La mort d’une future étudiante de 18 ans a mis sous les projecteurs un problème chronique de la société chinoise – l’escroquerie.
Xu Yuyu venait d’une famille pauvre dans la province côtière du Shandong. Sa mère est handicapée et son père travaille comme maçon-cimentier. Selon le site d’information chinois Shandong 24 Hours, en septembre elle devait devenir étudiante à l’Université des Postes et Télécommunications de Nanjing.
L’après-midi du 19 août dernier, Xu a reçu un appel d’une personne non identifiée qui prétendait être du Bureau d’éducation et qui lui offrait 2 260 yuans (environ 300 euros) en tant qu’aide financière. Xu, qui avait reçu un coup de téléphone du Bureau d’éducation quelques jours auparavant, ne soupçonnait pas que cet appel pouvait être une escroquerie.
Après que Xu ait suivi les instructions de l’appelant et qu’elle ait transféré 9 900 yuans (environ 1 340 euros) vers son compte, la communication s’est interrompue.
Plus tard dans la soirée, Xu et sa mère sont allées à la police. Sur leur chemin de retour, Xu s’est effondrée sur le tricycle qu’elle conduisait avec sa mère. Elle est décédée deux jours plus tard à l’hôpital.
Selon Li Zhiyun, la mère de Xu, avant de mourir sa fille a crié : « Notre famille est déjà pauvre, comment peut-il y avoir des gens qui veulent m’escroquer ! » Les médecins disent que Xu est décédée parce que son cœur et ses poumons ont brusquement arrêté de fonctionner. Cependant, Li Zhiyun croit que sa fille est morte parce qu’elle était trop dure avec elle-même. Xu était en bonne santé avant son décès.
Cette tragédie est le reflet d’un problème social bien répandu en Chine. Les informations personnelles peuvent être facilement vendues, en particulier à cause du fait que, jusque récemment, on ne risquait pas grand chose si on était attrapé pour ce délit. Ce n’est qu’en novembre 2015 que les réglementations pénales concernant la divulgation illégale de données personnelles ont été introduites en Chine. Elles prévoient une peine maximale de sept ans de prison en plus d’une amende.
Selon l’agence officielle Xinhua, en 2013, les opérations répressives des autorités chinoises ont permis d’identifier plus de 1 100 suspects qui obtenaient illégalement et vendaient des données personnelles dans plus de 21 provinces et villes de la Chine. En juin dernier, les médias officiels ont rapporté une autre opération répressive menée dans différentes provinces ; 379 personnes issues de 11 provinces ont été arrêtées pour avoir volé et vendu plus de 110 millions de données personnelles.
Des reportages parlant des personnes qui ont été arnaquées ou tout simplement harcelées par les télévendeurs, même après les répressions officielles, montrent à quel point la divulgation des données personnelles est facile en Chine.
« Parfois je reçois environ 7 ou 8 appels téléphoniques par jour. Une fois, j’ai reçu 10 appels en un week-end et tous étaient des appels des entreprises de décoration d’intérieur », s’est plaint M. Wang qui souligne que ces appels sont devenus une nuisance quotidienne depuis trois ans, après qu’il ait acheté une maison dans la région autonome du Xinjiang au nord-ouest de la Chine. Ces faits ont été rapportés en juillet dernier par le portail d’information chinois Tencent.
Wang n’a jamais su comment ces entreprises de décoration avaient obtenu son numéro, mais une enquête menée par Tencent a révélé que certaines sociétés immobilières vendaient les données sur leur clientèle pour un prix entre 5 et 10 yuans (entre 0,70 et 1,40 euros).
En janvier 2015, Zhou Li (pseudonyme), qui était enceinte, a confié au journal officiel Peninsula Morning Daily qu’à l’approche de la date prévue pour son accouchement, elle avait été bombardée d’appels des centres de soins postnatals et des producteurs de lait en poudre. Lorsque Zhou leur a demandé comment ils avaient acquis ses informations personnelles, y compris le nom de son mari et la date d’accouchement, ils ont refusé de répondre.
Sur le site populaire Sina Weibo, l’équivalent chinois de Twitter, un très grand nombre d’internautes ont été indigné par ce décès. Certains ont décidé de partager leurs expériences d’avoir été également arnaqués. Un internaute du Tibet a écrit : « J’ai un ami qui a été escroqué 4 000 yuans, et il y a déjà trois mois depuis qu’il l’a rapporté à la police. Mais la réponse de la police a toujours été “patientez, patientez et patientez encore un peu plus”. »
Plusieurs internautes accusent les autorités chinoises. Un internaute de la province du Gansu dans le centre-nord de la Chine a écrit : « C’est le résultat de l’inaction du gouvernement. »
Un autre internaute de la province côtière du Shandong a commenté : « Oncle Wang devrait envoyer quelqu’un enquêter dans le ministère de l’Industrie et des Technologie de l’information. La fraude est tellement répandue aujourd’hui. Que font donc ces fonctionnaires ? » L’internaute faisait allusion à Wang Qishan, patron de l’organe de la lutte anti-corruption en Chine.
La mère de Xu espère que la police pourra bientôt résoudre cette affaire. « Cet escroc a pris la vie de ma fille », a-t-elle déclaré. « Il n’a aucune moralité et il devrait être arrêté rapidement pour ne plus pouvoir faire de mal à personne. »
Version anglaise : Chinese Teen Dies of Heart Attack After Con Artist Steals Her Family’s Savings
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