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Alexandre del Valle : « 80% des migrants déboutés du droit d’asile en France ne sont jamais reconduits à la frontière »

avril 9, 2019 19:32, Last Updated: avril 9, 2019 19:33
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Invité dans l’émission animée par Éric Brunet du lundi au vendredi sur RMC, le géopolitologue Alexandre del Valle a donné son sentiment sur la crise migratoire qui agite les débats à quelques semaines des élections européennes.

Revenant sur les déclarations récentes de Christophe Castaner qui a affirmé que certaines ONG se faisaient « complices des passeurs » – un constat qui est d’ailleurs partagé par son homologue italien depuis plusieurs mois –, Alexandre del Valle a estimé qu’elles étaient tout à fait fondées.

« Le procureur de Catane [ville portuaire située sur la côte est de la Sicile, ndlr], Carmelo Zuccaro, en est plus que convaincu : il en est certain. Il y a des bateaux affrétés par les ONG qui ne respectent pas le code de conduite. Pas toutes, mais pas mal d’ONG ne respectent pas le code de conduite, n’écoutent pas les garde-côtes, ni libyens ni italiens, et n’écoutent même pas Frontex [l’agence de l’Union européenne chargée du contrôle et de la gestion des frontières extérieures de l’espace Schengen, ndlr]»

Le 2 août 2017, à environ 30 milles nautiques des côtes libyennes, des migrants attendent d’être recueillis par l’Aquarius, un bateau affrété par les ONG SOS Méditerranée et Médecins sans Frontières (MSF). Crédit : ANGELOS TZORTZINIS/AFP/Getty Images.

« Depuis deux ans, Frontex l’a également prouvé dans des rapports : même si elles sont parfois animées de bonnes intentions, certaines ONG vont au-devant des passeurs. Elles facilitent le travail des passeurs parce qu’elles vont de plus en plus près des côtes libyennes alors que le passeur fait payer le même prix. Avant, il devait affréter un gros bateau pour arriver assez loin, maintenant on met les migrants dans des pneumatiques avec très peu de carburant parce que l’on sait que des ONG vont venir faire le travail », explique Alexandre del Valle.

« C’est cela qui est scandaleux, c’est horrible, c’est criminel ! le passeur se fait payer son trafic d’êtres humains par des ONG animées de soi-disant bonnes intentions mais qui alimentent en réalité des flux clandestins », ajoute l’essayiste.

Certains des migrants qui s’apprêtent à être recueillis par le personnel de bord de l’Aquarius le 2 août 2017 portent des gilets de sauvetage, tandis que d’autres ne disposent d’aucun matériel de secours en cas de naufrage de l’embarcation dans laquelle ils ont été entassés par des passeurs. Crédit : ANGELOS TZORTZINIS/AFP/Getty Images.

« Pas assez de personnel administratif et judiciaire pour reconduire les gens aux frontières » 

Et l’auteur de l’ouvrage La stratégie de l’intimidation : Du terrorisme jihadiste à l’islamiquement correct, de citer l’exemple de la Grèce :

« La Grèce aussi recommence à avoir des problèmes d’arrivée de clandestins. Vous savez, c’est compliqué, nous sommes quand même des États de droit. Lorsque l’on veut expulser quelqu’un qui est manifestement un faux réfugié et un vrai clandestin, voire quelqu’un qui a commis des délits, c’est très difficile. »

« Il y a tellement de clandestins dans les îles grecques, qui sont parfois plus peuplées de clandestins que d’habitants, que l’on a pas assez de juges grecs pour prononcer les expulsions. Comme nous sommes des États de droit, nous n’expulsons pas comme ça dans des charters. Nous n’avons même pas assez de personnel administratif et judiciaire pour reconduire les gens aux frontières », poursuit M. del Valle.

« Nous sommes une véritable passoire »

Une situation à laquelle n’échapperait d’ailleurs pas non plus la France selon le politologue. « Même en France, 80 % des migrants déboutés du droit d’asile, qui sont des vrais clandestins ayant menti sur le statut de réfugiés politiques, ne sont jamais reconduits à la frontière. Nous sommes une véritable passoire », assure-t-il.

« Et c’est dommage, parce que les vrais réfugiés politiques qui mériteraient notre compassion, ceux qui fuient les drames en Syrie ou ailleurs, payent le prix pour les millions de faux réfugiés que l’Europe a accueillis depuis des années. »

« Comment peut-on lutter contre l’immigration illégale sans la volonté et les outils nécessaires ? », conclut Alexandre del Valle.

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