Cinq leçons à tirer du vaste plan de tarifs douaniers réciproques de Donald Trump

Les États-Unis prévoient d'imposer à tous leurs partenaires commerciaux des droits de douane d'un montant équivalent à ceux imposés aux États-Unis, a déclaré le Président

Par Andrew Moran
14 février 2025 23:56 Mis à jour: 14 février 2025 23:56

Le président Trump a annoncé l’instauration de droits de douane réciproques sur tous les partenaires commerciaux des États-Unis, « dans un souci d’équité ».

S’exprimant dans le Bureau ovale le 13 février, le Président a confirmé qu’il mettrait en œuvre des droits de douane équivalents sur tout montant facturé par les pays aux États-Unis.

« Cela fonctionne très bien  », a déclaré M. Trump aux journalistes. « C’est un système magnifique et simple, et nous n’avons pas à nous soucier de faire payer trop ou pas assez. »

Les droits de douane pourraient entrer en vigueur dès le 2 avril, une fois l’étude terminée, a déclaré Howard Lutnick, le candidat de M. Trump au poste de secrétaire du ministère du Commerce, en s’exprimant aux côtés du Président dans le Bureau ovale.

Voici cinq éléments clés à retenir du dernier plan tarifaire de Trump

Pays les plus touchés

Les tarifs réciproques sont plus susceptibles d’affecter les économies de marché émergentes – le Brésil, l’Inde, le Vietnam et plusieurs pays d’Asie du Sud-Est et d’Afrique – car bon nombre de ces pays maintiennent actuellement des écarts tarifaires plus importants.

Les données de la Banque mondiale pour 2022 indiquent, par exemple, que le taux tarifaire effectif moyen pondéré de l’Inde sur les États-Unis était d’environ 9,5 %. Le taux moyen des droits de douane américains sur les produits indiens entrant dans le pays est d’environ 3 %.

« Traditionnellement, l’Inde est en tête de peloton », a déclaré M. Trump à la presse, notant que les États-Unis ne peuvent pas vendre de produits Harley-Davidson en Inde en raison des droits de douane élevés.

Il a fait ces commentaires avant sa rencontre avec le Premier ministre indien, Narendra Modi, dans le Bureau ovale, le 13 février.

« Ils imposent plus de droits de douane que n’importe quel autre pays », a-t-il souligné. « Nous en parlerons. »

Le Président a également cité Taïwan, affirmant que toute la production de puces avait été délocalisée des États-Unis vers Taïwan et qu’il souhaitait ramener la fabrication dans le pays.

En 2023, le taux tarifaire nominal moyen global de Taïwan pour les marchandises importées était de 6,34 %, allant de 4,13 % pour les produits industriels à 15,06 % pour les produits agricoles.

« L’industrie américaine continue de demander à Taïwan de réduire les droits de douane sur les importations de nombreux produits », a déclaré l’Administration du commerce international dans un rapport datant de janvier 2024.

Des ouvriers se tiennent à côté d’un tas de blé en cours de chargement sur un navire, au port maritime de l’Autorité portuaire Deendayal à Kandla, en Inde, le 18 mai 2022. (Sam Panthaky/AFP via Getty Images)

Le groupe des BRICS est mort

Le président Trump a averti que les pays des BRICS pourraient se voir imposer des droits de douane de 100 %.

Ces dernières années, les BRICS – un groupe de marchés émergents dirigé par le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud – ont défendu des initiatives contre le dollar américain, notamment en réglant les échanges bilatéraux dans les monnaies locales.

Le 13 février, M. Trump a déclaré que « [le groupe] des BRICS [est] mort ».

Le Président a promis à plusieurs reprises d’imposer des droits de douane aux pays qui s’engageraient dans des efforts de dédollarisation. Peu après les élections de novembre 2024, il a menacé d’imposer des droits de douane aux pays des BRICS qui tenteraient de remplacer le dollar américain comme monnaie de réserve.

Il a déclaré aux journalistes que les BRICS avaient été créés « dans un mauvais but », mais que désormais les membres s’abstenaient de discuter du bloc anti-dollar.

« Ils ont peur d’en parler parce que je leur ai dit que s’ils veulent jouer avec le dollar, ils seront frappés par des droits de douane de 100 % », a lancé M. Trump.

« Nous les tenons par le bout du nez. »

Cependant, certains observateurs estiment que la stratégie tarifaire de Donald Trump pourrait inciter d’autres pays à se diversifier par rapport au dollar.

« Je pense que les pays qui font l’objet de tarifs douaniers et de tarifs punitifs potentiels essaieront de se diversifier en abandonnant le dollar au profit d’un autre actif en termes de monnaie de réserve », a écrit Chris Mancini, gestionnaire de portefeuille au Gabelli Gold Fund, dans une note récente.

Le président des Émirats arabes unis, Cheikh Mohamed bin Zayed Al Nahyan, le président sud-africain Cyril Ramaphosa, le dirigeant chinois Xi Jinping, le président russe Vladimir Poutine, le Premier ministre indien Narendra Modi, le président égyptien Abdel Fattah al-Sisi, le président iranien Masoud Pezeshkian et le ministre brésilien des Affaires étrangères Mauro Vieira participent à une réunion du sommet des BRICS à Kazan, en Russie, le 23 octobre 2024. (Alexander Nemenov/POOL/AFP via Getty Images)

Trump s’en prend à la TVA de l’UE

Les droits de douane réciproques de l’administration visent également la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) de l’Union européenne, une taxe à la consommation appliquée à chaque étape du processus de production et de distribution sur tous les biens importés et services nationaux achetés et vendus dans le bloc commercial.

La TVA diffère de la taxe sur les ventes car cette dernière est facturée au point de vente.

Alors que le taux de TVA standard moyen de l’UE est de 21,8 %, la Maison-Blanche a déclaré que les droits de douane sur les exportations américaines entrant dans l’Union sont presque trois fois plus élevés.

M. Lutnick a qualifié cette mesure de « subvention à l’exportation », car l’UE supprimera la TVA lorsqu’elle vendra aux États-Unis.

« Nous allons donc nous adresser à chaque pays un par un, mais voici l’essentiel : ils recevront une invitation à commercer avec la plus grande économie de consommation du monde », a déclaré M. Lutnick à la presse.

« En échange du commerce avec la plus grande économie de consommation du monde, vous devez nous traiter comme nous le faisons pour vous. »

Les voitures américaines expédiées dans l’UE sont soumises à des droits de douane de 10 %. En revanche, les voitures européennes entrant aux États-Unis font l’objet d’une taxe de 2,5 %.

Si l’on tient compte de la TVA, les pays qui verront une augmentation des droits de douane américains seront l’Inde, l’Argentine, l’Afrique du Sud et les pays européens, selon une analyse de la Deutsche Bank.

Une cliente passe devant un panneau annonçant le taux réduit de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) dans un magasin de Bristol, en Angleterre, le 1er décembre 2008. (Matt Cardy/Getty Images)

Produits les plus touchés

Un large éventail de produits pourrait être affecté par le « plan équitable et réciproque » de l’administration américaine.

La Maison Blanche a donné des exemples de cas de figure où les États-Unis pourraient imposer des droits de douane réciproques.

« L’Union européenne peut exporter tous les coquillages qu’elle souhaite vers l’Amérique », peut-on lire dans une fiche d’information. « Mais l’UE interdit les exportations de coquillages de 48 de nos États, bien qu’elle se soit engagée en 2020 à accélérer les approbations pour les exportations de coquillages. En conséquence, en 2023, les États-Unis ont importé 274 millions de dollars de coquillages en provenance de l’UE, mais n’en ont exporté que 38 millions. »

Les exportations d’éthanol du Brésil sont soumises à des droits de douane de 2,5 %, alors que le pays sud-américain applique des droits de douane de 18 % aux exportations d’éthanol des États-Unis. L’année dernière, les États-Unis ont importé pour plus de 200 millions de dollars d’éthanol du Brésil, tandis que la première économie mondiale a exporté pour 52 millions de dollars d’éthanol vers le Brésil.

Les produits pharmaceutiques et les semi-conducteurs pourraient également être touchés par cette dernière initiative, a déclaré le président Trump.

Selon M. Trump, Taïwan a pris les entreprises américaines de fabrication de puces et la Chine les entreprises américaines de fabrication de produits pharmaceutiques.

« Nous voulons les ramener aux États-Unis », a-t-il déclaré à la presse. « S’ils ne les ramènent pas, nous ne serons pas très contents. »

Ces dernières années, les produits pharmaceutiques ont constitué la principale importation américaine en provenance de l’UE, totalisant plus de 90 milliards de dollars en 2022. Par conséquent, ces droits de douane pourraient affecter de manière significative le secteur des médicaments et des produits médicaux, qui comprend les médicaments amaigrissants et les instruments chirurgicaux.

Une image d’une plaquette électronique exposée au musée de l’innovation de la Taiwan Semiconductor Manufacturing Company (TSMC) à Hsinchu, à Taïwan, le 21 novembre 2024. (I-Hwa Cheng/AFP via Getty Images)

Les prix resteront inchangés ou baisseront

Un groupe d’économistes a déclaré que les projets de tarifs douaniers du Président pourraient raviver les pressions sur les prix. M. Trump a répondu qu’il n’était pas d’accord et a souligné à la presse que ses taxes n’avaient que peu d’effet sur l’inflation.

« Les prix pourraient augmenter quelque peu à court terme, mais ils baisseront également », a-t-il estimé. « Les Américains doivent donc se préparer à souffrir à court terme. »

« En fin de compte, les prix resteront les mêmes ou baisseront. »

Même s’il considère que des perturbations pourraient survenir à court terme, le Président a affirmé que les États-Unis en tireraient des avantages à long terme.

Pour M. Trump, ces politiques tarifaires vont permettre de créer plus d’emplois aux États-Unis.

« Nous savons que des emplois vont être créés à des niveaux jamais vus auparavant », a assuré M. Trump.

Le Président a également prévu que son programme économique contribuerait à faire baisser les taux d’intérêt.

Le mois dernier, la Réserve fédérale a maintenu ses taux d’intérêt inchangés et les derniers rapports sur l’inflation ont incité les investisseurs à revoir leurs attentes en matière de politique monétaire. Le marché des contrats à terme prévoit le prochain ajustement du taux d’intérêt d’un quart de point en septembre.

Le président de la Fed, Jerome Powell, qui a témoigné devant le Congrès cette semaine, a indiqué que l’institution ne se hâte pas d’abaisser les taux d’intérêt tant qu’il n’y a pas de progrès en matière d’inflation.

Le Président a appelé à une baisse des taux dans un message publié le 12 février sur Truth Social.

« Les taux d’intérêt devraient être abaissés, ce qui irait de pair avec les tarifs douaniers à venir ! » a écrit Donald Trump sur son compte de médias sociaux. « Ça va bouger en Amérique ! »

Interrogé sur les recettes générées par les droits de douane de l’administration, M. Trump a déclaré qu’il s’agirait d’un « montant stupéfiant ».

Selon le Comité pour un budget fédéral responsable, un organisme politique indépendant, les droits de douane de 25 % imposés par M. Trump au Canada et au Mexique et de 10 % imposés à la Chine pourraient générer environ 1,3 billion de dollars de recettes au cours des dix prochaines années.


Le président de la Réserve fédérale, Jerome Powell, témoigne devant la commission de la politique monétaire de la Chambre des représentants à Washington, le 12 février 2025. (Madalina Vasiliu/Epoch Times)
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