Cette série d’ouragans (Harvey, Irma, Jose et Katia) intensifie le débat scientifique

9 septembre 2017 17:00 Mis à jour: 11 septembre 2017 17:05

La formation rare, coup sur coup, dans l’Atlantique de quatre ouragans de grande puissance qui sèment la mort et la dévastation, intensifie le débat scientifique sur la force et la fréquence de ces phénomènes météorologiques extrêmes.

« Nous avons actuellement trois ouragans dans l’Atlantique avec des vents de plus de 144 km/h, ce qui est seulement la quatrième fois que cela se produit dans les annales », relevait Phil Klotzbach, un scientifique du département des sciences atmosphériques de l’Université du Colorado vendredi.

La puissance des ouragans est mesurée par l’échelle de Saffir-Simpson, qui va de la catégorie 1 –la plus faible– à la catégorie 5 pour des ouragans particulièrement destructeurs.

Irma, une gigantesque dépression qui fait la taille du Texas, vient de frapper Cuba et se dirige sur la côte ouest de la Floride. Elle oscille entre catégorie 4 et 5 avec des vents soutenus de 240 à 295 km/h. Jose qui avance dans le sillage d’Irma, mais un peu plus au nord est un ouragan de Catégorie 4, selon les données du Centre américain des ouragans (NHC).

L’ouragan Kathia a finalement été rétrogradé en tempête tropicale au-dessus du Mexique. Il y a 15 jours la partie sud-est du Texas a été littéralement noyée sous les trombes d’eau de Harvey.

Quand Irma frappera la Floride dimanche matin ce sera la première fois que deux ouragans de catégorie 4 ou plus s’abattent sur les États-Unis pendant la même saison qui va du 1er juin au 30 novembre, septembre étant le mois plus actif historiquement.

Mais s’agit-il de quelque chose de nouveau ?

Un cycle actif dans l’Atlantique depuis 1995

Pour Gabriel Vecchi, professeur de géophysique à l’Université de Princeton (New Jersey), cette intense activité cyclonique s’explique probablement par le fait que « nous sommes depuis 1995 dans un cycle actif dans l’Atlantique » même si toutes ces années n’ont pas connu de forte activité.

Ainsi la période de 2013 à 2016 a été très calme ce qui s’explique en partie par la présence du courant équatorial du Pacifique El Nino.

Ce courant périodique chaud produit un phénomène de cisaillement des vents qui désamorce la formation des ouragans.

Les décennies 1960, 1970 et 1980 avaient été marquées par une activité relativement faible des ouragans durant la saison avant un changement à partir du milieu des années 1990, explique à l’AFP le professeur Vecchi.

Mais de quoi relève-t-il ? Il y a un débat parmi les scientifiques sur les origines de ce changement attribué souvent à une réduction de la pollution de l’atmosphère au-dessus de l’Atlantique.

Après la Deuxième Guerre mondiale, il y a eu un développement industriel important aux États-Unis et en Europe provoquant une forte pollution avec de plus en plus d’aérosols sulfatés qui bloquaient les rayons du soleil.

Cela a refroidi l’océan et rendu les conditions moins propices à la formation des ouragans alimentés par la chaleur et l’humidité.

Deux facteurs principaux pourraient contribuer à cette période active

Avec la mise en place de mesures de contrôle de cette pollution comme le « Clean Air Act » aux États-Unis, la pollution a diminué à partir des années 1970 ce qui a permis au soleil de réchauffer davantage les eaux de l’Atlantique.

Le réchauffement climatique résultant de l’accroissement des émissions de gaz à effet de serre liés aux activités humaines depuis les dernières décennies y a aussi contribué, souligne le professeur Vecchi.

Mais, ajoute-t-il, d’autres scientifiques pensent qu’il y a une alternance naturelle de cycles actifs et calmes des saisons d’ouragans en fonction de la variation des températures dans l’océan Atlantique résultant du courant appelé « l’oscillation atlantique multidécennale » qui s’étend sur plusieurs décennies.

« Actuellement le grand débat dans la communauté scientifique porte sur le fait de savoir si ce réchauffement est dû à ce courant marin ou à la réduction de la pollution atmosphérique », résume le professeur Vecchi.

« Je pense …qu’il y a des indications suggérant que ces deux facteurs ont contribué au refroidissement, car ils pourraient ne pas être séparés », estime-t-il.

Pour le climatologue Michael Mann de l’Université de la Pennsylvanie, la forte hausse des températures des eaux océaniques ces dernières années est la signature du réchauffement climatique qui contribue à l’intensité de ces tempêtes.

« Ces dernières années, alors que les températures à la surface des océans ont atteint des niveaux record, nous avons vu les ouragans les plus intenses mesurés par la vitesse des vents dans les hémisphères sud et nord, dans le Pacifique et maintenant dans l’Atlantique avec Irma », a-t-il expliqué dans un courriel à l’AFP.

 

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