lancé des essais pour vérifier si transfuser aux malades du plasma sanguin de personnes guéries peut permettre d’éliminer plus vite le virus.
Traitement s’appuyant sur les anticorps des survivants
Et les réseaux sociaux regorgent de témoignages non prouvés sur l’efficacité de ce traitement s’appuyant sur les précieux anticorps des survivants.
Pakistan scientists achieve significant breakthrough in fight against COVID-19
Dow University’s research team has made vary important breakthrough in war against coronavirus as they prepared intravenous immunoglobulin with plasma obtained from recovered patients of deadly virus pic.twitter.com/FGzlHWxgt0
— Developing Pakistan (@DevelopmentPk) April 14, 2020
Le Pakistan conduit lui-même des essais sur des malades. Mais certains patients sont de plus en plus tentés de se tourner vers des cliniques privées ou vers le marché noir, sans aucune garantie quant à la provenance ou la qualité des produits sanguins.
« C’est le produit du désespoir. Tout le monde veut croire qu’il y a une réponse à cette question (du coronavirus) », affirme à l’AFP Fareeha Irfan, une spécialiste pakistanaise de santé publique.
Profiter de la crédulité des personnes
« Il est facile de profiter de la crédulité des personnes qui ne sont pas très au fait de ce qui se passe dans le monde scientifique. »
Le Pakistan a officiellement recensé environ 260.000 cas de coronavirus, et 5.500 décès. Mais les chiffres réels sont certainement bien supérieurs car les dépistages sont encore limités.
Pakistan’s first coronavirus patient Yahya Jafferi donates plasma for passive immunization for treatment of COVID-19 patients in the country pic.twitter.com/zM3RYhU6Qn
— omar r quraishi (@omar_quraishi) April 2, 2020
La Société pakistanaise d’hématologie explique que les informations circulant sur le plasma ont contribué à faire croire à une partie de la population et du personnel médical que ce traitement était désormais standard.
Transmission d’infections?
« L’utilisation du plasma de personnes guéries peut provoquer des réactions potentiellement mortelles, ou encore transmettre des infections », met cependant en garde la Société.
Nawaz Murad, un universitaire de Lahore, raconte que des médecins lui ont conseillé de tenter en dernier recours le traitement au plasma pour son père malade du Covid-19, et dont l’état de santé se détériorait rapidement.
Paniqué, il s’est tourné vers Facebook, où il a trouvé un donneur en quelques heures.
#Gravitas | A Coronavirus black market is flourishing in Pakistan. Pakistani bootleggers are earning fortunes in black market trade of blood plasma of recovered patients. @palkisu gets you the story. pic.twitter.com/tDHhYnc0uV
— WION (@WIONews) June 24, 2020
Et pour ne pas perdre de temps, aucune analyse de sang n’a été faite, ce qui n’a pas permis d’écarter la présence d’infections comme l’hépatite ou le VIH.
Nombre élevé de patients désespérés
« Bien sûr qu’il fallait prendre le risque », estime M. Murad. « Nous n’avions d’autre choix que de réaliser la transfusion au plus vite. »
« Ce n’était pas une situation normale. C’était une situation de stress intense pour ma famille. »
Le donneur a fourni gratuitement son plasma. Mais M. Murad a versé l’équivalent d’une centaine de dollars à un médecin venu faire la transfusion à domicile. Certaines cliniques factureraient jusqu’à 300 dollars cette opération.
A en croire le juriste Osama Malik, les autorités provinciales et fédérales ferment les yeux sur le fait que des centres non agréés font payer le prix fort pour ces transfusions.
« Les sept centres (officiels de transfusion) ne peuvent pas faire face au nombre élevé de patients désespérés », explique-t-il à l’AFP.
Le père de M. Murad va désormais mieux, et ses proches attribuent à cette transfusion sa guérison.
Groupe de rescapés du coronavirus sur Facebook
Aucune certitude n’existe à l’heure actuelle concernant le coronavirus, mais certaines études ont conclu à l’utilité des transfusions de plasma pour lutter contre d’autres maladies infectieuses comme le Sras ou Ebola.
Zoraiz Riaz Syed, qui anime un groupe de rescapés du coronavirus sur Facebook, dit avoir mis en relation plus de 750 personnes avec des donneurs de sang.
Son groupe « offre une plateforme centralisée pour tout le Pakistan », affirme-t-il, en pointant le manque de confiance de la population envers le système de santé défaillant du pays.
L’essor du marché noir
Un haut responsable du département de la santé supervisant les essais cliniques officiels du traitement au plasma a expliqué qu’il était « presque impossible » pour les autorités d’empêcher les transfusions hors des centres agréés.
Celles-ci, reconnaît-il, s’inquiètent cependant de l’essor du marché noir, où des intermédiaires demandent parfois jusqu’à 900 dollars pour une livraison rapide de plasma à des patients dans un état critique.
De son côté, le groupe Facebook a exclu certains membres qui voulaient vendre leur plasma, ce qui est illégal au Pakistan, conformément aux recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Le ministère pakistanais de la Santé n’a pas répondu aux questions adressées par l’AFP. Le gouvernement a de son côté mis en place un numéro vert pour recueillir les plaintes des personnes qui seraient contraintes de payer pour un échantillon de plasma.
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