Elle était déjà connue pour des troubles du comportement. Mercredi matin, une élève de 12 ans a menacé avec un couteau une professeure d’anglais dans un collège de Rennes. Après un examen psychiatrique, l’élève a été hospitalisée.
L’examen psychiatrique réalisé a conclu que « la mineure était ‘‘dangereuse pour elle-même’’ et que son état nécessitait des soins en milieu spécialisé », a indiqué le procureur de la République de Rennes Philippe Astruc dans un communiqué. Voici des précisions du procureur sur le déroulement des faits.
Mercredi matin vers 9h30 au collège Les Hautes Ourmes, établissement REP+ situé dans un quartier populaire de Rennes, l’enseignante projetait un film pédagogique à une classe en demi-groupe.
« Je suis folle aujourd’hui »
La professeure, comme elle l’a indiqué aux enquêteurs, a constaté qu’une élève était « agitée ». Après s’être assise à côté d’elle, la professeure a entendu l’adolescente lui dire à voix basse : « Je suis folle aujourd’hui, j’ai envie de tuer quelqu’un aujourd’hui, j’ai envie de tuer les élèves qui ne m’aiment pas et la personne en face de moi. Ça s’est passé à Arras et je vais faire pareil », en référence à l’assassinat du professeur de français Dominique Bernard.
Elle a ensuite « sorti de son cartable un couteau imposant », a précisé M. Astruc. La professeure d’anglais a alors décidé « d’évacuer la salle » avant de sortir à son tour « avec l’élève menaçante derrière elle ». Une professeure d’espagnol qui faisait cours en face « se rend dans le couloir et agrippe sa collègue, la fait entrer dans sa classe et ferme à clé et ordonne le confinement de ses élèves », a ajouté le magistrat.
Pendant ce temps, l’élève poursuit son cheminement dans l’établissement. Un Conseiller principal d’éducation (CPE) et un médiateur qui ont entendu une agitation anormale et des cris des élèves, « montent les étages et se trouvent nez à nez avec l’élève menaçante », lui demandant de lâcher son couteau. Elle s’enfuit mais les deux hommes parviennent finalement à la maîtriser.
Le magistrat a montré une photo de l’impressionnant couteau de cuisine, doté d’une lame de 17 cm, que brandissait l’élève. Le ministre de l’Éducation nationale Gabriel Attal a salué « l’immense courage et le sang-froid des personnels sur place qui ont su réagir face à cette menace ».
Déjà exclue pour menaces et insultes
Le procureur de Rennes a ensuite détaillé la personnalité de la mise en cause, qui s’est d’abord retrouvée en raison de son jeune âge en « retenue judiciaire », procédure pouvant durer 12h et renouvelable 12h, avant d’être hospitalisée après examen psychiatrique.
La jeune adolescente, née à Marseille, est l’aînée d’une famille d’origine mongole composée de quatre enfants, en situation régulière, arrivée à Rennes en 2012 et inconnue de la police.
Le magistrat a précisé que la famille était athée et qu’il n’y avait pas « d’élément de radicalisation ». En revanche, cette élève avait été exclue en juin d’un autre collège de Rennes pour menaces et insultes sur un professeur et avait déjà apporté un couteau dans l’établissement sans en faire usage, selon M. Astruc.
Selon une source proche du dossier et un témoin, l’élève s’était vu confisquer son téléphone portable la semaine dernière par l’enseignante, ce qui aurait pu être à l’origine d’un contentieux. « Très honnêtement, je ne suis pas sûr que ce soit l’élément central de ce passage à l’acte », a estimé M. Astruc.
Cette agression, qui a conduit à l’ouverture d’une enquête pour tentative d’homicide volontaire sur personne chargée d’une mission de service public, est survenue dans un contexte tendu dans les établissements scolaires.
« La tension n’est pas vraiment redescendue »
Pour Matthieu Mahéo, secrétaire académique du SNES-FSU Bretagne, « c’est un événement isolé mais qui intervient dans un contexte où la tension n’est pas vraiment redescendue depuis l’assassinat de Dominique Bernard avant les vacances de la Toussaint ».
Cette affaire intervient deux mois jour pour jour après l’assassinat du professeur de français poignardé à mort à Arras (Pas-de-Calais) le 13 octobre 2023.
Et quasiment trois ans après l’assassinat du professeur d’histoire Samuel Paty, le 16 octobre 2020 à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines), poignardé puis décapité près de son collège après avoir montré à ses élèves des caricatures de Mahomet lors de cours sur la liberté d’expression.
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