La présence de DDT, un puissant insecticide interdit dans les années 1970, persiste dans les lacs du Nouveau-Brunswick dans l’Est du Canada près de 50 ans plus tard et il pourrait altérer la vie de micro-organismes à la base de la chaîne alimentaire, selon une étude publiée mercredi.
De 1952 à 1968, des avions ont pulvérisé plus de 6.280 tonnes de DDT sur les forêts de la province du Nouveau-Brunswick pour les protéger contre un insecte nuisible, soit « l’un des plus vastes » programmes du genre en Amérique du Nord, indique cette étude publiée dans le journal de la Société américaine de chimie (ACS).
Une prise de conscience grandissante dans la population des effets nocifs du DDT sur la faune sauvage a entraîné une réduction de l’utilisation de l’insecticide dans la région jusqu’à son interdiction en 1972.
Mais des chercheurs dirigés par le Pr Joshua Kurek de l’université Mount Allison au Nouveau-Brunswick en ont trouvé des traces dans des sédiments lacustres qui « dépassent toujours les niveaux considérés comme sûrs pour les organismes aquatiques », ont-ils déclaré dans un communiqué.
Ils ont également identifié un risque que le DDT ait pénétré dans la chaîne alimentaire. Des études antérieures avaient montré que de petits crustacés d’eau douce, comme les puces d’eau (Cladocera), un bio-indicateur, sont sensibles au DDT.Les chercheurs se sont demandé si une utilisation élevée de DDT dans les années 1950 et 1960 aurait pu affecter ces populations de zooplancton dans les lacs, et si ces changements, ainsi que le DDT, persistent encore aujourd’hui.
Pour le savoir, les chercheurs ont prélevé des carottes de sédiments qui s’étaient accumulés par couches au fond des lacs entre 1890 et 2016. L’équipe a analysé les concentrations de DDT et de ses produits connexes dans des couches minces des sédiments, concluant que les concentrations maximales de DDT avaient généralement été atteintes dans les années 1970 et 1980.
Lorsque les chercheurs ont examiné les sédiments à la recherche de restes partiellement fossilisés de puces d’eau, ils ont constaté que ces dernières avaient connu une mutation majeure dans pratiquement tous les lacs à partir des années 1950, lorsque le DDT a commencé à être largement utilisé. A partir des années 1950, les puces d’eau avaient tendance a être beaucoup plus petites et d’être ainsi généralement plus tolérantes aux contaminants.
L’équipe estime que « les organismes aquatiques de ces lacs, sont encore exposés à des quantités appréciables de DDT enfouis dans les sédiments et que leurs tissus peuvent en contenir de hauts niveaux ». « Nous croyons qu’il existe un potentiel d’un transfert direct de DDT d’un écosystème lacustre à terrestre », concluent les chercheurs, laissant entendre que des truites se nourrissant de ces puces d’eau sont également contaminées.
D.C avec AFP
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