La nouvelle saison de VivaTech 2023 promet une rencontre de haute voltige entre les start-ups françaises et leurs investisseurs, avec Elon Musk – le patron de Tesla, Tweeter et SpaceX – en tête d’affiche.
«La même édition, mais en plus grand», s’est félicité Maurice Lévy, président du conseil de surveillance de Publicis Groupe, fondateur de l’événement avec le groupe Les Echos-Le Parisien au sujet de la 7e édition de Viva Technology (VivaTech). Cet évènement est l’un des plus grands rendez-vous européens dédiés aux start-ups de la Tech du Vieux Continent. Il se tiendra du 14 au 17 juin prochain, et devra accueillir plus de 2.200 exposants, soit 10% de plus qu’en 2022 et s’étendre sur 20% de surface supplémentaire à Paris Expo Porte de Versailles.
Avec Marc Benioff, PDG et cofondateur du groupe informatique américain spécialiste des logiciels de relation clients Salesforce, également attendu à Paris, Elon Musk fera une visite du salon et s’exprimera à la tribune. Parmi les autres intervenants sont attendus le directeur technique d’Amazon Werner Vogels, la directrice générale d’Orange Christel Heydemann ainsi que les patrons de Paypal Dan Schulman ou encore de LVMH Bernard Arnault.
Des acteurs publics seront aussi présents, dont dix régions françaises, la banque publique BpiFrance et des organismes de recherche comme le CNRS et l’Inria. Tony Estanguet, patron du comité d’organisation des JO-2024 à Paris, doit également être présent. À l’international, 32 pays présenteront leur écosystème.
Viva Tech, quand les start-ups françaises font la connaissance avec leurs actionnaires
L’une des caractéristiques clé de la foire annuelle VivaTech est son espace dédié aux startups françaises et européennes qui cherchent à se faire connaître et à attirer l’attention des investisseurs. Pour que leur start-up se développe, la levée de fonds est parmi les étapes les plus cruciales pour les entrepreneurs. Elle se prépare d’abord par la rencontre avec les investisseurs, et par la suite la création de relations et de confiance auprès de ceux qui sont susceptibles de devenir actionnaires de l’entreprise.
L’année 2022 a été une année record en matière de levées de fonds pour certaines start-ups, à l’instar des 486 millions d’euros pour la néo-banque Qonto, 450 millions pour BackMarket, et 500 millions pour Doctolib.
«Licorne» – un statut difficile à tenir
Après les levées de fonds spectaculaires de 2020-2021, les start-ups françaises ont levé l’an passé un record de 13,5 milliards d’euros et engendré huit nouvelles «licornes», ces entreprises valorisées plus d’un milliard de dollars. Un critère sans rapport avec leur rentabilité ou leur chiffre d’affaires. Cependant, le premier trimestre 2023 affiche une dégringolade de 69%, d’après le cabinet Newfund. Un constat partagé par Paul-François Fournier, directeur de Bpifrance Innovation : «Pour les grosses levées de fond, nous voyons une baisse de 35% sur les quatre premiers mois de 2023 et les montants sont réduits d’une bonne moitié.»
Les fonds américains, qui ont largement contribué à la survalorisation des start-ups, sont globalement repartis aussi vite qu’ils étaient arrivés, refroidis par des faillites, ainsi que la guerre en Ukraine, la hausse de l’énergie et la hausse des taux. Parallèlement, après «douze mois de consolidation, des sociétés vont disparaître ou se refinancer sur des valorisations beaucoup moins élevées», renchérit Pierre-Eric Leibovici, cofondateur du fonds Daphni. «Les fonds sont devenus très exigeants sur la rentabilité».
Parmi les entreprises les plus surcotées, toutes citent les plateformes de commerce spécialisées et les néo-banques, dont les valorisations théoriques sont souvent jugées quatre ou cinq fois supérieures à la réalité. Certains citent Warren Buffet : «C’est à marée basse que l’on voit ceux qui n’ont pas de maillot de bain».
«Licorne, c’est un mot que je ne supporte plus», résume un investisseur.
L’exemple de Sigfox, un mauvais souvenir
Afin de comprendre cette dévalorisation du statut «licorne», le cas de Sigfox pourrait être un exemple parfait. Pour devenir une «licorne» française, Sigfox avait effectivement réussi à lever beaucoup d’argent, environ 280 millions d’euros en tout, selon l’Usine Digital, et ce, auprès d’un grand nombre d’investisseurs, dont des opérateurs télécoms (Telefonica, NTT, SK Telecom), des fonds, ou encore de Salesforce. La société de la région toulousaine avait également reçu des financements du programme d’investissement d’avenir en provenance de la BpiFrance. Le montant des 150 millions d’euros levés en 2016 représentait à l’époque le record de la French Tech et avait fait de la start-up un symbole tricolore.
Mais le retour sur ces investissements dans la jeune firme – détentrice d’un réseau «0G» à bas coût et basse consommation qui lui couvre 75 pays, 20 millions d’objets IoT et 1,4 milliard de personnes – était en réalité beaucoup plus mitigé que prévu : après des années de stagnation, le chiffre d’affaires de Sigfox en 2020 (24,2 millions d’euros) ne faisait pas le poids face à une dette colossale de plus de 100 millions d’euros.
Par la suite, Sigfox a été placée en redressement judiciaire en janvier 2022. En avril 2022, le tribunal de commerce de Toulouse a validé la reprise de Sigfox par la firme singapourienne Unabiz en interdisant la délocalisation, afin de sauver ses 126 emplois.
Sans être épaulée par des big tech, l’exemple de Sigfox illustre donc la difficulté d’une start-up française d’atteindre la taille critique pour entrer dans l’économie d’échelle, au lieu de rester au niveau des fournisseurs de solutions de recherche et développement ou d’innovation. De quoi poser la question : Peut-on réindustrialiser la France en subventionnant massivement les start-ups, et ce, sans confier leur sort aux mains des big tech chinoises ou américaines ? Aussi, VivaTech est-elle le rendez-vous annuel entre des jeunes firmes innovantes françaises et leurs futurs véritables patrons étrangers ?
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