Attaque au hachoir visant Charlie Hebdo : l’assaillant reconnaît qu’il voulait tuer

Par Epoch Times avec AFP
17 janvier 2025 16:03 Mis à jour: 17 janvier 2025 18:33

« Le but c’était de tuer », a admis vendredi, par l’intermédiaire d’un interprète, Zaheer Mahmood, un Pakistanais de 29 ans accusé de tentatives d’assassinats pour avoir violemment agressé deux personnes avec une feuille de boucher devant les anciens locaux de Charlie Hebdo en 2020.

Avant cet aveu, la présidente de la cour d’assises spéciale des mineurs de Paris, Caroline Jadis-Pomeau, avait fait diffuser la vidéo de l’attaque, aussi brève que violente, survenue le 25 septembre 2020 dans la rue Nicolas-Appert qui a abrité la rédaction de Charlie Hebdo jusqu’aux attentats de janvier 2015.

La vidéo qui dure moins d’une dizaine de secondes montre Zaheer Mahmood passer devant le porche où discutent en fumant une jeune femme de 28 ans et un homme de 32 ans (ils souhaitent demeurer anonymes), revenir sur ses pas et asséner de violents coups de hachoir sur la tête des deux jeunes gens, salariés de l’agence de presse Premières Lignes.

Une scène hors-champ

La jeune femme tente de sortir du porche. L’assaillant la saisit par le coude et lui assène un violent coup de lame au visage. Elle parvient à rejoindre la rue, il la suit. La scène est hors-champ. Le jeune homme, tombé au sol, se relève péniblement. L’assaillant revient et lui assène deux nouveaux coups au cou et à la tête. On voit le sang jaillir. Dans la salle d’audience, des cris retentissent.

Malgré ses blessures, le jeune homme parvient à s’enfuir poursuivi par l’assaillant, sa feuille de boucher à la main. Sur l’écran, on ne voit plus que des taches de sang. Comme tous les jours depuis le début du procès, les deux victimes sont présentes dans la salle dite des « grands procès » du palais de justice et regardent les images de leur calvaire sans ciller.

Une peinture murale de l’artiste Christian Guemy, dédiée à l’équipe du journal Charlie Hebdo qui a été tuée par des terroristes en janvier 2015, orne un mur près des anciens bureaux de la rue Nicolas Ruppert le 6 janvier 2025 à Paris. (Christopher Furlong/Getty Images)

Originaire d’une région rurale du Pakistan, arrivé clandestinement en France au cours de l’été 2018, Zaheer Mahmood entendait « venger le prophète » après la republication de caricatures de Mahomet par le journal satirique le 2 septembre 2020, à l’occasion de l’ouverture du procès des attaques jihadistes de janvier 2015. Il ignorait que l’hebdomadaire avait déménagé après l’attentat qui a décimé sa rédaction.

« Je ne suis plus cette personne là »

Pour sa défense, l’accusé évoque des problèmes psychiatriques (pas relevés par les experts) expliquant qu’il se met « vite en colère ». « J’étais traumatisé par ces caricatures », dit-il avant d’ajouter : « J’en ai peut-être trop fait ». « J’ai commis des violences » mais « je ne suis plus cette personne là », assure l’accusé qui encourt la réclusion criminelle à perpétuité.

Il évoque une méconnaissance des règles de son pays d’accueil. « On ne savait pas comment il fallait se comporter… C’est comme si mentalement on était toujours au Pakistan » où le blasphème est puni de mort, avance-t-il. Avant l’attaque, il fera trois repérages rue Nicolas-Appert. Il cherche à se procurer une arme à feu. Mais, jusqu’à la diffusion de la vidéo, il assure qu’il n’avait pas d’intentions criminelles en se rendant devant les anciens locaux de Charlie Hebdo.

(MARTIN LELIEVRE/AFP via Getty Images)

« Je suis coupable »

La vidéo est diffusée et, debout dans son box, Zaheer Mahmood a les larmes aux yeux. « Vous persistez à dire que vous ne saviez pas ce que vous alliez faire ? », lui demande la présidente. « Je n’arrive pas à trouver les mots », répond l’accusé avant de reconnaître son désir de tuer. « J’ai honte. Je voulais vraiment tuer ces gens », reconnait-il d’une petite voix. « J’étais dans un état d’esprit très bizarre. Mon cerveau ne fonctionnait plus », poursuit-il dans une ultime tentative de justification.

Mais sa tentative de fuite en prenant le métro après l’agression dénote plutôt une grande lucidité. « Ce que j’ai fait est une très mauvaise chose. Je ne suis pas innocent. Je suis coupable et je sais que je serai condamné lourdement », dit-il. « C’est tout à fait normal », insiste-t-il. « Ce n’est pas facile de me pardonner mais j’espère qu’un jour (mes victimes) me pardonneront », affirme-t-il encore.

Cinq de ses amis, dont trois étaient mineurs au moment des faits, comparaissent à ses côtés pour participation à une association de malfaiteurs terroriste, un crime passible de 30 ans de réclusion.

Le procès doit s’achever le 23 ou le 24 janvier.

Soutenez Epoch Times à partir de 1€

Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?

Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.