Deux corps ensanglantés, sans vie, gisent sur le gazon. Après un brief rapide dans un bâtiment attenant, treize jeunes techniciens enfilent une combinaison blanche, des lunettes, un masque et des gants. Prêts à gérer leur première scène de crime.
Ils sont étudiants, et passent leur examen pour obtenir un diplôme universitaire en « science forensique », terme désignant l’ensemble des techniques de recherche et d’exploitation des indices pour résoudre des crimes.
Pour valider leur deuxième année à la « CY Forensic School » de Neuville-sur-Oise, au nord-ouest de Paris, les élèves, inscrits aussi en licence de biologie, doivent œuvrer sans faire d’erreur de procédure.
L’absence de ce type de formation en France
Les initiateurs de ce cursus créé il y a deux ans sont partis d’un constat : l’absence de ce type de formation en France.
« Ce n’était qu’après (les études supérieures, ndlr) qu’il y avait un recrutement et une formation interne à la police nationale ou à la gendarmerie nationale pour acculturer ces nouveaux spécialistes à l’ensemble de la science forensique », explique à l’AFP le directeur de l’école, le général de gendarmerie François Daoust, venu observer la mise en pratique.

Le groupe de treize étudiants est scindé en deux. À chacun un cadavre. Une jeune fille circule avec un sac poubelle, une autre appose des post-it orange sur les indices, une troisième prend des photos. L’étudiant désigné pour être secrétaire s’installe sous un barnum pour distribuer le matériel et placer les indices sous scellés afin que rien ne soit « pollué ». Les étudiants « sont toujours emballés. Ils touchent du doigt la réalité », sourit Bruno Dolou, major de gendarmerie à la retraite, qui les encadre avec un collègue.
« 600 demandes pour 20 places »
Sur les deux promotions ouvertes, « plus de 600 demandes pour 20 places » ont été présentées sur Parcoursup – la plateforme française gérant les vœux pour les études supérieures, selon François Daoust. Un engouement que le directeur explique notamment par le succès des programmes d’enquêtes criminelles.
« Nos jeunes sont biberonnés aux séries télévisées, Les Experts, NCIS… Et pour eux, c’est magique ! »
Dans sa tenue blanche, Solène Lecarreaux, 19 ans, raconte avoir grandi en regardant des séries policières et écoute maintenant « beaucoup de podcasts » tout en suivant les affaires criminelles sur les réseaux sociaux.
Sa formation lui permet d’analyser ces affaires : « Dès qu’on a des informations, on regarde, on épluche ce qui est dit, puis on essaie de chercher » des éléments de preuve, explique la jeune femme, photographe sur cette scène de crime grandeur nature.

« Images préconçues »
Mais ce qui se passe à la télé ne reflète pas la réalité du métier. Les étudiants ont « beaucoup d’images préconçues sur le rôle de la police scientifique », reconnaît Cédric Picot, enseignant-expert. « Une des premières choses que nous faisons au sein du DU science forensique, c’est de rétablir un peu la vérité. »
« Dans les séries, les films, les inspecteurs arrivent et sont en costume cravate, alors que normalement on est censé être comme ça », abonde Mélanie Fraysse, 19 ans, en désignant son équipement. Yves Thomas, 19 ans, aimerait devenir « technicien d’investigation criminelle ». « C’est globalement le même métier que celui qu’on vient de réaliser ce matin », explique le jeune homme, ravi à l’idée de prélever « toutes les traces que l’on voit », faire « ses propres expertises dans son laboratoire ».

Le cursus ouvert aussi aux professionnels
Le cursus est également ouvert aux professionnels. Deux élèves sont issus de laboratoires privés, venus pour « engranger des connaissances » transversales, explique le général Daoust. Parcourant une bouteille de bière avec une lumière blanche, une étudiante aperçoit ce qui pourrait être une empreinte digitale. Elle y dépose une fine poudre noire avec un pinceau.
« Ils vont la prendre en photo avec un test centimétrique et à l’issue, cette photo devient un fichier numérique » qui sera étudié et comparé pour essayer d’identifier à qui l’empreinte appartient, détaille Bruno Dolou.
« Stand-By ! » Les étudiants se rassemblent autour de leur encadrant, inquiets. « Vous n’avez pas vu les projectiles dans le rocher. Quand il y a tir d’arme à feu, il y a probablement des projectiles autour », déclare l’ancien gendarme en désignant des balles encastrées dans la paroi.
Les étudiants se remettent au travail, un peu déçus mais déterminés à mener à bien la mission. « Si je devais recruter dans ma cellule d’identification criminelle, je pourrais les embaucher », s’enthousiasme Bruno Dolou. « Mais ils ont encore beaucoup à apprendre. »
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