Les actes antisémites recensés en France sont restés à un niveau « historique » l’an dernier, à 1570 contre 1676 en 2023, selon un rapport publié mercredi par le Crif qui déplore que la thématique palestinienne ait servi de « puissant catalyseur ».
« Pour la deuxième année consécutive, nous faisons face à un nombre historique d’actes antisémites », explique le Crif (Conseil représentatif des institutions juives de France) dans ce rapport compilant des chiffres recensés par le Service de protection de la communauté juive et le ministère de l’Intérieur.
Ces chiffres représentent certes une baisse de 6,3% sur un an, mais l’année 2023 avait enregistré des niveaux records, avec une « explosion » après le 7 octobre 2023, date de l’attaque du Hamas qui a entraîné la mort de 1210 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP basé sur des données officielles.
En 2024, on compte 192 actes antisémites commis dans le milieu scolaire et ayant fait l’objet d’une plainte, soit 12,2 % de l’ensemble des actes antisémites recensés cette année. pic.twitter.com/verKOItUZI
— CRIF (@Le_CRIF) January 22, 2025
En représailles, Israël a lancé une offensive dévastatrice dans la bande de Gaza assiégée, qui a fait au moins 47.107 morts, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l’ONU, et a provoqué un désastre humanitaire. « Le 7 octobre a servi d’appel mondial lancé au passage à l’acte antisémite », affirme à l’AFP Yonathan Arfi, le président du Crif.
« 65% des actes sont des atteintes aux personnes »
À titre de comparaison, 436 actes antisémites avaient été recensés en 2022 et depuis 2012 ils oscillaient entre 311 et 851 par an. Ces chiffres recouvrent uniquement les actes ayant fait l’objet d’une plainte, et donc « cela ne recoupe pas l’ensemble du phénomène de l’antisémitisme en France », ajoute Yonathan Arfi qui explique : « Malheureusement une bonne partie du phénomène ne donne pas lieu à des dépôts de plainte, notamment dans le monde scolaire. »
L’an dernier « certains actes ont été extrêmement violents », souligne le rapport, en rappelant la tentative d’incendie à la synagogue de La Grande-Motte en août, l’incendie de la synagogue de Rouen en mai et le viol d’une enfant juive de 12 ans mi-juin à Courbevoie, en banlieue parisienne. « L’une des particularités du phénomène est que 65% des ces actes sont des atteintes aux personnes », résume Yonathan Arfi. Sur un total de 1024, la majorité de ces atteintes aux personnes ont été des propos ou des gestes menaçants (652), et 106 ont consisté en des violences physiques.
Les 546 atteintes aux biens ont quant à elles essentiellement été des inscriptions antisémites (432) et des dégradations (88). Le rapport met aussi l’accent sur « la thématique de la Palestine et la rhétorique anti-israélienne » qui sont qualifiées de « catalyseurs d’actes antisémites et responsables d’un climat d’hostilité envers les Juifs ».
Plus de 30% concernent « la question de la Palestine »
Ainsi, 518 des actes recensés l’an dernier, soit plus de 30%, ont fait « explicitement référence à la question de la Palestine », selon ce rapport. Le Crif fait aussi état d’une « nette hausse des actes antisémites » constatée entre le 27 mai et le 10 juin, sur fond de campagne électorale européenne et d’opération militaire israélienne à Rafah.
Il déplore « le martèlement de l’accusation mensongère de génocide, ainsi que son corollaire consistant à accuser les soutiens d’Israël d’être “pro-génocide” » qui ont contribué « à diaboliser l’image des Juifs en France ».
Enfin le Crif annonce 192 actes antisémites dans le milieu scolaire, soit 12% du total recensé sur l’année. Ces chiffres sont inférieurs à ceux publiés par les ministères de l’Éducation nationale et de l’Enseignement supérieur car « la majorité des actes signalés par les établissements scolaires à leurs ministères respectifs ne font pas l’objet de plainte », ajoute le rapport.
Reste que « les élèves juifs représentent moins de 1% des élèves, mais ils sont l’objet de près de 50% des violences ou incidents » racistes et antisémites signalés par les établissements, souligne Yonathan Arfi.
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