Dans sa lettre annuelle aux actionnaires, Warren Buffett s’est penché sur les succès de Berkshire Hathaway au cours de l’année écoulée tout en offrant à l’administration Trump quelques conseils sur la gestion responsable de l’économie américaine.
« Merci, Oncle Sam. Un jour, vos nièces et neveux de Berkshire espèrent vous envoyer des paiements encore plus importants que ceux que nous avons effectués en 2024. Dépensez-les à bon escient », a écrit M. Buffett dans sa lettre du 22 février.
Il a souligné que les contributions fiscales de Berkshire Hathaway témoignaient de sa croissance, mettant en contraste les paiements d’impôt sur le revenu nuls avant sa prise de contrôle en 1965 et le montant record de 26,8 milliards de dollars qu’elle a versé à l’Internal Revenue Service (IRS) l’année dernière. Cette somme, a-t-il fait remarquer, est supérieure à ce que toute entreprise américaine – y compris les géants de la technologie – a jamais versé au titre de l’impôt sur le revenu des sociétés.
« Pour être précis, Berkshire a effectué l’année dernière quatre paiements au fisc pour un montant total de 26,8 milliards de dollars », écrit M. Buffett. « Cela représente environ 5 % de ce que toutes les entreprises américaines ont payé. En outre, nous avons payé des montants considérables au titre de l’impôt sur le revenu à des gouvernements étrangers et à 44 États. »
M. Buffett a attribué ce paiement d’impôt faramineux à la politique de longue date de Berkshire, qui consiste à réinvestir les bénéfices plutôt qu’à distribuer des dividendes. Depuis 1965, les actionnaires n’ont reçu qu’un seul dividende en espèces – 10 cents par action en 1967 -, ce qui a permis à la société de composer ses bénéfices et son revenu imposable sur six décennies. C’est pourquoi, selon M. Buffett, le total des impôts payés par Berkshire au Trésor américain dépasse aujourd’hui 101 milliards de dollars.
L’appel de M. Buffett à l’Oncle Sam pour qu’il « dépense sagement » intervient à un moment où l’administration Trump redouble d’efforts pour réduire les dépenses afin d’endiguer la dette publique croissante des États-Unis. Dans le cadre de cet effort, le président Donald Trump a créé le Département de l’efficacité gouvernementale (DOGE), chargé d’identifier les gaspillages, les fraudes et les abus dans les dépenses fédérales.
Elon Musk, qui dirige le DOGE, a prévenu que si la dette fédérale n’était pas réduite, les paiements d’intérêts à eux seuls deviendraient incontrôlables, menaçant l’avenir de Medicare et de la sécurité sociale.
« Soit nous résolvons le déficit, soit nous ne ferons que rembourser la dette », a déclaré M. Musk lors d’une récente interview accordée à Sean Hannity, de Fox News. « Il faut résoudre ce problème, sinon il n’y aura plus de soins médicaux, plus de sécurité sociale, plus rien. […] L’Amérique fera faillite si on ne le fait pas. »
Les experts avertissent depuis longtemps qu’une dette excessive et mal gérée, en particulier lorsqu’elle est alimentée par la création monétaire ou par des emprunts insoutenables, conduit à l’inflation, à la perte de confiance des investisseurs et à la dépréciation de la monnaie.
Le Bureau des comptes du gouvernement américain (GAO : Government Accountability Office) a récemment lancé un avertissement sévère : la trajectoire budgétaire à long terme du gouvernement fédéral est « insoutenable » et pose des risques « sérieux » pour la stabilité économique, la sécurité nationale et la cohésion sociale.
« Les dépenses annuelles en intérêts nets ont plus que triplé depuis l’exercice 2017, où elles s’élevaient à 263 milliards de dollars », écrit le GAO dans son rapport du 5 février. « Nous estimons que les dépenses en intérêts dépasseront les 1000 milliards de dollars pour l’exercice 2025. L’augmentation de la dette et des coûts d’intérêt pose de sérieux défis économiques, sécuritaires et sociaux aux États-Unis. »
Le message de M. Buffett à l’administration Trump ne portait pas seulement sur la discipline fiscale – il était également porteur d’un message de compassion pour les moins fortunés.
« Prenez soin des nombreuses personnes qui, sans que ce soit de leur faute, se retrouvent sur la paille dans la vie. Ils méritent mieux », a écrit M. Buffett.
« Et n’oubliez jamais que nous avons besoin de vous pour maintenir une monnaie stable et que ce résultat exige à la fois sagesse et vigilance de votre part. »
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