Abaya, bac, «choc des savoirs»… Les points clés de la conférence de presse de rentrée de Gabriel Attal

Par Etienne Fauchaire
29 août 2023 10:26 Mis à jour: 29 août 2023 10:26

Ce lundi 28 août, en amont de la rentrée scolaire programmée cette année le 4 septembre, Gabriel Attal tenait à l’hôtel de Rochechouart sa première conférence de presse de rentrée en sa nouvelle qualité de ministre de l’Éducation nationale. Une demi-heure de discours durant lequel l’homme politique a égrené les grands chantiers qui attendent son ministère. Sans égratigner son controversé prédécesseur Pap Ndiaye, le trentenaire semble vouloir, du moins symboliquement, engager un tournant différent. « Mes priorités sont claires : élever le niveau, faire respecter les droits et les devoirs, bâtir une école qui émancipe et qui élève », a lancé le nouveau locataire de la rue de Grenelle.

« Choc des savoirs »

Gabriel Attal le reconnait : le niveau scolaire des écoliers français poursuit son déclin. « En un quart de siècle, entre 1995 et 2018, les évaluations internationales montrent que les élèves français ont perdu l’équivalent d’un an en termes de niveau. Autrement dit, un élève de Quatrième en 2018 avait le niveau d’un élève de Cinquième de 1995. En Sixième, près d’un élève sur trois ne dispose pas du niveau nécessaire en français ou en mathématiques ». C’est pourquoi le nouveau ministre de l’Éducation nationale veut déployer un « choc des savoirs », qui se déclinera à chaque niveau de la scolarité, afin « d’élever le niveau » global des élèves.

Pour ce faire, le ministre souhaite que le dédoublement des classes de grande section de maternelle en éducation prioritaire soit « poursuivi et achevé à la rentrée 2024 ». En primaire, la priorité sera donnée au français « à travers la lecture et une pratique considérablement renforcée de l’écriture », avec pour objectif une maitrise de ces deux compétences fondamentales avant l’entrée au collège. Une vérification des acquis se fera par de nouvelles évaluations nationales en CM1, en plus de celles qui existent déjà en CP et en CE1.

S’agissant du collège, cette rentrée 2023 signe le lancement de la « nouvelle Sixième », qui prévoit la création de l’heure de soutien ou d’approfondissement en français et en mathématiques « sur la base de l’évaluation du début d’année ». Par ailleurs, le dispositif « devoirs faits » sera généralisé.

En Quatrième, de nouvelles évaluations seront créées sous forme de tests numériques pour s’assurer du bon niveau de français et de mathématiques des étudiants. Enfin, au lycée, les mathématiques feront leur retour, pour tous, en Première. Concernant le bac, les cinq minutes du grand Oral consacrées au projet d’orientation seront supprimées et les épreuves de spécialité seront décalées de mars à juin, dès 2024.

Baccalauréat

Gabriel Attal l’avait déjà annoncé dimanche soir au JT de TF1, puis réitéré lors de sa conférence de presse : les épreuves de spécialité du bac se dérouleront donc en juin et non plus en mars. « Je l’ai décidé d’abord pour les élèves, pour que leur année de Terminale soit plus sereine », a-t-il déclaré. Une nouvelle peu surprenante : Emmanuel Macron, dans son interview au Point le 23 août, avait évoqué un repositionnement de ces épreuves. « On ne peut pas avoir des épreuves si tôt dans l’année », avait-il martelé, annonçant des « ajustements » à venir « dans les prochains jours ».

La programmation de ces épreuves en mars, prévue de longue date mais finalement seulement actée pendant l’année scolaire 2022-2023 en raison de la crise du Covid-19, avait suscité un grand mécontentement, de nombreux acteurs de terrain ayant constaté un relâchement et un absentéisme important des élèves une fois ces épreuves terminées. Aussi, l’annonce de Gabriel Attal a été, sans surprise, reçue positivement par les organisations syndicales.

Laïcité et autorité

Sur le thème de la laïcité à l’école, le ministre a répété que « l’abaya n’a pas sa place dans nos écoles », après l’avoir annoncé au JT de TF1 dimanche soir. « Notre école est testée. […] Nous allons faire bloc », a-t-il prévenu. L’homme politique s’est engagé à former « aux enjeux de laïcité » l’ensemble des 14.000 personnels de direction avant la fin de l’année et plus globalement 300.000 personnels par an jusqu’en 2025.

Cette interdiction des abayas, longues robes islamiques, intervient quelques jours après la publication des conclusions d’une note des services de l’État révélant une explosion des atteintes à la laïcité à l’école. Largement relayé dans la presse, ce document recensait 4710 signalements lors de l’année scolaire 2022-2023, contre 2167 en 2021-2022.

Une mesure qui déplait à gauche et plait à droite, à l’instar du discours du ministre sur l’autorité : « J’assume de dire que la relation entre un professeur et son élève n’est pas une relation d’égale à égale, car, dans cette relation, il y a celui qui sait, et qui a donc la légitimité et l’autorité, et celui qui apprend. Dans l’école, celui qui apprend doit respecter l’autorité de celui qui sait. […] Cette autorité est un préalable à toute transmission. L’autorité de l’école ne s’applique pas uniquement aux élèves : elle doit aussi être respectée par les familles ».

Harcèlement

En juin, après le suicide d’une collégienne de 13 ans, Lindsay, la Première ministre Élisabeth Borne avait décrété que la lutte contre le harcèlement scolaire serait la « priorité absolue de la rentrée 2023 ». Elle « sera la grande cause de l’année scolaire 2023 – 2024 », a déclaré, dans cette continuité, Gabriel Attal, assurant qu’il avait « sonné dès [son] arrivée la mobilisation générale ».

Au mois d’août, Pap Ndiaye avait signé un décret permettant de faire en sorte qu’un élève harceleur puisse, en dernier recours, être transféré dans un autre établissement – jusqu’ici, c’était le plus souvent l’élève harcelé qui s’éloignait. Outre la bonne application de cette mesure, le trentenaire veut lancer des plateformes d’écoute et de signalement, des formations à destination du personnel éducatif et l’organisation de réunions avec l’ensemble des plateformes internet « pour accroître la pression en matière de prévention du harcèlement » : « Les réseaux sociaux sont parfois devenus des zones de non-droits où nos enfants sont en insécurité. »

Revalorisation

Le ministre a rappelé qu’en cette rentrée, « tous les professeurs de ce pays toucheront entre 125 et 250 euros nets en plus par mois de manière inconditionnelle » : « Il n’y aura plus un seul professeur titulaire qui touchera moins de 2100 euros net par mois […] Je rappelle qu’il y a deux ans nous étions un peu au-dessus de 1700 euros net par mois. C’est la plus grosse hausse de salaire de nos professeurs depuis des décennies. »

Outre cette partie « socle » se met en place le « pacte » enseignant, un dispositif qui prévoit des hausses de rémunération en contrepartie de l’exercice de « missions complémentaires ». Parmi elles : le remplacement d’enseignants absents dans le secondaire, la participation au dispositif « devoirs faits », la contribution à l’heure hebdomadaire de soutien en français et mathématiques pour des élèves de Sixième…

Si ce « pacte » suscite un fort rejet chez les organisations syndicales, qui jugent qu’il s’agit d’un « retour au travailler plus pour gagner plus », pour Gabriel Attal, l’objectif est « d’unir nos efforts pour la réussite des élèves : le pacte n’est pas une mesure de revalorisation salariale. Le pacte, c’est une rémunération supplémentaire et une reconnaissance de la mobilisation générale des professeurs pour nos élèves ».

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