Les bénitiers sont à sec, les icônes des Saints thaumaturges intouchables et les bancs aux trois quarts vides… Après des mois de messes virtuelles, certaines églises ont rouvert aux Philippines, mais le coronavirus bouleverse l’expérience liturgique.
« C’est tellement étrange », s’étonne Rachel Mendioro dans l’église Notre Dame du Perpétuel Secours, à Baclaran, un quartier de Manille, la ville qui compte le nombre de cas de coronavirus le plus élevé de l’archipel.
Enceinte de huit mois de son premier enfant, elle vient tout spécialement dans ce sanctuaire – le plus important lieu de culte marial du pays – prier pour que son accouchement se passe bien.
« Voir si peu de personnes (dans l’église) donne une impression différente. Cela illustre l’ampleur du problème auquel le monde est confronté. »
La progression de l’épidémie a contraint les églises à s’adapter du fait des impératifs de distanciation sociale, et parfois même à faire preuve de créativité pour répondre à la ferveur des paroissiens, dans un pays où les catholiques représentent 80% de la population.
A l’église de Baclaran, les fidèles portant masques et écrans faciaux sont accueillis par des agents de sécurité en uniforme équipés de thermomètres infrarouges et doivent remplir des questionnaires sur les éventuels cas de coronavirus dans leur entourage.
Les bénitiers sont secs
Les bancs prévus pour dix personnes ne peuvent en accueillir que trois. Et une rangée sur deux est interdite dans cet édifice qui accueille en temps normal des milliers de croyants.
Le masque est obligatoire en permanence, y compris lors de la Communion, quand les paroissiens reçoivent l’hostie.
Les bénitiers où les fidèles trempent leurs doigts en entrant dans l’église avant de faire le signe de croix sont à sec.
Les icônes que les croyants s’empressent normalement de toucher ou d’embrasser dans l’espoir, par exemple, d’une guérison, ont été retirées, ou placées hors de portée derrière des grilles.
Les églises de la région de Manille n’ont pas le droit de recevoir plus de 10% du public qu’elles accueillent en temps normal, et l’épidémie continue de toute façon de faire peur. D’où le succès des messes en ligne.
La page Facebook de l’église de Baclaran suivies par 50.000 personnes
Celles diffusées sur la page Facebook de l’église de Baclaran sont en moyennes suivies par 50.000 personnes, une audience qui a été multipliée par cinq depuis le début de l’épidémie.
Ailleurs, on a pu voir des services de communion itinérants, et des prêtres se rendre au domicile des paroissiens pour entendre leur confession.
Obligée de vivre sa foi chez elle pendant des mois, à partir du moment où un confinement a été ordonné en mars, Rederacion Parina a pleuré d’émotion quand elle est retournée pour la première fois au sanctuaire de Baclaran.
A 77 ans fait six kilomètres pour aller à l’église
Pour économiser le prix du voyage en transport public, et garder ainsi l’argent pour les courses, c’est à pied que cette dame de 77 ans a fait les six kilomètres qui séparent son domicile de l’église.
Dans ses prières, elle a demandé une solution à ses problèmes financiers, décuplés par l’épidémie.
« Mon corps devient plus fort quand je sors (pour aller à l’église). Je me sens apaisée », dit-elle, en relevant son masque facial pour essuyer une larme.
« Quand je suis coincée chez moi, j’ai l’impression de m’approcher de ma fin. »
Par crainte du virus, de nombreuses paroisses des Philippines ont choisi de ne proposer que des messes en ligne.
Teejay Bagasbas, 51 ans, et sa famille pourraient devoir attendre encore un an avant d’aller à nouveau à la messe dans l’église qu’ils ont l’habitude de fréquenter.
l’Eglise est ainsi entrée dans chaque demeure
C’est désormais dans leur cour qu’ils s’assoient pour suivre la retransmission en direct de l’office, en utilisant pour la communion des hosties et du jus de raisin vendu par l’entreprise Holy Cup (Sainte Coupe), dont le chiffre d’affaires a été multiplié par trois depuis le début de l’épidémie.
« S’il y a une chose de bonne qui ressort de cette pandémie, c’est que l’Eglise est ainsi entrée dans chaque demeure », se console-t-elle.
Mais la dévotion virtuelle ne comble pas tout le monde.
« Beaucoup de gens pensent que la connexion n’est pas aussi intense que dans la réalité », observe Victorino Cueto, recteur de l’église de Baclaran.
Reste que le virus bouleverse aussi la pratique de la foi et que l’église doit s’adapter, poursuit-il.
« Le Covid-19 nous a tous ébranlés, et la foi ne fait pas exception », dit-il. « Chaque crise ouvre des opportunités. La pandémie commande que nous repensions ce qu’est notre foi aujourd’hui. »
Focus sur la Chine – Arrestation de la mère de la virologue Yan Limeng en Chine
Le saviez-vous ?
Epoch Times est un média indépendant, différent des autres organisations médiatiques. Nous ne sommes influencés par aucun gouvernement, entreprise ou parti politique. Notre objectif est d’apporter à nos lecteurs des informations factuelles et précises, en étant responsables envers notre lectorat. Nous n’avons d’autre intention que celle d’informer nos lecteurs et de les laisser se faire leur propre opinion, en utilisant comme ligne directrice les principes de vérité et de tradition.
Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?
Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.