Après l’Union africaine, le Nigeria est monté au créneau mardi pour dénoncer des discriminations « inacceptables » à l’égard de ses ressortissants en Chine à la suite de la découverte de cas positifs au Covid-19, alimentant une polémique embarrassante pour Pékin, en pleine offensive de charme sur le continent.
Ces derniers jours, des Africains se sont dit victimes d’expulsions, d’interdictions d’entrer dans des commerces, de placements en quarantaine et de dépistages abusifs, après la découverte de plusieurs cas positifs au coronavirus parmi la communauté nigériane de la métropole de Canton.
Mardi, le ministre des Affaires étrangères nigérian, Geoffrey Onyeama, a reçu l’ambassadeur chinois à Abuja. Une audience aux airs de convocation, pour l’informer que « la situation est extrêmement pénible et inacceptable pour le gouvernement et le peuple nigérians et que nous voulons une action immédiate ».
« Extrême préoccupation »
L’Union africaine (UA) avait déjà exprimé samedi son « extrême préoccupation » sur le sort des Africains et appelé la Chine à « des mesures rectificatives immédiates ».
Selon des sources diplomatiques, une vingtaine de pays d’Afrique ont préparé une missive à l’intention de Pékin dans laquelle ils estiment que les dépistages et la quarantaine imposés spécifiquement à leurs ressortissants équivalent « à du racisme ».
La « note verbale » dénonce « une violation évidente des droits de l’Homme ».
Plusieurs Africains ont raconté à l’AFP avoir été chassés de leurs logements, puis refusés dans des hôtels et des restaurants, et ont finalement dû dormir à la rue ou sous des ponts sans rien à manger.
L’affaire tombe au plus mal pour Pékin, qui a multiplié ces dernières semaines les offensives de charme sur le continent africain à travers l’envoi de médecins, de matériel médical, et autres aides financières.
« Xénophobie des autorités chinoises »
D’autant que les Etats-Unis se sont engouffrés dans la brèche, dénonçant la « xénophobie des autorités chinoises », dans un contexte de confrontation stratégique entre les deux puissances mondiales.
L’administration de Donald Trump met régulièrement l’Afrique en garde contre la Chine, dont les investissements et les prêts sont, selon Washington, motivés par d’arrière-pensées peu amicales.
« Les abus et mauvais traitements à l’encontre des Africains vivant et travaillant en Chine rappellent tristement à quel point le partenariat entre la République populaire de Chine et l’Afrique est creux », a déclaré à l’AFP un porte-parole du département d’Etat américain.
Depuis une dizaine d’années, la Chine est devenue le premier partenaire commercial du continent, devant les Etats-Unis et la France, distribuant des milliards aux pays africains pour la construction de grands projets d’infrastructures, souvent en échange de leurs ressources minières.
Avec la pandémie, le secteur de la santé est devenu un nouvel instrument diplomatique pour Pékin, notamment via ses milliardaires philanthropes comme Jack Ma, le fondateur du géant de la vente en ligne Alibaba – membre du parti communiste chinois – ou ses fleurons des télécoms, à l’instar de Huawei.
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