Les tensions restent vives entre Washington et Moscou après un incident aérien, les États-Unis accusant l’aviation russe d’avoir « intercepté et percuté » un drone américain Reaper au-dessus de la mer Noire et provoqué sa chute, ce que la Russie dément.
« Notre drone MQ-9 effectuait des opérations de routine dans l’espace aérien international quand il a été intercepté et percuté par un avion russe, entraînant le crash et la perte du MQ-9 », a déclaré le général James Hecker, commandant des forces aériennes américaines en Europe, confirmant des informations révélées plus tôt par l’AFP sur un incident impliquant un Reaper en mer Noire. Il a précisé qu’avant la collision de l’un des chasseurs russes Su-27 avec le drone endommageant l’hélice, ils avaient largué du carburant et survolé l’appareil à plusieurs reprises.
« Une escalade involontaire »
C’est la première fois depuis le début de l’invasion russe du territoire ukrainien le 24 février 2022 qu’un pays de l’Otan, soutien de l’Ukraine, reconnaît perdre un équipement opéré par lui-même dans cette région hautement inflammable. « Il s’agit d’un acte dangereux et non-professionnel de la part des Russes », a souligné le haut gradé, en ajoutant que « les drones des États-Unis et des alliés continueront à opérer dans l’espace aérien international », et appelant les Russes à « se comporter de manière professionnelle ». « Les actions agressives des équipages russes pourraient aboutir à des malentendus et une escalade involontaire », insiste l’armée américaine dans le même communiqué.
Un porte-parole de la Maison Blanche, John Kirby, a dénoncé un « acte irréfléchi » de la part des Russes, notant qu’il y avait déjà eu dans le passé des interceptions de drones américains par des avions russes, mais que cet incident était « unique » dans la mesure où il avait abouti à la perte du Reaper.
En guise de protestation, le département d’État américain a convoqué l’ambassadeur russe à Washington Anatoli Antonov, tandis que l’ambassadrice des États-Unis à Moscou Lynne Tracy a adressé un message au ministère russe des Affaires étrangères. « Nous sommes en contact directement avec les Russes, au niveau des hauts responsables, afin de leur transmettre notre forte objection face à cette interception », a déclaré à la presse le porte-parole de la diplomatie américaine, Ned Price.
« Le démenti de la Russie »
L’armée russe a cependant démenti avoir provoqué la chute de l’appareil, tout en reconnaissant que deux de ses chasseurs avaient intercepté mardi le drone américain. « À la suite d’une manœuvre brutale vers 9h30 heure de Moscou (6h30 GMT), le drone MQ-9 a commencé un vol non contrôlé avec une perte d’altitude et a heurté la surface de l’eau », a indiqué le ministère russe de la Défense, précisant que ses deux chasseurs n’avaient pas fait feu et n’avaient pas eu de « contact » avec le drone et « sont rentrés sans encombre à leur base ».
Le ministère russe dit aussi que le drone a été détecté « dans la zone de la péninsule de Crimée » et qu’il avançait « en direction » des frontières de la Fédération de Russie. « Nous réfutons le démenti de la Russie », a déclaré plus tard sur CNN M. Kirby, ajoutant que les États-Unis avaient « pris des mesures » pour récupérer leur appareil.
Le drone Reaper est un aéronef – 20 mètres d’envergure – piloté à distance équipé de capteurs embarqués pour la surveillance, ainsi que d’armement. Volant à une vitesse de croisière de 335 km/h, il bénéficie d’une autonomie de plus de 24 heures. Selon le porte-parole du Pentagone, le brigadier général Pat Ryder, le drone était « incapable de voler et incontrôlable donc nous l’avons fait descendre ». Il a indiqué qu’à ce stade, il n’y avait pas eu de contacts entre militaires russes et américains à ce sujet.
Interactions en mer Noire
Le ciel de la mer Noire est le théâtre de très régulières interactions entre des drones et des aéronefs des pays de l’Otan et les forces armées russes, en particulier depuis le début de la guerre en Ukraine. « Avec la crise actuelle, on a une augmentation du nombre de vecteurs de reconnaissance vers la Crimée, avec du Reaper, que l’on n’avait pas avant. Et en fonction de la situation, cela peut énerver les Russes. D’autant qu’il y a eu des activités de recueil (d’informations, ndlr) occidentaux qui participent au ciblage pour l’Ukraine », souligne un expert français sous couvert d’anonymat.
Les alliés occidentaux de l’Ukraine, qui livrent depuis le début du conflit des armements à Kiev pour l’aider à se défendre, ne sont pas directement impliqués sur le territoire ukrainien, de crainte d’une escalade avec la puissance nucléaire russe. Vladimir Poutine doit s’entretenir mercredi avec le dirigeant syrien Bachar al-Assad au Kremlin, selon un communiqué de la présidence russe, où seront notamment évoquées « les questions d’actualité concernant le développement de la coopération russo-syrienne dans les sphères politique, économique, commerciale et humanitaire ».
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