Récemment, le Wall Street Journal a publié un article sur la façon dont Instagram affectait la santé mentale des adolescents. Les filles, notamment, passant du temps sur ce site souffrent d’une mauvaise image corporelle et présenteraient un risque accru de dépression et de troubles de l’alimentation, selon certaines études internes du groupe Meta Platforms, Inc. (anciennement Facebook, Inc. qui possède également Instagram).
Mais l’utilisation des médias sociaux est-elle l’unique responsable de la dégradation de la santé mentale des adolescents ? Si certaines études le suggèrent, d’autres brossent un tableau plus nuancé. Bien que l’utilisation des médias sociaux puisse altérer le bien-être des jeunes du fait de la cyberintimidation ou de l’isolement social, d’autres facteurs liés au temps passé devant les écrans y contribuent également. Jusque-là les conclusions reposaient généralement sur des statistiques récoltées de manière ponctuelle et liées aux réseaux sociaux, il était donc difficile de prouver que le temps d’écran prolongé pouvait, lui aussi, nuire à la santé mentale.
Aujourd’hui, les résultats d’une étude internationale viennent enrichir le débat et de nouvelles suggestions émergent concernant l’utilisation des écrans. L’étude en question repose sur des statistiques récoltées auprès de 577 000 adolescents à travers 42 pays occidentaux. Les résultats signalent qu’il ne faut pas s’inquiéter du temps passé devant un écran à petite dose. Par contre, le temps prolongé peut atteindre un certain degré de nocivité. Faire de l’exercice protégera les adolescents, quel que soit le temps qu’ils passent devant l’écran.
Pour l’étude, les chercheurs ont utilisé des données collectées lors d’enquêtes à grande échelle réitérées à quatre ans d’intervalle (en 2006, 2010 et 2014). Les adolescents âgés de 11 à 15 ans ont fait part du temps qu’ils passaient sur des écrans, à regarder la télévision ou des vidéos, à jouer, consulter les médias sociaux, discuter, envoyer des courriels ou à surfer sur le net. Ils ont également indiqué combien de jours par semaine ils faisaient de l’exercice, quel était leur degré de satisfaction dans la vie. Ils ont soumis la fréquence à laquelle ils se sentaient déprimés, irritables, en colère, nerveux et la fréquence à laquelle ils avaient des difficultés à s’endormir, des vertiges, des maux de tête, des maux d’estomac et des maux de dos (les symptômes physiques associés à une mauvaise santé mentale).
Finalement, les analyses ont conclu que les filles passant moins d’une heure devant un écran et les garçons passant moins de 90 minutes ne subissaient aucun effet négatif. En revanche, lorsque le temps passé devant l’écran était plus élevé, leur sensation d’être épanouis diminuait de manière significative : leur satisfaction de vivre chutait proportionnellement au temps passé devant l’écran. Si le temps passé devant un écran dépassait 105 minutes par jour pour les garçons ou 75 minutes par jour pour les filles, leur santé mentale se dégradait également.
Selon l’auteur principal, Asaduzzaman Khan, de l’université du Queensland, en Australie, ces résultats vont dans le sens des conclusions publiées précédemment par la Société américaine de pédiatrie, qui suggèrent que les adolescents ne devraient pas passer plus de deux heures par jour devant un écran.
« Si le temps passé devant un écran dépasse environ deux heures par jour, il y a un effet néfaste sur la santé mentale », déclare-t-il.
D’un autre côté, ajoute-t-il, son étude a également révélé que les adolescents faisant régulièrement de l’exercice étaient plus épanouis, se plaignant plus rarement de problèmes physiques, quel que soit leur sexe. Les effets bénéfiques du sport sont tangibles quel que soit le temps passé par les adolescents devant l’écran. Faire plus d’exercice peut donc annuler les dommages qu’entraînent six ou huit heures d’écran sur le bien-être des adolescents.
Selon M. Khan, il faut adopter une approche en deux points.
« Si nous voulons améliorer la santé mentale des enfants, nous devons cibler les deux comportements – minimiser le temps passé devant un écran et maximiser l’activité physique », explique-t-il. « Si nous ne ciblons qu’un seul comportement, ça risque de ne pas marcher. »
Selon l’étude, le taux d’épanouissement optimal des garçons a été enregistré auprès de ceux qui passaient une à deux heures par jour devant l’écran et pratiquaient des activités physiques quotidiennes. Pour les filles, celles qui font de l’exercice tous les jours et consacrent moins d’une heure par jour à leur écran présentent les meilleurs résultats.
Mais M. Khan avertit les parents et les autres personnes concernées de ne pas s’inquiéter outre mesure de ses résultats… pour l’instant. L’étude comporte des limites, notamment une marge d’incertitude quant aux effets des différents types d’activités numériques sur le bien-être mental. Par exemple, les médias sociaux et les jeux vidéo ont probablement un impact très différent sur le bien-être des adolescents. Les filles et les garçons réagissent sûrement autrement face à différents types de divertissements en ligne. Certaines de ses recherches les plus récentes (qui n’ont pas encore été publiées) soutiennent cette idée, dit-il, même s’il est clair qu’il reste encore beaucoup à faire avant de pouvoir en connaître toutes les nuances.
Il n’en reste pas moins que les parents doivent encourager leurs adolescents à passer moins de temps devant l’écran et à faire plus d’exercice, s’ils le peuvent. Il suggère aux parents d’envisager d’utiliser des outils en ligne qui peuvent alerter les adolescents (ou quiconque) lorsqu’ils ont atteint une limite raisonnable de temps d’écran, par exemple après avoir regardé une heure de vidéos sur YouTube. Il est également judicieux, selon lui, d’organiser des journées sans aucun écran, une sorte de « détox numérique ».
Bien qu’il soit logique de promouvoir cette idée auprès des jeunes, en pratique, ce n’est pas si simple à concrétiser, surtout aujourd’hui, alors que le Covid-19 les oblige à être connectés plus que jamais. M. Khan note également qu’il est difficile d’imposer des restrictions aux enfants si les parents ne donnent pas eux-mêmes l’exemple.
« Si je regarde Netflix pendant cinq heures, il est absurde de supposer que mon adolescent va aller dehors et faire du sport », dit-il. « Les parents et les enfants doivent travailler ensemble sur ce sujet et trouver comment remplacer une partie de leur temps d’écran par du ‘temps vert’. »
Selon lui, les écoles peuvent également contribuer à améliorer le bien-être des adolescents. Trop souvent, les écoles s’appuient sur les outils numériques pour enseigner ou communiquer avec les élèves, tout en n’offrant pas suffisamment d’accès à des activités physiques en plein air. Les programmes qui encouragent à faire plus d’exercice, comme l’organisation de trajets à vélo pour se rendre à l’école, pourraient être un plus.
En attendant, le chercheur et ses collègues espèrent publier leur prochaine étude, qui pourrait permettre de formuler des recommandations plus précises sur le temps d’écran, aidant ainsi les pédiatres et les parents à faire des choix judicieux pour le bien-être des enfants.
« Nous sommes très proches du moment où nous pourrons formuler des conseils plus précis qui tiendront compte non seulement de l’impact du temps global passé sur les écrans, mais aussi de la façon dont les différents types activités numériques affectent la santé mentale », explique-t-il. « Cela aidera les praticiens, les parents et les enfants à comprendre quelles sont les limites à fixer. »
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