L’idée du gouvernement de taxer davantage les complémentaires santé pour qu’elles « restituent » à l’État la hausse de leurs cotisations 2025 « serait surréaliste », a déploré mercredi la Mutualité Française, refusant d’être la « variable d’ajustement » des difficultés budgétaires de la Sécurité sociale.
La semaine dernière, la ministre de la Santé Catherine Vautrin avait estimé que l’augmentation des cotisations des complémentaires santé en 2025 – de 6% en moyenne selon La Mutualité Française – avait été décidée par les organismes pour financer des mesures un temps envisagées par l’exécutif : la baisse du taux de remboursement par l’Assurance maladie des consultations médicales et médicaments, pour transférer aux complémentaires un milliard d’euros de charges. Mais le nouveau Premier ministre, François Bayrou, a récemment annoncé l’abandon de ces mesures et les complémentaires doivent « restituer » l’argent, a estimé Mme Vautrin.
Selon des informations de presse, le gouvernement envisagerait d’augmenter la taxe de solidarité additionnelle, versée par les complémentaires santé pour financer la C2S (complémentaire santé solidaire). La Mutualité n’a « pas d’informations ». Mais « il n’y a pas d’argent à rendre », et « s’il y en avait, ce serait aux adhérents, certainement pas à l’État », a réagi mercredi le président de la Mutualité, Éric Chenut, lors d’une conférence de presse, estimant « bien hasardeux » d’estimer si les cotisations 2025 seront « trop importantes ou pas au regard de la dynamique des dépenses de santé ».
Pas là pour « lever les recettes de l’assurance maladie »
En 2025, les complémentaires devront absorber de nouvelles dépenses dont « l’impact des revalorisations des consultations médicales » entrées partiellement en vigueur fin décembre, et de « revalorisations paramédicales ».
Par ailleurs, quand l’ex-gouvernement a évoqué les transferts de charges à l’automne, « la plupart des organismes complémentaires » avaient déjà calculé leurs tarifs 2025 « sans intégrer » ces mesures, a assuré M. Chenut. Demander une rétribution « serait complètement surréaliste », a-t-il jugé.
La France se situe « déjà sur un niveau de taxation de la complémentaire santé inégalé en Europe », qui représente « deux mois de cotisations », a-t-il insisté. Et les complémentaires « sont là pour couvrir un aléa » lié à la santé, pas pour « lever les recettes de l’assurance maladie ».
Il a estimé que le déficit de l’Assurance maladie est principalement lié aux mesures décidées lors du Ségur de la Santé (revalorisation des soignants, investissements…), mais « non financées », et aux « 3 milliards d’exonérations de cotisations » des entreprises, « plus compensées » par l’État depuis 2020. « On ne voit pas pourquoi on devrait être les variables d’ajustement de décisions budgétaires qui ne nous concernent pas », a-t-il conclu.
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