Vous arrive-t-il de boire une boisson sucrée tous les jours ? Soyez prudent, car cette habitude pourrait augmenter le risque de maladie chronique du foie et même de cancer du foie.
Il est bien connu que la consommation de boissons sucrées peut contribuer à l’obésité et à la résistance à l’insuline. Une récente étude de cohorte prospective publiée dans le Journal of the American Medical Association (JAMA) a en outre révélé les effets néfastes des boissons sucrées sur la santé, notamment en ce qui concerne les maladies du foie. L’étude a montré que les personnes qui consomment régulièrement des boissons sucrées ont une probabilité étonnamment élevée de 85 % de développer un cancer du foie et un risque de mortalité par maladie chronique du foie de 68 % supérieur à celui des personnes qui consomment moins de boissons sucrées. Une autre étude de cohorte française, publiée en 2019, parvient aux mêmes conclusions.
Risques élevés de cancer et de maladie du foie
Cette étude a été menée par des scientifiques de la Harvard Medical School et du Brigham and Women’s Hospital, à partir d’une vaste base de données cliniques prospective : la Women’s Health Initiative (initiative pour la santé des femmes). Cette base de données, publiée également dans l’AFEM, (association française pour l’étude de la ménopause), a recueilli des informations auprès d’une cohorte de plus de 160.000 femmes ménopausées âgées de 50 à 79 ans. La collecte d’informations s’est achevée en 2020, ce qui correspond à une période de suivi d’environ 21 ans.
« Les études épidémiologiques sur les facteurs alimentaires et la mortalité liée au cancer du foie et aux maladies hépatiques chroniques sont limitées », soulignent les chercheurs dans leur rapport. « À notre connaissance, il s’agit de la première étude à faire état d’une association entre la consommation de boissons sucrées et la mortalité due aux maladies chroniques du foie.
Les participants ont répondu à un questionnaire détaillant leur consommation de boissons sucrées et artificiellement sucrées, à l’exclusion des jus de fruits. Ces personnes ont été réparties en trois groupes :
• Les femmes qui ont consommé trois portions ou moins par mois.
• Les femmes qui ont consommé une à six portions par semaine.
• Les femmes qui buvaient une ou plusieurs portions par jour (une portion équivalant à 33 cl, soit à peu près la contenance d’une canette de boisson standard).
Les résultats ont révélé que les femmes qui consommaient une ou plusieurs portions de boissons sucrées par jour avaient un risque 85 % plus élevé de développer un cancer du foie que celles qui en buvaient trois portions ou moins par mois. En outre, leur taux de mortalité dû à une maladie chronique du foie était 68 % plus élevé.
Dans l’étude, le terme « maladie chronique du foie » désigne des affections telles que la stéatose hépatique non alcoolique, la cirrhose, la fibrose hépatique, la maladie alcoolique du foie et l’hépatite chronique. Lors du calcul, les facteurs potentiels susceptibles d’influencer les maladies du foie, notamment l’âge, l’origine ethnique, le niveau d’éducation, les habitudes de consommation de tabac et d’alcool et l’indice de masse corporelle, ont été pris en compte.
Les facteurs de risque connus pour le cancer du foie comprennent les infections par l’hépatite B (VHB) et l’hépatite C (VHC), les troubles métaboliques, la consommation excessive d’alcool et les aliments contaminés par des aflatoxines, tels que les arachides et le maïs. « Cependant, environ 40 % des patients atteints de cancer du foie ne présentent pas ces facteurs de risque. … Par conséquent, il est important d’identifier les facteurs de risque alimentaires pour le cancer du foie et la mortalité due aux maladies chroniques du foie », déclarent les chercheurs dans le rapport.
L’impact des boissons sucrées sur le foie
D’autres études ont également corroboré les effets néfastes des boissons sucrées sur le foie.
Une étude prospective de cohorte européenne parue dans le journal européen de nutrition et dans le Journal of the American Medical Association (JAMA) , a révélé que les personnes qui consomment plus de six portions de boissons sucrées par semaine courent un risque nettement plus élevé de carcinome hépatocellulaire (la forme la plus courante de cancer du foie) de 83 % par rapport à celles qui en consomment moins d’une portion. Le risque augmente de 6 % pour chaque portion supplémentaire par semaine. Une autre étude menée aux États-Unis indique que la consommation de sodas édulcorés est associée à une augmentation de 18 % du risque de cancer du foie.
La recherche a également démontré un lien entre la consommation de boissons sucrées et l’apparition de la stéatose hépatique non alcoolique. Une revue systématique et une méta-analyse publiées dans le journal européen de nutrition (springer link) ont révélé que les personnes qui consommaient les plus grandes quantités de boissons sucrées avaient 40 % de chances supplémentaires de développer une stéatose hépatique non alcoolique par rapport à celles qui en consommaient le moins. Selon une autre étude réalisée en 2022, les personnes qui consomment fréquemment des boissons sucrées ont 2,53 fois plus de chances de développer une stéatose hépatique non alcoolique que celles qui en consomment rarement.
Dans la récente étude du JAMA mentionnée plus haut, les auteurs ont conclu que les principaux facteurs contribuant à la menace que les boissons sucrées font peser sur la santé du foie sont les suivants :
• Les boissons sucrées peuvent contribuer à l’obésité et aux pics de sucre dans le sang, entraînant une résistance à l’insuline – autant de facteurs de risque pour le cancer du foie et les maladies du foie.
• Les boissons sucrées contiennent des quantités importantes de fructose, ce qui peut entraîner une accumulation de graisse dans le foie et, à son tour, potentiellement déclencher le développement d’un cancer du foie.
• La consommation de boissons sucrées peut entraîner des taux anormaux de lipides sanguins et avoir un impact négatif sur le microbiote intestinal, ce qui affecte la santé du foie.
• Les métabolites produits après la consommation (tels que la taurine et la phénylalanine) sont liés au carcinome hépatique.
• Les boissons sucrées contiennent divers produits chimiques (comme la couleur caramel et les additifs) qui peuvent nuire à l’organisme.
Les chercheurs appellent à la prudence
Tout en établissant un lien clair entre les boissons sucrées et les maladies du foie, les résultats de cette étude indiquent que la consommation de boissons sucrées artificiellement n’est pas associée de manière significative au cancer du foie ou à la mortalité due aux maladies chroniques du foie.
« Ce résultat n’est pas très surprenant », ont déclaré les deux principaux auteurs de l’étude, Longgang Zhao, chercheur postdoctoral à la Channing Division of Network Medicine, Brigham and Women’s Hospital, Harvard Medical School, et Xuehong Zhang, professeur associé à la Harvard Medical School et épidémiologiste associé au Brigham and Women’s Hospital, lors d’un entretien avec Epoch Times. Ils ont expliqué cela par le fait que « le niveau de consommation de boissons artificiellement sucrées est faible dans cette population (femmes ménopausées) et que la taille de l’échantillon de cancers du foie et de décès dus à des maladies chroniques du foie est relativement petite ».
Cependant, ils soulignent que « ces résultats doivent être interprétés avec prudence » – en d’autres termes, les résultats ne signifient pas que les boissons édulcorées artificiellement sont plus sûres que les boissons édulcorées au sucre. « En outre, d’autres études indiquent également que les boissons artificiellement sucrées ont été associées à un risque plus élevé d’obésité, de diabète de type 2, de mortalité toutes causes confondues, d’hypertension et d’incidence des maladies cardiovasculaires », ont déclaré les auteurs. D’autres recherches sont donc nécessaires.
En outre, cette étude note que le remplacement d’une portion de boisson sucrée par une portion de café ou de thé par jour, même si cela n’est pas statistiquement significatif, est lié à une diminution de l’incidence du cancer du foie et de la mortalité due aux maladies chroniques du foie.
Le « régime pauvre en sucre » en tant que stratégie de santé publique
Il s’agit d’une étude de grande qualité qui « met en évidence un lien entre le sucre et les maladies du foie et le cancer du foie », a déclaré le Dr Jason Fung, auteur de « The Obesity Code » et « The Cancer Code » et néphrologue spécialisé dans l’inversion du diabète de type 2, reconnaissant les résultats de l’étude dans une interview accordée à Epoch Times. Toutefois, il a également fait remarquer qu’il s’agissait d’une étude d’observation, qui est moins solide qu’un essai contrôlé.
Les auteurs ont admis qu’il ne fallait pas présumer hâtivement que cette recherche impliquait un lien de causalité.
En outre, en raison de la conception du questionnaire de l’étude, la différenciation des types de boissons sucrées est limitée et il n’est pas possible de catégoriser spécifiquement les édulcorants artificiels.
Toutefois, Xuehong Zhang et Longgang Zhao ont fait remarquer que « si les résultats de notre étude sont confirmés, la réduction de la consommation de boissons sucrées pourrait devenir une stratégie de santé publique pour alléger le fardeau des maladies du foie ».
« Nous devrions promouvoir un régime alimentaire moins riche en sucre, plutôt que de nous contenter de réduire les calories et les graisses, comme le faisait jusqu’à présent le message nutritionnel confus », a déclaré le Dr Jason Fung.
« Étant donné que l’étude s’est concentrée sur les femmes ménopausées, des études impliquant des hommes et des femmes plus jeunes sont nécessaires pour examiner les associations de manière plus complète. En outre, des recherches supplémentaires sont nécessaires pour élucider les mécanismes potentiels (liant la consommation de boissons sucrées aux maladies et au cancer du foie) en intégrant la génétique, les études animales/expérimentales et les données omiques », ont-ils expliqué.
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