Après avoir interrogé plus de 3000 élèves sur la gentillesse, j’ai beaucoup appris sur la façon dont les enfants et les adolescents comprennent et mettent en pratique cette qualité, surtout à l’école. Les résultats pourraient surprendre les parents et les éducateurs.
Les chercheurs ont beaucoup étudié les effets de la gentillesse sur le bien-être des individus. Ils ont découvert que des gestes de bonté comme payer quelque chose à un étranger, compter le nombre d’actes de gentillesse faits chaque semaine et agir de manière bienveillante avec les gens de son entourage sont des facteurs qui contribuent au bien-être.
Lorsque j’ai commencé à étudier la gentillesse en tant que chercheur en éducation à l’Université de la Colombie-Britannique, j’ai remarqué qu’on ne disposait d’aucune mesure pour évaluer les perceptions de la gentillesse à l’école. Nous savions également très peu de choses sur la façon dont les enfants comprenaient la gentillesse et la manifestaient.
Mesurer et définir la bonté
Mon incursion dans la compréhension de la bonté a commencé en cherchant à la mesurer. J’ai fait équipe avec deux collègues, Anne M. Gadermann, spécialiste des déterminants sociaux de la santé, et Kimberly A. Schonert-Reichl, psychologue du développement appliqué. Avec eux, j’ai mis au point l’échelle de bonté à l’école.
À l’aide d’une échelle de cinq points, j’ai interrogé 1753 élèves de la fin du primaire au début du secondaire sur la fréquence à laquelle la gentillesse se manifestait dans leur école et dans quelle mesure elle était encouragée et modelée par les professeurs et les autres intervenants en milieu scolaire.
Les résultats de cette étude ont révélé des différences de perception de la gentillesse à l’école selon le sexe, les filles ayant des perceptions plus élevées de la gentillesse à l’école que les garçons.
Nous avons également noté une tendance négative : les élèves perçoivent leur école comme étant un milieu de moins en moins « aimable » de la fin du primaire au début du secondaire. Ce phénomène coïncide avec les conclusions de chercheurs canadiens et italiens qui ont constaté une diminution du comportement prosocial de l’enfance à l’adolescence et que les élèves deviennent moins connectés à l’école à mesure qu’ils passent de l’enfance à l’adolescence.
Avec Holli-Annie Passmore, étudiante-chercheuse aux cycles supérieurs, j’ai également voulu explorer la compréhension de la bonté chez les enfants.
Les enfants qui ont mesuré la gentillesse sur l’échelle de cinq points ont également répondu à une série de questions ouvertes sur la gentillesse telles que « Qu’est-ce que cela signifie d’être gentil ? » et « Peux-tu donner un exemple d’acte de gentillesse que tu as fait à l’école ? »
Nous avons constaté que trois thèmes représentaient environ 68% de toutes les réponses : aider (environ 33%), faire preuve de respect (environ 24%) et encourager ou défendre (environ 11%).
À quoi ressemble la gentillesse
Comme il y a très peu d’études réalisées auprès de jeunes enfants, j’ai demandé à des centaines d’élèves de cinq à huit ans à quoi ressemblait la gentillesse et de l’illustrer par un dessin d’eux faisant quelque chose de gentil à l’école.
Cette méthodologie du «dessin-témoignage» a révélé de riches exemples de la gentillesse des jeunes élèves. J’ai constaté que les thèmes dominants de la bonté chez les jeunes enfants comprenaient aider physiquement, aider émotionnellement et partager.
À partir d’une étude de 112 dessins d’enfants, j’ai proposé que la gentillesse, du point de vue des jeunes enfants, est un « acte de soutien émotionnel ou physique qui aide à établir ou à maintenir des relations avec les autres ».
J’ai également demandé aux jeunes enfants ce qu’ils pensaient de la gentillesse des enseignants. Cela a ouvert de nouvelles voies dans la recherche sur la gentillesse et a ouvert une fenêtre sur les relations entre les élèves et les enseignants.
Étonnamment, lorsqu’on a demandé à plus de 650 enfants de la maternelle à la troisième année d’illustrer la gentillesse d’une enseignante ou d’un enseignant, près des trois quarts ont dessiné un enseignant en train… d’enseigner.
Ce qui était également intéressant, c’est que les élèves dessinent des enseignants qui aident un camarade de classe – un pair – dans la classe. Cette constatation a renforcé le fait que les élèves soient très attentifs. L’enseignement aux camarades de classe est perçu comme de la gentillesse de la part des enseignants.
Cette constatation devrait aider les éducateurs à mieux comprendre comment établir des relations positives avec les élèves. Ce n’est pas tant les sorties scolaires,
les conférenciers invités et les événements spéciaux qui encouragent les élèves à décrire leur enseignant comme étant gentil. Du point de vue des jeunes enfants, les enseignants sont gentils quand ils enseignent.
La gentillesse tranquille
Sur la base de cette étude et d’autres mentionnées ci-dessus, il est devenu évident que les enfants et les adolescents pratiquaient la gentillesse de diverses manières, se classant dans au moins trois catégories distinctes.
La plupart des gens connaissent bien la gentillesse « aléatoire », plus justement appelée la gentillesse « réactive », soit la gentillesse où nous réagissons à un besoin perçu de soutien physique ou émotionnel.
La deuxième catégorie est ce que j’appelle la « bonté intentionnelle », une bonté planifiée, pensée et offerte pour répondre aux besoins physiques, sociaux ou émotionnels d’une personne.
La dernière façon dont les enfants et les adolescents illustrent la bonté est par ce que j’appelle la « gentillesse tranquille », une bienveillance socialement et émotionnellement sophistiquée que seul l’initiateur connaît. Cette catégorie de gentillesse exige de l’empathie et un faible besoin de reconnaissance ou de renforcement.
D’autres recherches sont nécessaires pour déterminer dans quelle mesure les types de gestes des enfants et des adolescents entrent dans ces catégories et s’il y a des avantages au bien-être découlant de la pratique de différents types de bonté.
Encourager la bonté intentionnelle
Il n’a pas été facile pour tous les élèves de définir et de donner des exemples de gestes aimables, et certains élèves avaient besoin d’aide pour être aimables. J’ai donc développé un modèle pour encourager la bonté intentionnelle en classe. Les élèves doivent d’abord identifier les personnes qui ont besoin de bienveillance, puis suivre un guide étape par étape pour planifier un acte de gentillesse à l’intention des autres. Il s’agit notamment de décider si l’acte sera motivé par le temps et l’effort (comme pelleter l’entrée de quelqu’un) ou s’il nécessitera du matériel (par exemple, faire un panier cadeau à quelqu’un).
Les éducateurs et les parents sont bien placés pour créer les conditions qui encouragent les enfants et les adolescents à être gentils. Ce faisant, on contribue à créer des communautés d’apprentissage qui favorisent des relations optimales entre pairs, des relations élèves-enseignants saines et un environnement scolaire bienveillant.
Article écrit par John-Tyler Binfet, Associate Professor, Faculty of Education, University of British Columbia
Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.
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