Le pionnier européen de la batterie électrique Northvolt se déclare en faillite

L’échec de Northvolt anéantit les espoirs de l'Union européenne de disposer d'un approvisionnement local en batteries pour voitures électriques, laissant les constructeurs automobiles occidentaux dépendre de leurs rivaux chinois

Par Owen Evans
13 mars 2025 17:29 Mis à jour: 13 mars 2025 17:46

L’entreprise suédoise Northvolt, annoncée comme la future championne européenne de la fabrication de batteries pour voitures électriques, s’est déclarée en faillite.

Le 12 mars, Northvolt a annoncé qu’à la suite d’un « effort exhaustif pour explorer tous les moyens disponibles afin de garantir un avenir financier et opérationnel viable pour l’entreprise », elle avait déposé son bilan en Suède.

La société était considérée comme un acteur majeur dans les plans d’électrification zéro émission nette en Europe.

Des documents montrent que la dette de l’entreprise s’élevait à plus de 8 milliards de dollars à la fin du mois de janvier. Cette faillite est l’une des plus importantes de l’histoire des entreprises suédoises.

Northvolt, fondée par d’anciens cadres de Tesla, a obtenu plus de 13 milliards de dollars en actions et en dettes depuis sa création en 2016.

La société visait à devenir un « modèle durable pour la fabrication de batteries », espérant que sa giga-usine de cellules de batterie à Skelleftea, dans le nord de la Suède, réduirait la dépendance des constructeurs automobiles occidentaux à l’égard des rivaux chinois.

L’entreprise a annoncé avoir reçu 55 milliards de dollars de commandes de la part de clients clés, notamment BMW, Fluence, Scania, Volvo Cars et Volkswagen Group.

Cependant, dans sa déclaration de faillite, Northvolt a indiqué qu’elle avait rencontré une série de « défis cumulés au cours des derniers mois qui ont érodé sa position financière – y compris l’augmentation des coûts d’investissement, l’instabilité géopolitique, les perturbations subséquentes de la chaîne d’approvisionnement et les changements dans la demande du marché ».

La déclaration ajoute que « Northvolt Germany et Northvolt North America ne déposent pas de bilan dans leurs juridictions respectives ».

Les projets zéro net de l’Union européenne

Cette faillite porte un coup dur aux projets zéro net de l’Union européenne (UE).

Dans le cadre du pacte vert pour l’Europe (European Green Deal), à partir de 2035, toutes les nouvelles voitures commercialisées dans l’UE ne pourront plus émettre de dioxyde de carbone, ce qui rendra illégale la vente de nouvelles voitures à combustibles fossiles.

Alors que l’UE espérait que Northvolt soutiendrait la production européenne de batteries, elle est confrontée à la chute des ventes de voitures électriques en Europe, tandis que les constructeurs automobiles européens font face à la forte concurrence des fabricants chinois.

En novembre dernier, Northvolt s’est déjà placée sous la protection du chapitre 11 de la loi sur les faillites aux États-Unis.

« Les liquidités de Northvolt sont devenues désastreuses », a confié l’entreprise dans sa demande déposée auprès du tribunal américain des faillites de Houston.

Des milliards d’aides d’État

L’année dernière, la Commission européenne a autorisé l’Allemagne à fournir 902 millions d’euros d’aides d’État pour permettre à Northvolt de construire une giga-usine près de la ville de Heide, dans le Schleswig-Holstein.

À l’époque, la Commission avait approuvé l’aide pour éviter que les investissements ne soient détournés de l’Europe, car Northvolt aurait pu construire cette usine aux États-Unis.

La même année, la Banque européenne d’investissement (BEI) a annoncé qu’elle finançait l’usine de batteries de Northvolt à hauteur de plus d’un milliard de dollars – et ce, dans le cadre d’un financement par emprunt de 5 milliards de dollars visant à développer « la première giga-usine locale d’Europe ».

Epoch Times a demandé à la BEI quel était le montant total des liquidités reçues par Northvolt à ce jour, mais la banque n’avait pas répondu au moment de la publication de cet article.

Robert Habeck, le ministre allemand de l’Économie et du Climat, a déclaré mercredi qu’il espérait que de nouveaux investisseurs seraient trouvés pour l’usine de Northvolt.

« Les discussions sont en cours », a-t-il dit. « Cette possibilité existe certainement. »

Porsche, qui avait des contrats de fourniture avec Northvolt, a déclaré qu’il avait commencé à chercher des alternatives.

« Je reste convaincu que nous avons besoin de développeurs de batteries compétents en Europe », a laissé entendre Oliver Blume, PDG de Porsche et de Volkswagen, lors d’une conférence de presse.

En juin dernier, le constructeur automobile allemand BMW a annulé une commande de 2 milliards de dollars avec Northvolt, car cette société n’avait pas respecté un contrat de fourniture à long terme de cellules de batteries signé en 2020.

Une « terrible erreur »

Réagissant à la nouvelle de la faillite de Northvolt, le chercheur Ben Pile, qui dirige le groupe britannique Climate Debate UK, a écrit dans un courriel à Epoch Times : « Les décideurs politiques verts refusent d’écouter toute critique de leurs politiques, bien que la désindustrialisation et l’incapacité à promouvoir les industries vertes locales soient une conséquence très évidente de leurs ambitions lancées il y a déjà 20 ans. »

M. Pile a expliqué que les responsables politiques européens promettent depuis longtemps qu’une « législation forte sur le climat encouragera la fabrication locale dans le cadre du secteur vert ».

« Mais en Grande-Bretagne et en Europe, les fabricants de technologies vertes, qui dépendent toujours de pays comme la Chine pour leurs chaînes d’approvisionnement, ont été incapables de rivaliser avec les fabricants de l’Est, où de telles lois n’existent pas et où la fabrication de matériaux bénéficie des prix de l’énergie plus bas grâce à la production d’énergie beaucoup moins chère, entre autres coûts moins élevés », a-t-il précisé.

« Rien ne pourra les [les responsables politiques] persuader qu’ils ont commis une terrible erreur », a-t-il conclu.

Une porte-parole de la Commission européenne a indiqué par courriel à Epoch Times que la Commission était au courant de l’annonce de Northvolt.

« Il n’appartient pas à la Commission de commenter les décisions prises par des entreprises privées pour des raisons commerciales », a-t-elle commenté.

Elle a ajouté que la Commission « soutient pleinement ses ambitions pour l’industrie européenne des batteries » et « reste engagée à soutenir le secteur des batteries qui est au cœur de son objectif de décarbonation ».

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