Voilà le bureau d’un mystérieux roi qui fut mêlé à des intrigues politiques au XIXe siècle. Son extérieur opulent respire toujours la royauté tandis que son intérieur caché gardait autrefois les secrets de son propriétaire à l’abri du monde extérieur.
Sympathisant des rébellions à une époque de repli monastique, le roi Carlo Alberto de Sardaigne (1798-1849) a fait fabriquer à son intention ce bureau. Truffé de compartiments secrets, il a peut-être gardé des correspondances qu’il souhaitait protéger des regards indiscrets.
Par un coup du sort, cependant, ce bureau a atterri à la Nouvelle-Orléans, dans la salle des ventes M. S. Rau, où il se retrouvera bientôt entre les mains du meilleur enchérisseur. Il pourrait finir dans le bureau d’un avocat ou devenir le joyau de la couronne d’un luxueux salon, alors que son futur propriétaire fera fructifier son héritage historique.
Comme vous pouvez l’imaginer, ce bureau royal, fabriqué vers 1840, coûte très cher : les enchères démarrent à 266.500 dollars.
Ce bureau royal et son fauteuil assorti sont entièrement décorés. Des sculptures et des incrustations s’étalent sur toute la surface vernie. Ce meuble est fabriqué avec les meilleurs acajous, satins et buis de Cuba. Des volutes complexes et des guirlandes de feuillage ornent l’ensemble, tandis que des roses sculptées à l’extérieur et des roses assorties à l’intérieur symbolisent la royauté. Des têtes de lion ornent les bras du fauteuil, des pattes de lion sculptées reposent à sa base. Des griffes de lion sont incrustées dans du buis.
Pourtant, une grande partie de ce meuble reste invisible, évoquant ainsi ce mystérieux roi de Sardaigne. Il y a des tiroirs et des boutons de déblocage cachés partout sur le bureau. Il suffit de tourner une clé pour ouvrir deux compartiments identiques à l’avant, chacun révélant des éléments décoratifs. L’un d’eux présente un buste en bois de Socrate entouré de tiroirs dissimulés sous forme de colonnes sculptées.
Les secrets semblent infinis, les compartiments s’emboîtant les uns dans les autres (nous en avons compté 35 au total).
« Des dizaines de compartiments sont dissimulés dans cette structure magnifique, accessibles uniquement au moyen d’une clé et d’un savoir-faire approprié », a déclaré Kristin Core, de M. S. Rau, au journal Epoch Times. « Le roi Carlo Alberto a orchestré de nombreuses actions politiques, de sorte qu’il a toujours conservé une grande quantité de courriers et de plans confidentiels ».
Une autre caractéristique inédite de ce bureau tient à la présence d’un charmant « mini-bureau » qui surgit au centre du bureau orné de marqueteries. Le plus petit des deux meubles possède ses propres petits tiroirs cachés derrière des portes qui s’ouvrent d’une simple pression du doigt. Le fauteuil, quant à lui, recèle de petits compartiments sous l’assise et dans l’ensemble de la structure.
« On pourrait le qualifier de prudent ou de paranoïaque, mais vu le nombre de collaborateurs qui travaillaient chez lui, il voulait certainement garder ses documents sensibles sous clé », a expliqué Mme Core. « Les nombreux compartiments cachés constituaient donc la solution ingénieuse à ses préoccupations quant à sa vie privée. »
Lorsque la maison de vente aux enchères a acquis le bureau et la chaise pour la première fois, l’ancien propriétaire s’est contenté de dire qu’il y avait « de nombreux compartiments cachés » ; aucune vidéo n’expliquait comment procéder, a déclaré Mme Core. Pourtant, en tant qu’experts en mobilier ancien, les commissaires-priseurs ont rapidement réussi à percer tous les secrets de ce bureau, du moins à leur connaissance.
« Il a fallu quelques semaines à nos spécialistes pour trouver tous les compartiments ! » a précisé Mme Core. « Heureusement, c’est un groupe dynamique capable de régler tous les problèmes. La tâche n’a donc pas été trop ardue. »
Les commissaires-priseurs expérimentés peuvent désormais ouvrir le bureau dans son intégralité en quelques minutes. Dans un clip qu’ils ont mis en ligne, ils présentent quelques-uns des points forts de ce bureau, et le bureau entièrement déployé.
Le roi derrière le bureau
La vie du roi Carlos Alberto est compliquée, puisqu’il a vécu une époque mouvementée. Ses actions en tant que monarque allaient de la révolution à l’absolutisme. Partisan du mouvement libéral européen, il a été impliqué dans la première Constitution italienne et s’est battu pour soutenir la monarchie constitutionnelle. Plus tard, il a renoncé à son soutien et s’est joint à l’expansion royaliste contre les libéraux espagnols.
Le roi Carlo Alberto a entraîné la Sardaigne dans la première guerre d’indépendance (1848-1849), qui a permis à l’Italie de franchir les premières étapes de son unification. Cependant, après avoir été vaincu par l’Autriche en 1849, le roi a abdiqué en faveur de son fils, Victor Emmanuel II. Il est parti en exil à Porto, au Portugal, où il est décédé la même année.
(Avec l’aimable autorisation de M.S. Rau, News Orleans)
Quant à savoir comment le bureau du roi Carlo Alberto s’est retrouvé entre les mains de ses derniers propriétaires, Mme Core n’a pu que dire : « Nous aimerions connaître tous les mystères que recèle ce bureau ». Ce qu’elle sait, c’est qu’il a été fabriqué pour le roi Carlo Alberto de Sardaigne vers 1840 et qu’il est resté longtemps entre les mains de la famille du roi.
Le roi de Sardaigne n’a pas lésiné sur les moyens pour faire de ce bureau un objet d’exception. Bien qu’une grande partie de son histoire nous échappe aujourd’hui, une chose reste incontestable : la majesté, le savoir-faire et les idées sous-jacentes à l’ensemble ne pouvaient être destinés qu’à des membres de la famille royale.
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