Surprise de taille, l’ancien Premier ministre Alain Juppé est en passe de succéder à Lionel Jospin au Conseil constitutionnel, où il rejoindra les sénateurs Jacques Mézard et François Pillet.
Le nom de M. Juppé, qui a dans la foulée fait part de sa « profonde émotion » de quitter ses fonctions de maire de Bordeaux, a été proposé mercredi par le président de l’Assemblée nationale, Richard Ferrand.
« C’est une très bonne nouvelle pour la République », a réagi le Premier ministre Édouard Philippe en saluant la « densité » et la « hauteur de vue » de celui qui a été son « mentor » en politique.
La surprise est d’autant plus grande que, depuis plusieurs semaines, c’est le Premier président de la Cour des comptes, Didier Migaud, qui semblait tenir la corde pour devenir « sage » au sein de la juridiction suprême.
Alain Juppé démissionne de la mairie pour le conseil constitutionnel après avoir promis aux électeurs en 2014 de rester maire jusqu’au https://t.co/HC5pY37f6X présenter aux élections et ne pas aller jusqu’au bout du mandat est une magouille dans laquelle je n’entrerai jamais
— Hemedinger Yves (@YvesHemedinger) February 14, 2019
Ancien Premier ministre de Jacques Chirac (1995-1997), fondateur de l’UMP, Alain Juppé, 73 ans, avait connu un sévère échec lors de la primaire de la droite de 2016 pour l’élection présidentielle, en s’inclinant face à François Fillon.
Depuis l’élection d’Emmanuel Macron, il s’est montré bienveillant, voire laudateur, à l’endroit du président de la République, en étant l’un des artisans d’une liste de rassemblement pro-Europe pour les élections européennes de mai, au-delà de la seule République en marche.
Le Conseil Constitutionnel a besoin de femmes et d’hommes qui ont le sens de l’Etat. La nomination d’Alain Juppé est une très bonne nouvelle pour la République. #LaGrandeExplication pic.twitter.com/qLLzd7wjFU
— Edouard Philippe (@EPhilippePM) February 13, 2019
Autrefois réputé sévère et austère, l’ancien patron du RPR a cultivé au fur et à mesure des années une image de grand modéré, à l’opposé de la ligne incarnée par Laurent Wauquiez chez Les Républicains, parti que M. Juppé a fini par quitter il y a quelques semaines.
Mercredi, Richard Ferrand – qui appartenait au PS avant de rejoindre En Marche ! en 2016 – a loué « un homme d’État ». Désormais promu « sage », M. Juppé sera astreint à un strict devoir de réserve.
J'ai proposé la nomination de M. Alain Juppé au Conseil constitutionnel.
Homme d’État fort d’une expérience de la décision publique, il saura garantir, avec une vraie exigence républicaine, le respect des principes et des règles fondamentales de la Constitution de la République. pic.twitter.com/h2F2XPN8Ax— Richard Ferrand (@RichardFerrand) February 13, 2019
Avec cette nomination, la Macronie envoie un signe évident à la droite modérée. Mais elle empêche également à M. Juppé d’apporter un clair soutien au président en vue des Européennes.
La majorité a d’ailleurs salué sans tarder la nomination – « une très bonne nouvelle » pour la garde des Sceaux, Nicole Belloubet -, alors que la droite s’est voulue loyale : « Je le félicite pour sa nomination au Conseil et lui dit mon respect, malgré mon profond désaccord sur son soutien au pouvoir macronien », a tweeté le député LR Éric Ciotti.
Comme par hasard, juste après avoir annoncé son soutien à #Macron pour les européennes #Juppé est nommé au Conseil Constitutionnel par l'exemplaire #Ferrand. Petits arrangements entre amis. https://t.co/tzh0rNNTrT
— François Couilbault (@FCOUILBAULT1) February 13, 2019
L’entrée de l’ancien Premier ministre au Palais-Royal ouvre une séquence d’incertitude à la mairie de Bordeaux, que M. Juppé avait conquise en 1995.
« J’ai décidé, il y a plusieurs mois, de ne pas me représenter à l’élection municipale de mars 2020. Je comptais annoncer cette décision au lendemain des élections européennes fin mai prochain. Ma nomination bouleversera ce calendrier », a indiqué dans un communiqué M. Juppé, alors que sa première adjointe, Virginie Calmels, n’a jamais caché ses ambitions de succession.
#Juppé nommé au #ConseilConstitutionnel. Dans la République des copains, tout est bien qui finit toujours bien…
— Emmanuelle Ménard (@menard2017) February 13, 2019
Avant Alain Juppé, deux ex-Premiers ministres ont été nommés membres de cette « cour suprême » qui veille à la conformité des lois avec la Constitution : Lionel Jospin (qui y siège depuis 2015) et Laurent Fabius, qui en est le président depuis 2016 et dont la mandat court jusqu’en 2025.
Un autre ancien Premier ministre, Jacques Chirac, en est également membre, mais en tant qu’ancien président de la République.
D. S avec AFP
Cet article vous a intéressé ? Partagez-le avec vos amis et laissez-nous vos commentaires
VIDÉO RECOMMANDÉE :
« École de la confiance » : l’Assemblée prévoit des drapeaux français et européen dans les classes
Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?
Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.