Attaque mortelle sur un marché de Noël en Allemagne : ce que l’on sait du suspect

Par Epoch Times avec AFP
21 décembre 2024 09:35 Mis à jour: 21 décembre 2024 10:25

Le chancelier allemand Olaf Scholz se rend samedi à Magdebourg, ville meurtrie par un attentat à la voiture-bélier sur son marché de Noël dont les motivations restent troubles malgré l’arrestation de l’auteur présumé, d’origine saoudienne.

Piste islamiste ? Troubles psychologiques dont souffrirait le médecin psychiatre de 50 ans interpellé sur les lieux ? Autre motivation ? « En l’état actuel de l’enquête il n’est pas encore possible de catégoriser ce qui s’est passé sur le marché de Noël » vendredi soir, a indiqué la police locale.

Olaf Scholz se rend sur place dans la matinée, avec sa ministre de l’Intérieur, pour tenter d’en savoir plus et apporter son soutien à la population locale traumatisée par cette attaque survenue en pleine campagne électorale.

« Ce qui s’est passé aujourd’hui affecte beaucoup de personnes, ça nous touche beaucoup », dit à l’AFP Fael Kelion, un Camerounais de 27 ans, installé dans la ville.

« C’est terrible »

Vers 19h00 (18h00 GMT), une voiture puissante s’est subitement engouffrée dans les allées du marché de Noël local en fauchant un à un les badauds sur son passage sur 400 mètres. Bilan encore provisoire de ce carnage : deux morts, dont un enfant, et plus de 60 blessés, dont une quinzaine grièvement.

« Nous avons vu le toit de la voiture, puis ça s’est passé. Tout le monde était ensuite allongé sur le sol, des enfants, des hommes, des blessés avec fractures ouvertes, c’est inimaginable », a raconté un témoin à la chaîne de télévision Welt TV. « C’est terrible, il y avait un cadavre à côté de moi pendant tout ce temps. Je pensais que j’allais juste au marché de Noël et une telle chose arrive. Le monde est malade », a ajouté sa compagne.

La police traverse le marché de Noël vide et fermé où une voiture a foncé dans la foule le 20 décembre 2024 à Magdebourg. (JOHN MACDOUGALL/AFP via Getty Images)

L’attaque est survenue huit ans presque jour pour jour après un acte similaire commis sur un marché de Noël de Berlin, alors que l’Allemagne, en pleine campagne électorale, est en état d’alerte contre le risque d’attentats.

Le profil de l’auteur présumé intrigant

Pour les autorités la date n’est pas une coïncidence et a été choisie à dessein. Mais personne n’en a tiré immédiatement la conclusion qu’il s’agit, comme à Berlin en 2016, d’un attentat islamiste. Car le profil de l’auteur présumé, présenté dans les médias allemands comme Taleb A., arrêté à bord de la voiture-bélier, intrigue.

Installé en Allemagne depuis 2006, médecin exerçant dans la commune de Bernburg, proche de Magdebourg et disposant du statut de réfugié, il n’était pas du tout connu pour des sympathies avec la mouvance jihadiste. Au contraire même, ses prises de positions fréquentes sur les réseaux sociaux dressent le portrait d’un homme se sentant persécuté, ayant rompu avec l’islam et dénonçant au contraire les « dangers » d’une islamisation de l’Allemagne.

Certains médias lui prêtent même des accointances avec l’extrême droite allemande. Il était en tout cas connu dans la communauté des émigrés saoudiens en Allemagne et aidait des demandeurs d’asile, des femmes notamment. « Les motivations restent mystérieuses, un arrière-plan islamiste semble exclu », juge l’hebdomadaire Der Spiegel.

L’AfD ne s’en est pas moins saisie de cette affaire à l’approche des élections législatives allemandes anticipées du 23 février, où la question de l’immigration jouera un rôle important, suite à plusieurs attentats commis ces derniers mois par des étrangers. « Quand cette folie prendra-t-elle fin ? », a écrit sur le réseau X la coprésidente de l’AfD Alice Weidel, dont le parti est crédité de la deuxième place dans les sondages, à près de 20%.

Un « choc » international

La formation se place derrière les conservateurs, qui réclament eux aussi un tour de vis sur l’accueil des réfugiés, mais devant les sociaux-démocrates du chancelier Olaf Scholz. Pour Fael Kelion il n’y a guère de doute. « Je pense que vu que le suspect est un étranger, la population sera mécontente, moins accueillante », lance-t-il.

Plusieurs capitales ont fait part de leur « choc », à l’image de Rome, Madrid et Washington, les États-Unis se disant prêts à « fournir de l’aide ». Le président français Emmanuel Macron et son nouveau Premier ministre François Bayrou ont eux exprimé la « solidarité » de la France. L’Arabie saoudite, pays d’origine du suspect, a condamné l’attaque et affirmé son « rejet de la violence ».

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