Les pays de la zone euro ont tous vu leurs activités industrielles en contraction ces derniers mois. La situation est encore plus inquiétante dans les deux plus grandes économies de la zone euro, à savoir l’Allemagne et la France, où la relance économique observée dans plusieurs secteurs — notamment celui des services — n’est pas encore une réalité pour l’industrie.
Les indices PMI des secteurs manufacturiers de la France et de l’Allemagne ont atteint en avril leur niveau le plus bas depuis le mois de mai 2020, d’après la mise à jour des données PMI publiée vendredi 5 mai dernier par le cabinet S&P Global et la Hambourg Commercial Bank (HCOB).
L’indice PMI mesure le niveau d’activités manufacturières en fonction de plusieurs variables, notamment les nouvelles commandes, l’emploi et la production. Une valeur d’indice PMI supérieure à 50 correspond à une expansion d’activités. Sinon, celle-ci renvoie à une contraction d’activités.
L’écart se creuse entre l’industrie et les services : la désindustrialisation française encore présente
En France, l’indice PMI pour le secteur industriel se réduit à 45,6, en repli par rapport au mois précédent (47,3). Selon Norman Liebke, économiste à la HCOB, cela « signale une forte chute de l’activité manufacturière française en avril, le taux de contraction ayant atteint son plus haut niveau depuis le début de la pandémie de Covid-19. Abstraction faite des creux observés au plus fort de la crise sanitaire, l’indice affiche en outre son plus faible niveau depuis dix ans. »
Pour l’expert de la HCOB, cette tendance observée grâce aux données collectées en avril s’explique principalement par « la faiblesse de demande clients ». En effet, le volume global de nouvelles commandes était en forte diminution par rapport à mars.
Pourtant, l’économie française dans sa globalité poursuit sa relance. D’après Norman Liebke, « le secteur privé français entame en effet le deuxième trimestre sur une note positive, le secteur des services — représentant environ 80 % de l’économie du pays — ayant enregistré en avril sa plus forte croissance depuis mai 2022 ».
L’indice PMI des services s’élève en effet à 56,6 pour atteindre le niveau le plus haut depuis 12 mois. Cela met en évidence une croissance économique nettement déséquilibrée, car elle est portée principalement par « une demande solide » dans le secteur des services français, malgré la contraction des activités manufacturières.
L’Allemagne, moteur de l’industrie européenne, est en panne
Si la part du secteur manufacturier dans le produit intérieur brut est de l’ordre de 16,8% pour la France, elle est d’environ 26,6% outre Rhin. De ce fait, une contraction des activités industrielles aurait une plus grande conséquence sur la croissance économique en Allemagne qu’en France. Or, les commandes passées à l’industrie allemande ont chuté beaucoup plus que prévu en mars, diminuant de 10,7% par rapport au mois précédent, a annoncé vendredi l’office fédéral des statistiques (Destatis).
« Après trois hausses consécutives, les nouvelles commandes [industrielles allemandes] se sont littéralement effondrées en mars, reprenant ainsi leur tendance à la baisse », a souligné l’économiste en chef de Commerzbank, Joerg Kraemer.
L’expert a notamment pointé du doigt les conditions défavorables de marché : « Les risques grandissants pour l’industrie allemande — qui est fortement orientée vers l’exportation — proviennent de la hausse des taux d’intérêt à l’échelle mondiale ». En effet, selon les derniers chiffres de Destatis, les commandes étrangères passées au secteur industriel allemand ont chuté de 13,3% en mars par rapport au mois précédent, tandis que les commandes domestiques ont, elles, chuté de 6,8%.
Cette tendance de récession industrielle se confirme également en avril compte tenu de la dernière évolution de l’indice PMI. Ce dernier a encore reculé par rapport à mars pour se situer au niveau le plus bas depuis 35 mois, tout comme le cas des indices PMI de la France, du Pays-Bas, de l’Irlande et de l’Autriche.
La contraction des activités manufacturières est un phénomène européen. La baisse en avril des indices PMI du secteur industriel des autres pays du Vieux Continent, à l’instar de l’Italie, du Portugal ou encore de la Grèce, est certes moins dramatique mais s’ajoute tout de même au paysage morose de l’industrie de la zone euro. L’économie de la zone euro reprend ainsi son chemin de croissance, laissant traîner derrière elle le secteur manufacturier.
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