Les manifestants pro- démocratie appellent à intensifier leur mobilisation dimanche malgré la répression meurtrière de la junte qui poursuit les raids nocturnes et les interpellations.
Nous demandons à « tout le pays de se rassembler » contre la dictature militaire, a déclaré à l’AFP Maung Saungkha, une des têtes d’affiche de la contestation.
« Si nous appelons à la désobéissance civile et à la grève sans descendre dans les rues, ce n’est pas suffisant. Nous devons maintenir notre combat au plus haut niveau (…) Nous sommes prêts à mourir ».
Impact important sur l’économie birmane
Les médias d’Etat ont averti que les fonctionnaires grévistes « seront licenciés à partir du 8 mars ».
Ces appels à la grève ont un impact important sur de nombreux secteurs de l’économie birmane déjà très fragile, avec des banques incapables de fonctionner, des hôpitaux fermés et des bureaux ministériels vides.
La peur est dans tous les esprits: plus de 50 personnes ont été tuées depuis le début de l’insurrection pacifique contre le coup d’Etat du 1er février.
Des images largement diffusées ont montré les forces de sécurité en train de tirer à balles réelles sur des rassemblements et d’emporter les corps inanimés de manifestants.
Le Parti de l’union, de la solidarité et du développement (PUSD), soutenu par l’armée, participe aux attaques.
Des membres du PUSD ont tué vendredi un représentant local de la Ligue nationale pour la démocratie (LND), le parti d’Aung San Suu Kyi, et un adolescent de 17 ans, selon l’Association d’assistance aux prisonniers politiques (AAPP).
Chevron and @Total called on to cease operations in country, which receives $1.1bn a year from oil and gas, after Australia’s Woodside suspends work there#Birmanie #WhatsHappeningInMyanmar @PPouyanne https://t.co/wbTYRJHP8e https://t.co/HVQEjbGB7V
— Info-Birmanie (@InfoBirmanie) March 6, 2021
Samedi, au moins quatre personnes ont été blessées, d’après cette ONG birmane. Les forces de sécurité ont utilisé « des munitions en caoutchouc, des gaz lacrymogènes, des grenades assourdissantes et des balles réelles » pour disperser les rassemblements.
Les médias d’Etat nient pour leur part toute implication des forces de sécurité dans les décès de manifestants.
Ils ont imputé la mort d’une adolescente de 19 ans – devenue une icône car elle portait un t-shirt: « Tout ira bien » quand elle a été abattue – à des personnes « qui ne souhaitent ni la stabilité ni la paix » du pays. Les autorités avaient exhumé le corps de la jeune femme pour investigation, provoquant un tollé sur les réseaux sociaux.
Les raids et les arrestations se multiplient
Responsables locaux, hommes politiques, journalistes, militants, artistes: des centaines de personnes ont été interpellées depuis le 1er février dans des conditions parfois violentes.
Certaines « ont été frappées à coups de poing, de pieds et avec des matraques avant d’être traînées dans les véhicules de police », a relevé samedi l’AAPP qui fait état de nouveaux raids contre des habitations dont « de nombreuses ont été détruites ».
En Birmanie, les journalistes, cibles des forces de l’ordre, craignent pour leur vie#Birmanie #WhatsHappeninglnMyanmar https://t.co/jWQdVDAaxF
— Info-Birmanie (@InfoBirmanie) March 5, 2021
Les personnes arrêtées à Rangoun, la capitale économique, sont souvent conduites dans la tristement célèbre prison d’Insein où de nombreux prisonniers politiques ont effectué de lourdes peines sous les dictatures précédentes.
Certains Birmans fuient le pays
Des soldats ont aussi mené samedi une opération pour tenter d’interpeller un avocat qui travaillait pour la LND, mais ils n’ont pas pu le trouver, a indiqué sur sa page Facebook Sithu Maung, ex-député du parlement dissous.
Face a la détérioration de la situation, certains Birmans fuient le pays.
Une cinquantaine, dont huit policiers qui refusent de prendre part à la répression, ont gagné l’Inde voisine.
La Birmanie a exigé de l’Inde le rapatriement des huit policiers « afin de préserver les bonnes relations entre les deux pays » dans une lettre que l’AFP a pu consulter.
Des Birmans entassés à la frontière
Une centaine de Birmans sont toujours entassés à la frontière dans l’espoir d’être autorisés à gagner le pays.
Les généraux font la sourde oreille au concert de protestations de la communauté internationale, divisée sur la réponse à apporter.
Le Conseil de sécurité de l’ONU n’a pas réussi vendredi à se mettre d’accord sur une déclaration commune. Des négociations doivent se poursuivre la semaine prochaine, d’après des sources diplomatiques.
Des mesures coercitives ont été annoncées par les Etats-Unis et l’Union européenne, mais des observateurs exhortent à aller plus loin avec un embargo international sur les livraisons d’armes, une décision qui nécessite l’accord de tous les membres du Conseil.
Or, Pékin et Moscou, alliés traditionnels de l’armée birmane et exportateurs d’armes dans le pays, refusent de parler de « coup d’Etat », l’agence de presse chinoise évoquant, début février, un simple « remaniement ministériel ».
Sollicitée, la junte, qui conteste le résultat des élections de novembre remportées massivement par la LND, n’a pas répondu aux multiples requêtes de l’AFP.
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