Il y a maintenant une semaine, le président contesté des LR Éric Ciotti annonçait au 13h de TF1 une alliance avec le Rassemblement National en vue des élections législatives anticipées, provoquant l’ire de la plupart des ténors du parti gaulliste. Jusqu’à maintenant, 62 candidats LR-RN ont été investis. Comble de l’ironie, ce « rassemblement des droites » s’est fait sans son plus ardent défenseur Éric Zemmour. Pour autant, tout porte à croire que le président de Reconquête est l’artisan, sur le plan des idées, de cette alliance des droites.
Le défenseur de l’union des droites
Éric Zemmour en avait fait son mantra lors de l’élection présidentielle de 2022. L’union des droites. Un concept idéologico-politique prônant un rassemblement de la droite républicaine et de la droite nationale derrière une seule et même bannière. Une union s’étalant des Républicains jusqu’au Rassemblement National, le parti Reconquête! servant de jonction entre les deux mouvements.
Le constat était le suivant pour l’ex-journaliste : il fallait que la droite sorte du « piège mitterrandien ». Un stratagème mis en place par l’ancien président de la République il y a 40 ans, visant à faire monter le Front national pour que la droite traditionnelle gaulliste établisse un cordon sanitaire avec celui-ci et perde des voix.
La défaite politique d’Éric Zemmour
Le parcours politique de l’auteur du « Suicide Français » n’a pas été un long fleuve tranquille.
Il y a deux ans, la candidature d’Éric Zemmour à l’élection présidentielle avait été un événement politico-médiatique majeur, au point que plusieurs enquêtes d’opinion le qualifiaient au second tour face à Emmanuel Macron avec environ 16% des voix.
Mais les dernières semaines de la campagne vont être marquées par les débuts de l’invasion russe de l’Ukraine, fragilisant ainsi la candidature d’Éric Zemmour, lui qui avait déclaré en 2018 « rêver d’un Poutine français ». Il va enregistrer une série de baisses dans les intentions de vote et finira quatrième de la course avec 7% des voix, loin derrière Jean-Luc Mélenchon, Marine Le Pen et Emmanuel Macron.
Une déception suivie d’un coup de massue deux mois plus tard à l’occasion des élections législatives. À l’époque, Reconquête ! récolte seulement 4,2 % des voix et n’envoie aucun député à l’Assemblée nationale. Éric Zemmour est lui-même battu dès le premier tour dans la quatrième circonscription du Var.
À ces résultats décevants, vient s’ajouter le fait que l’ex-journaliste n’est pas parvenu au cours des élections présidentielles et législatives à bâtir une union des droites. Il sera seulement rejoint au cours de la campagne présidentielle par quelques personnalités LR et RN à l’instar de Guillaume Peltier, Gilbert Collard et Marion Maréchal.
Le score de Marion Maréchal aux élections européennes (5,4%) aurait pu permettre au parti d’Éric Zemmour de survivre politiquement en envoyant 5 députés Reconquête ! au Parlement européen. Mais c’était sans compter sur l’explosion du parti, sur fond de tensions entre Marion Maréchal et Éric Zemmour qui ont abouti à l’exclusion de l’ex-tête de liste aux élections européennes.
La nièce de Marine le Pen a d’ailleurs emmené avec elle les principaux cadres de Reconquête !, les vice-présidents Nicolas Bay et Guillaume Peltier ainsi que Laurence Trochu, présidente du Mouvement Conservateur, parti jusqu’alors allié à Éric Zemmour. Ces derniers ont tous appelé à soutenir le « rassemblement des droites ».
De son côté, Éric Zemmour a annoncé lundi sur X la participation de Reconquête ! aux élections législatives anticipées : « Pour la victoire de nos idées et contre l’islamo-gauchisme, Reconquête! investit 330 candidats aux élections législatives », a-t-il écrit.
L’union de droites se fait donc sans Reconquête !, un coup dur pour Éric Zemmour.
La victoire idéologique de l’ex-journaliste
Au regard de tous les événements politiques depuis deux ans, on serait tenté d’affirmer qu’Éric Zemmour a perdu la bataille et qu’il est temps pour lui de quitter la vie politique. Son parti n’a pas réalisé de grandes performances lors des échéances électorales qui se sont présentées à lui, la plupart des cadres ont quitté le navire et l’alliance LR-RN se fait sans lui. Cependant, tout n’est pas exactement synonyme de défaite pour l’ancien éditorialiste.
Si l’accord conclu entre Éric Ciotti et Jordan Bardella n’est pas une victoire politique pour Éric Zemmour, il l’est d’un point de vue idéologique. Le fait que le député des Alpes-Maritimes et le président du RN aient pu former une alliance donne raison à Éric Zemmour et valide ses analyses.
La victoire idéologique de l’ancien candidat à l’élection présidentielle est d’autant plus grande que Marine le Pen s’est pendant très longtemps fermement opposée à une union des droites et les Républicains n’avaient jamais osé franchir le pas jusqu’à Éric Ciotti, la semaine dernière.
Eric Zemmour serait donc le vainqueur idéologique de cette alliance LR-RN. Il prône l’union des droites depuis des années, elle est en marche. Il en est certes davantage un spectateur qu’un acteur, mais elle prouve que ses idées ont trouvé un écho dans les cerveaux des dirigeants des principales formations politiques de droite.
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.
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