Vue du ciel, l’île touristique d’Ibo, dans l’archipel des Quirimbas, au large de la côte nord-est du Mozambique, n’est plus qu’une longue succession de maisons détruites et de terres agricoles gorgées d’eau après le passage destructeur du cyclone Kenneth.
Cette destination touristique populaire a été privée d’aide alimentaire depuis le passage du cyclone il y a six jours, alors que l’ampleur de la catastrophe commence à se révéler. Kenneth est considéré comme l’un des cyclones les plus puissants ayant frappé le continent africain. En première ligne les îles d’Ibo et de Quissenga ont subi d’énormes dégâts. Près de 90% des habitations y ont été détruites, selon l’ONU.
Sur l’île d’Ibo, le passage du cyclone a traumatisé ses habitants comme Armando Watelo, 50 ans qui se souvient que « cette journée là était terrible à vivre ». « On ne pouvait pas imaginer que cela serait si puissant. Certaines personnes sont restées dans leurs maisons, d’autres sont parties au fort pour se protéger, d’autres encore sont parties à la recherche d’endroits sûrs. Presque tout le monde a perdu ses biens », ajoute-t-il.
« Ma fille qui était enceinte se trouvait dans une chambre quand des murs ont commencé à s’effondrer, on a donc emmené toute la famille au fort », raconte cet insulaire qui a colmaté le toit de sa maison et les dégâts sur ses murs. Sa fille a accouché deux jours après le passage du cyclone et elle se repose actuellement dans une clinique de l’île.
Sept mille personnes se sont retrouvées bloquées dans une situation désespérée jusqu’à l’arrivée sur l’île des hélicoptères du Programme alimentaire mondial (PAM) ce mercredi. L’ONU avait qualifié « d’incroyablement difficile » le défi d’atteindre des régions comme Ibo après le passage du cyclone.
L’île ne peut être atteinte qu’en avion ou en bateau, et la traversée maritime s’avère parfois périlleuse. Mercredi, des habitants s’affairaient à tenter de réparer leurs toits endommagés tandis que d’autres restaient tranquillement assis attendant des distributions de biscuits hypocaloriques livrés en 4X4.
« Ceux qui n’ont pas tout perdu sont chanceux car personne ne s’est échappé » de l’île, déclare un chauffeur de taxi moto. « Tout s’est effondré (dans notre maison), nous vivons maintenant dans la maison d’un voisin pendant que nous essayons de reconstruire la notre », confie Abdala Moto, dont la famille élargie compte 16 personnes.
Le cyclone Kenneth a causé la mort de 41 personnes et détruit des milliers de maisons dans le nord du Mozambique, l’île d’Ibo ayant été particulièrement touchée. L’île était présentée comme « la destination de vacances magique unique et ultime du Mozambique » et proposait des lodges de luxe aux touristes et aux jeunes mariés.
Avant la tempête, l’île était considérée comme un paradis de sable doré, de récifs coralliens préservés et de verdure luxuriante. Aujourd’hui, des arbres déracinés jonchent le sol, de larges étendues de verdure ont été inondées, et la mer agitée est d’une couleur grise.
Miquidade, 27 ans, venait tout juste d’achever la construction de sa nouvelle maison, peinte en bleu. « Je suis maintenant désespérée parce que je ne sais pas si je vais en avoir une autre », dit-elle à l’AFP devant son domicile en ruine, où le toit est suspendu. Une guérisseuse traditionnelle, Atija Alida, 50 ans, dit avoir « tout perdu » avec son mari, Momade Chabane, ses trois filles et son fils. « Je crains, poursuit-elle, que personne ne vienne aider la famille, mais nous allons reconstruire. »
D.C avec AFP
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