Au lendemain de l’intervention controversée d’Alexandre Benalla au journal de 20H00 de TF1, les composantes de la majorité ont dénoncé samedi à l’unisson une « instrumentalisation politique » de l’affaire par l’opposition, invitant à « passer à autre chose ».
« Il y a eu une instrumentalisation politique. Ceux qui exerçaient le monopole du pouvoir depuis des décennies essayent de déstabiliser le nouveau président », avance ainsi le président du MoDem, François Bayrou, dans une interview au Monde où il récuse toute « affaire d’État » et fustige « l’ère du soupçon universel ».
Dans sa défense d’Emmanuel Macron, l’ancien ministre de la Justice glisse cependant quelques coups de griffe, trouvant « inutilement western » la formule présidentielle « qu’ils viennent me chercher » ou « l’organisation de la majorité présidentielle pas encore aboutie » entre LREM et MoDem. Et il appelle à reprendre sur « des bases nouvelles » la réforme institutionnelle.
Dans les acteurs de la riposte, le président du groupe LREM à l’Assemblée nationale, Richard Ferrand, a tweeté que « celles et ceux qui ont cru surfer sur ‘une tempête dans un verre d’eau’ ont échoué. Sur le terrain, tout le monde a compris la lamentable tentative de récupération politique de la faute professionnelle d’un homme ».
Et de relayer, comme d’autres, un sondage favorable à l’exécutif. Selon ce sondage Harris Interactive réalisé de mardi à jeudi et publié samedi, la cote de confiance d’Emmanuel Macron et d’Édouard Philippe progresse légèrement (+2) en juillet, après deux mois de forte baisse.
Même son de cloche chez Gabriel Attal, porte-parole de LREM, pour qui les oppositions se sont « abîmées dans cette séquence ».
« L’instrumentalisation politique et le blocage du processus législatif leur coûtera en termes d’image. Pendant toute cette séquence, le monde ne s’est pas arrêté de tourner, seuls les députés de l’opposition ont décidé de faire grève », a déclaré au Point ce député des Hauts-de-Seine.
« Il n’y a pas ce scandale d’État que les oppositions appelaient de leurs vœux, alors ils essayent autrement de continuer cette mascarade politique », a abondé sur BFMTV une autre porte-parole de LREM, Laetitia Avia.
Membre de la commission d’enquête de l’Assemblée et avocate, elle a jugé « pertinente et importante » l’interview, enregistrée, de M. Benalla sur TF1. « C’était important pour Alexandre Benalla (…) qu’il puisse s’exprimer auprès des Français (…) exposer sa version des faits. Il reconnaît les faits, qui sont graves, des violences qu’il qualifie d’actes vigoureux, vis-à-vis de ces manifestants » mais « il y a eu beaucoup de contre-vérités ».
L’image renvoyée par l’ancien collaborateur d’Emmanuel Macron était « très loin » de la description « par l’opposition » d’une quasi « petite frappe », selon l’une des porte-parole des députés LREM, Aurore Bergé.
Du côté de l’intéressé, Alexandre Benalla déclarait il y a peu dans une interview fleuve accordée au Monde qu’il « n’avait pas l’impression d’avoir trahi le président ». S’il n’est pas adepte de théorie du complot, il explique que son travail dérange. « Non-dits », « rancoeurs » contre « un gamin de 25 ans qui n’a pas fait l’ENA »... il a également son idée sur les personnes à l’origine de son affaire. Mains ne cite aucun nom.
« Moi, j’ai toujours fait les choses, non pas pour ma personne, mais dans l’intérêt du président. Mais il y a des gens qui sont formatés d’une autre façon. On fait le sale boulot. Et on s’expose forcément. Et quand on s’expose face à ce type de personnes, elles vous disent « oui » avec un sourire, mais elles n’oublient pas… Je ne fais pas partie du club. Je le ressens mais je dois en faire abstraction, car la seule chose qui compte c’est que le président soit bien », explique-t-il.
D.V avec AFP
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