Mark Zuckerberg se dit prêt « à aller au combat », voire à « poursuivre en justice » le gouvernement fédéral, pour éviter un démantèlement de Facebook prôné par un nombre croissant de responsables politiques aux Etats-Unis et même par un des cofondateurs du réseau social.
Ces propos ont été tenus par M. Zuckerberg lors d’une session de questions-réponses avec des employés en juillet, selon un enregistrement dévoilé mardi par le site spécialisé The Verge.
EXCLUSIVE: In leaked audio, Mark Zuckerberg rallies Facebook against critics, competitors, and @EWarrenhttps://t.co/SXEByFkOJx pic.twitter.com/6TGqS3RHXD
— The Verge (@verge) 1 octobre 2019
Sur son compte Facebook, M. Zuckerberg a confirmé la véracité de ces déclarations.
Même si la teneur de ses commentaires était censée « rester en interne », il s’agit, selon le patron de Facebook, d’une « version sans filtre » de ce qu’il pense et dit aux salariés sur une série de sujets allant de la responsabilité sociale du groupe à son projet de devise virtuelle Libra.
Mais la première question portait sur la menace d’un démantèlement suite à la multiplication des ennuis judiciaires du groupe et des attaques de responsables politiques comme la sénatrice démocrate Elizabeth Warren, qui brigue l’investiture démocrate pour la présidentielle de 2020.
M. Zuckerberg s’est montré très offensif devant ses salariés.
« Quelqu’un comme Elizabeth Warren pense que la solution est de démanteler les entreprises », a-t-il remarqué. « Si elle est élue présidente, je parie que nous aurons un combat judiciaire, et je parie que nous le gagnerons », a-t-il ajouté. « Je ne souhaite pas engager un procès majeur contre notre propre gouvernement », a souligné le dirigeant. « Mais au final, si quelqu’un essaie de menacer quelque chose d’existentiel, vous allez au combat et vous vous battez ».
L’élue a rapidement réagi sur Twitter en affirmant qu’elle n’avait « pas peur de demander des comptes aux géants de la tech comme Facebook, Google et Amazon ».
« Ce qui ‘craindrait’ vraiment », a écrit Mme Warren, en référence à des mots utilisés par le patron de Facebook, « serait de ne pas chercher à modifier un système corrompu qui laisse d’énormes sociétés comme Facebook utiliser les pratiques anticoncurrentielles illégales, fouler aux pieds le droit à la vie privée des consommateurs et se délester sans cesse de leur responsabilité de protéger notre démocratie. »
Les griefs à l’encontre des géants de la tech comme Facebook ou Google sont de plus en plus nombreux, de la protection des données personnelles à l’emprise sur le marché publicitaire. Ils font face à plusieurs enquêtes pour des pratiques anticoncurrentielles lancées par certains Etats américains et sont aussi dans le viseur des autorités européennes.
L’hypothèse du démantèlement du réseau social revient régulièrement sur le tapis.
Chris Hugues, l’un des co-fondateurs du groupe, avait ainsi appelé, en mai, Facebook à se scinder en trois, avec une première société composée du réseau social, son activité originelle, une deuxième entreprise chapeautant l’application Instagram et une troisième entité comprenant WhatsApp.
La priorité accordée par M. Zuckerberg à la croissance l’a, regrettait alors M. Hugues, « amené à négliger la sécurité et la civilité pour la course aux clics ».
Reçu fin septembre par Donald Trump à la Maison Blanche à Washington, où il a également rencontré des élus au Congrès américain, M. Zuckerberg avait encore rejeté l’idée de vendre Instagram et WhatsApp afin de répondre aux préoccupations sur le poids de son réseau social, selon le sénateur Josh Hawley.
Démanteler les mastodontes de la tech ne diminuera pas par exemple le risque d’interférences dans les élections, avait souligné en juillet M. Zuckerberg. Au contraire, « car les entreprises ne peuvent plus se coordonner et travailler ensemble ».
Cela ne réduira pas non plus les problèmes d’attaques haineuses car toutes les procédures mises en place seront « plus fragmentées », avait-il encore argumenté.
Twitter par exemple fait face aux mêmes types de problèmes que Facebook mais n’a pas l’argent suffisant pour y remédier rapidement, a-t-il estimé. « Notre investissement dans la sécurité est plus important que leur chiffre d’affaires. »
« Je m’inquiète de la direction des discussions », a finalement lâché le responsable. Mais « je comprends que si nous n’aidons pas à résoudre ces problèmes et à mettre en place un cadre réglementaire dans lequel les gens ont l’impression que la responsabilité est réelle et que le gouvernement peut réglementer notre secteur, alors oui, la colère des gens ne va faire que s’intensifier. »
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