Vladimir Poutine et son homologue azerbaïdjanais Ilham Aliev ont vivement dénoncé vendredi des propos du dirigeant français Emmanuel Macron, qui a accusé cette semaine Moscou de chercher à déstabiliser le Caucase, et Bakou d’avoir attaqué l’Arménie.
La Russie, empêtrée dans son offensive en Ukraine, a perdu ces derniers mois de l’influence dans le processus de médiation entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, au profit des Occidentaux, dans une région où Moscou sert historiquement d’arbitre.
Lors d’une interview, Emmanuel Macron a affirmé mercredi que Moscou avait « joué le jeu de l’Azerbaïdjan avec une complicité turque », lors du conflit en 2020 entre Bakou et Erevan pour le contrôle de l’enclave du Nagorny Karabakh. « C’est une manœuvre de déstabilisation de la Russie qui, dans le Caucase, cherche à créer le désordre pour tous nous affaiblir et nous diviser », a-t-il estimé.
Il a aussi affirmé que la France ne « lâcherait jamais » les Arméniens et que l’Azerbaïdjan avait lancé en 2020 « une guerre terrible » dans le Nagorny Karabakh, ainsi que des « offensives » en septembre, à la frontière officielle entre les deux pays.
Vendredi, Vladimir Poutine et Ilham Aliev ont balayé ces propos d’une seule voix. « Je pense qu’il y a une absence de compréhension du déroulement du conflit dans ces déclarations, et visiblement, d’informations de la France sur la position des parties », a réagi le président russe, s’exprimant lors d’un sommet de pays d’ex-URSS à Astana au Kazakhstan, et jugeant les propos de M. Macron « incorrects » et « inacceptables ».
Également présent à Astana, le président azerbaïdjanais, Ilham Aliev, a vilipendé des déclarations « insultantes, inacceptables, mensongères ». « Nous ne voyons plus aucune possibilité (…) pour la France de jouer un rôle quelconque dans la normalisation des relations azerbaïdjano-arméniennes », a-t-il lâché. Le Premier ministre arménien, Nikol Pachinian, depuis Astana, a lui affirmé que l’Azerbaïdjan avait « l’intention d’occuper plus de territoires arméniens ».
Un traité de paix difficile à obtenir
Cette nouvelle volée de reproches risque encore de miner les efforts pour trouver un traité de paix entre ces deux ex-républiques soviétiques du Caucase. Le 6 octobre, à Prague, des négociations avaient pourtant eu lieu entre Nikol Pachinian, Ilham Aliev, Emmanuel Macron et le président du Conseil européen Charles Michel. L’UE avait ensuite annoncé une « mission civile » en Arménie pour aider à délimiter la frontière entre les deux pays.
Les chefs des diplomaties arménienne et azerbaïdjanaise s’étaient également retrouvés à Genève, le 3 octobre, après une médiation américaine et européenne, pour commencer à travailler sur un projet de traité de paix.
Vendredi, Vladimir Poutine a dit qu’il reparlera du sujet avec le président français « si l’occasion se présente ». Il a aussi invité Nikol Pachinian et Ilham Aliev à se rencontrer en Russie. Parallèlement, le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, et ses homologues arménien et azerbaïdjanais, Ararat Mirzoian et Djeyhoun Baïramov, se sont rencontrés le même jour à Astana pour des négociations.
Une situation instable
L’Arménie, alliée de la Russie, et l’Azerbaïdjan, soutenu par la Turquie, se sont affrontés lors de deux guerres au cours des trois dernières décennies pour le contrôle du Nagorny Karabakh, une enclave à majorité arménienne.
La dernière guerre, à l’automne 2020, a fait 6.500 morts et s’est achevée sur un cessez-le-feu sous médiation de Moscou, qui a déployé sur place un contingent de soldats de maintien de la paix. Mais ces derniers mois, l’UE et les États-Unis ont pris l’initiative dans les pourparlers pour négocier un traité de paix, alors que la Russie est accaparée par son intervention en Ukraine.
Malgré ces tentatives de médiation, la situation reste instable. En septembre, au moins 286 personnes ont été tuées dans de nouveaux affrontements à la frontière entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, faisant craindre une nouvelle guerre d’ampleur.
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