Alors que l’attention du monde s’est déplacée ces dernières semaines de l’Ukraine vers le Moyen-Orient, faire abstraction des événements qui se déroulent dans la région indo-pacifique, notamment en mer de Chine méridionale, serait une erreur.
Au cours des dernières semaines et des derniers mois, l’Armée populaire de libération (APL) chinoise a multiplié ses agressions à l’encontre d’autres pays.
Outre les intimidations continues contre Taïwan, l’APL a intensifié ses agressions contre les autres pays qui revendiquent la mer de Chine méridionale et contre les missions internationales de protection des eaux internationales.
Au premier rang de cette agression figure les attaques incessantes contre le territoire dont les Philippines revendiquent la souveraineté.
L’agression chinoise s’est concentrée sur le Second Thomas Shoal (également appelé Ayungin Shoal), un promontoire rocheux du passage de Palawan.
Il se trouve à 200 km des Philippines et fait partie de la zone économique exclusive de ce pays. Pour le reste du monde, le passage de Palawan joue un rôle important dans le transport maritime international.
En 2016, le tribunal arbitral de l’ONU a statué que les Philippines possédaient des droits souverains sur les ressources du deuxième plateau Thomas et que la Chine n’a aucune revendication territoriale ou maritime légitime sur le deuxième plateau Thomas.
Mais Pékin refuse de se plier à cette décision et devient de plus en plus agressif.
En 1999, les Philippines ont échoué l’un de leurs navires de guerre, le BRP Sierra Madre, sur le récif et y maintiennent depuis lors du personnel qu’ils réapprovisionnent régulièrement.
À plusieurs reprises depuis 2014, les Chinois ont tenté de bloquer le ravitaillement du navire, dans l’espoir qu’il finisse par s’abîmer.
Le 22 octobre 2023, une collision s’est produite entre un navire des garde-côtes chinois et un navire philippin qui effectuait une mission de réapprovisionnement dans le Shoal. Une deuxième collision mineure a impliqué un navire de la milice maritime chinoise et un navire des garde-côtes philippins.
Qu’ils soient intentionnels ou accidentels, ces incidents n’auraient pas eu lieu sans l’agression chinoise.
Les Philippines et d’autres pays, dont les États-Unis, ont protesté.
Un porte-parole du ministère philippin des affaires étrangères a déclaré : « Tous les incidents de ce type vont renforcer l’idée que les Philippines ne sont pas l’agresseur, mais l’autre partie, à savoir la Chine ».
L’ambassadeur des États-Unis à Manille a écrit : « Les États-Unis condamnent la dernière perturbation apportée par la RPC (République populaire de Chine) à une mission philippine légale de réapprovisionnement sur le banc d’Ayungin, mettant en danger la vie des membres des forces armées philippines ».
L’empiétement par des tactiques de zone grise
De nombreux experts en sécurité pensent que les actions chinoises cherchent à provoquer les Philippines et à causer un incident que le parti communiste chinois (PCC) imputera aux Philippines.
Ces tactiques de « zone grise » sont régulièrement utilisées par le PCC, tant contre les Philippines que contre d’autres pays, notamment Taïwan, et peuvent déboucher sur des guerres.
Les pilotes de l’APL ont eux-aussi adopté une attitude dangereuse s’approchant trop près des appareils d’autres pays, comme l’Australie et le Canada, lorsqu’ils patrouillent dans la région.
L’augmentation de ce type d’activités fait suite à la publication par le PCC de nouvelles cartes qui revendiquent de vastes zones au-delà des frontières chinoises, dont l’ensemble de la mer de Chine méridionale.
Les derniers incidents sur le banc d’Ayungin ont conduit le département d’État américain à réaffirmer que le traité de défense mutuelle États-Unis-Philippines de 1951 s’appliquait aux attaques contre les forces et les navires philippins dans la mer de Chine méridionale.
Les États-Unis et les Philippines ont récemment mené des exercices navals conjoints en mer de Chine méridionale, afin d’améliorer la capacité des deux forces à travailler ensemble.
Certains commentateurs considèrent cette intensification de l’agressivité chinoise comme le signe précurseur d’un conflit ouvert. D’autres y voient surtout une façon pour le PCC de réaffirmer ses tactiques de « zones grises » dans le cadre de la guerre psychologique qu’il mène contre d’autres pays, Taïwan en particulier.
L’objectif immédiat de la Chine semble être de prendre le contrôle de la mer de Chine méridionale, et la présence continue de navires et d’avions de pays tiers dans la zone, dont l’Australie, permet d’éviter cela.
Comme les Japonais l’ont démontré en mer de Chine orientale, la présence continue de leurs garde-côtes et de leurs navires de guerre fait barrage aux ambitions chinoises.
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.
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