À l’aéroport de Milan, lorsqu’on a effectué des tests sur les voyageurs de deux vols en provenance de Chine dans le contexte d’une explosion des cas de Covid, on a découvert qu’environ la moitié de passagers avaient le virus.
Cela a incité l’Italie, premier pays européen à être durement touché par la pandémie en 2020, à imposer des tests obligatoires à tous les passagers venant de Chine et à séquencer les tests de Milan pour dépister d’éventuels nouveaux variants du Covid.
Toutefois, l’Italie s’est heurtée à un mur après que sa Première ministre Giorgia Meloni a appelé les autres pays de l’Union européenne (UE) à suivre l’exemple italien.
Les 27 membres de l’UE n’ont pas réussi à s’entendre sur la marche à suivre lors de leurs discussions de jeudi, mais ils ont promis de poursuivre ces discussions en vue d’une action commune.
« D’un point de vue scientifique, il n’y a aucune raison à ce stade de rétablir les contrôles aux frontières », a déclaré Brigitte Autran, présidente du Comité français de veille et d’anticipation des risques sanitaires (COVARS).
Ce point de vue est partagé par des pays comme l’Allemagne, le Portugal et le Royaume-Uni. L’Autriche, par exemple, a souligné les avantages économiques du retour imminent des touristes chinois, qui seront autorisés à voyager à l’étranger à partir du 8 janvier après avoir été confinés à l’intérieur du pays pendant près de trois ans.
« Nous avons probablement plusieurs centaines de milliers de personnes qui contractent le Covid en Norvège chaque semaine maintenant », a écrit sur Twitter le professeur Preben Aavitsland de l’Institut norvégien de santé publique. « Quelques centaines de cas supplémentaires parmi les voyageurs en provenance de Chine seraient une goutte d’eau dans l’océan. »
Le test Covid obligatoire « n’est efficace que s’il est effectué au niveau européen », a insisté cependant Mme Meloni, qui a fait remarquer que de nombreux visiteurs originaires de Chine arrivent en Italie en passant par d’autres pays européens.
Manque de transparence
Les doutes concernant les données officielles de la Chine et l’ampleur de l’épidémie ont poussé ses voisins, dont le Japon, l’Inde, la Corée du Sud et Taïwan, à imposer des tests Covid aux voyageurs en provenance de Chine, une mesure que les États-Unis ont suivie mercredi.
« La communauté internationale est de plus en plus préoccupée par la flambée du Covid-19 en Chine et par le manque de données transparentes, notamment de données sur les séquences génomiques virales, communiquées par la République populaire de Chine », a annoncé un responsable américain anonyme dans une déclaration écrite pour les médias.
Sans ces données, « il devient de plus en plus difficile pour les responsables de la santé publique de s’assurer qu’ils seront en mesure d’identifier tout nouveau variant potentiel et de prendre des mesures rapides pour réduire sa propagation », a-t-il ajouté.
Face aux critiques internationales, les fonctionnaires chinois de la santé ont continué jeudi à insister sur le fait que le régime a fait preuve de transparence et qu’il a respecté les normes internationales en matière de déclaration des décès causés par le Covid. Et ce, malgré le fait que le bilan officiel négligeable de 11 décès va à l’encontre des témoignages de plus en plus nombreux d’employés de pompes funèbres et de personnel de santé faisant état d’un grand nombre de décès dans tout le pays.
Selon un mémo divulgué en ligne, le principal organisme de santé chinois a estimé que près de 250 millions de personnes avaient contracté le virus au cours des 20 premiers jours de décembre.
Un « pari très risqué »
Selon le virologue Sean Lin, ancien directeur de laboratoire de la division des maladies virales du Walter Reed Army Institute of Research, le problème de l’UE est le fait qu’un organisme transnational ne peut pas prendre de décisions rapides, même lorsqu’une action urgente est nécessaire.
Au cours du dernier week-end, la Chine a annoncé qu’elle ouvrait ses frontières à partir du 8 janvier et qu’elle encourageait une remontée du tourisme après la suspension de voyages pendant la majeure partie des trois dernières années. Après avoir vécu pendant tout ce temps sous la stricte politique du zéro Covid, a noté M. Lin, de nombreux Chinois « se précipiteraient pour profiter de cet espace de temps limité », car la politique du régime peut changer à tout moment avec l’évolution de la situation.
« On sera confronté à un énorme afflux de Chinois en un court laps de temps. »
Le dépistage du Covid chez les arrivants de Chine devrait être la politique minimale adoptée par les pays du monde entier, a-t-il souligné à Epoch Times.
Cependant, Sebastian Guelde, le porte-parole du ministère allemand de la Santé, a déclaré qu’ils surveillaient la situation, mais n’ont vu « aucune indication qu’un variant plus dangereux se soit développé dans le cadre de cette épidémie en Chine ». Sean Lin a qualifié cette déclaration de « tout simplement stupide ».
Épidémie en Chine
« C’est un pari très risqué », a-t-il poursuivi. « Vous faites encore confiance au Parti communiste dans ce genre de situation. »
« Le gouvernement chinois joue à des jeux de mots avec le monde entier, tandis que sa politique du zéro Covid allait, ces deux ou trois dernières années, à l’encontre de la science elle-même. »
Le virologue a attiré l’attention aux symptômes pulmonaires graves qui sont apparus lors de la dernière vague du Covid en Chine et qui ne sont pas apparus ailleurs – ce qui, selon lui, indique que le virus qui s’y propage pourrait ne pas être le variant Omicron ordinaire annoncé par les responsables chinois.
Jeudi, la Première ministre italienne Georgia Meloni a annoncé que les autorités italiennes avaient séquencé la moitié des échantillons prélevés des visiteurs chinois, et que tous présentaient la souche Omicron.
« C’est plutôt rassurant », a-t-elle déclaré lors d’une conférence de presse. « La situation en Italie est sous contrôle, et il n’y a pas d’inquiétude immédiate. »
Toutefois, Sean Lin est loin d’être optimiste.
Avec la réouverture des frontières chinoises, la situation actuelle est similaire à celle du début de l’année 2020, lorsque Pékin a confiné Wuhan, l’épicentre du virus, mais a permis aux gens de voyager librement dans le reste du monde, amenant avec eux et propageant le virus.
La réouverture des frontières revient à laisser le virus, qui aurait pu muter, se transmettre librement dans le monde entier, ce qui peut infliger « un désastre au monde entier », a insisté le virologue.
« Je pense que cela pourrait être encore pire qu’en 2020. »
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