Comment agissent les agents de Pékin

Par Christopher Balding
30 septembre 2024 16:18 Mis à jour: 1 octobre 2024 22:52

L’influence bien cachée et subtile que le régime chinois tente d’exercer sur les Occidentaux est une préoccupation constante des États démocratiques dans le cadre de la guerre froide non déclarée avec la Chine.

Trop souvent, les habitants des pays démocratiques pensent que les opérations d’influence chinoises sortent d’un film de James Bond, alors qu’en réalité Pékin mène surtout un large éventail d’opérations visant à encadrer les discours sur la Chine. Être au courant de la manière dont cela se fait permet de mieux comprendre comment le régime chinois perçoit le monde libre et de voir les domaines dans lesquels Pékin cherche à influencer l’opinion publique.

Récemment, Linda Sun, l’une des principales collaboratrices de la gouverneure de l’État de New York, a été arrêtée pour avoir été identifiée comme agent pour le compte du régime chinois. Malgré tous les avertissements concernant les personnes travaillant avec la Chine, le fait que la collaboratrice de haut niveau d’une gouverneure ait été arrêtée a choqué beaucoup de monde. L’une des raisons de ce choc est liée au genre de services que Mme Sun fournissait au régime communiste hostile à l’Amérique.

On sait qu’un haut fonctionnaire de ce genre n’a qu’un accès limité aux informations relatives à la sécurité nationale. Et c’est sur cet exemple que nous pourrions mieux comprendre quel genre de services les agents chinois fournissent à leur régime – le régime qui cherche à nous influencer.

Linda Sun n’est pas accusée d’avoir volé des informations classifiées pour les fournir à Pékin – des informations comme des déplacements militaires ou d’autres données similaires relatives à la sécurité nationale. En revanche, elle est accusée d’avoir bloqué des réunions entre la gouverneure et des groupes non approuvés par Pékin ou supprimé la mention de Taïwan dans des déclarations officielles.

Mais pourquoi alors le régime chinois se concentre-t-il autant sur des actions apparemment anodines ?

Nous devons comprendre les démarches du Parti communiste chinois (PCC) dans le cadre plus large du contrôle qu’il exerce à l’intérieur de son propre pays. Le Parti est obsédé par le maintien de contrôle à tous les niveaux – depuis la hiérarchie bien structurée des fonctionnaires d’État jusqu’à chaque complexe résidentiel en Chine.

Le deuxième poste budgétaire le plus important des agences de l’État-parti chinois est celui du département du travail du Front uni (DTFU). Plus important que le ministère des Affaires étrangères, ce département a pour mission d’influencer les pays étrangers, les institutions et les individus étrangers par le biais d’une grande variété de méthodes. Bien que le DTFU puisse accomplir les mêmes fonctions que les services de renseignement et de sécurité, il se concentre surtout sur la création d’une image positive de la Chine dans les autres pays. L’éventail de ses activités est donc beaucoup plus large que celui relevant seulement des activités de sécurité ou de renseignement.

Cette stratégie se réalise par différents moyens et dans différents domaines. Par exemple, les universités qui accueillent de nombreux étudiants chinois payant leur scolarité ne veulent pas fâcher Pékin et s’abstiennent donc de critiquer la Chine, de mentionner les questions liées à la démocratie à Hong Kong ou à la situation avec les Ouïghours. Les groupes de réflexion occidentaux, inquiets des cyberattaques, ménagent leur recherche sur la Chine de peur que leurs travaux ne deviennent la cible de Pékin. La seule présence des étudiants ou des chercheurs chinois permet au PCC d’exercer une influence considérable sur le débat et la discussion sur la Chine en Occident.

La plupart des gens pensent généralement que le régime chinois tente d’exercer une influence malveillante qui est assez maladroite, partiale et inflexible. Toutefois, une telle opinion n’est pas correcte. L’État-parti chinois, comme toute autre force extérieure tentant d’influencer le discours, ne peut pas reproduire chez nous la rhétorique des médias d’État nationaux comme la chaîne CCTV, sous peine de donner l’impression d’être biaisé et de faire de la propagande.

Pour être acceptés, les influenceurs doivent paraître authentiques, ce qui ouvre la porte à la critique de la Chine dans certaines limites. L’objectif des opérations d’influence n’est pas de reproduire parfaitement la pensée du PCC, mais de brouiller les pistes et confondre l’opinion publique.

Par exemple, les universités américaines financées par la Chine se livrent à une certaine critique de la Chine, mais dans certaines limites, et leurs propos ne ressemblent pas à ceux des médias d’État chinois. Les entreprises occidentales ayant des intérêts commerciaux en Chine font du lobbying pour le compte de Pékin, ce qui donne au PCC la possibilité de ne pas s’identifier avec la promotion de telle ou telle mesure. L’objectif est autant de créer le chaos que de nier toute implication.

Pékin a qualifié ses efforts d’influence et d’infiltration dans les pays occidentaux d’efforts « de l’ensemble de la société » – ce qui implique toutes les institutions, toutes les entreprises, tous les citoyens et tous les autres acteurs chinois. En Occident, nous pensons souvent qu’il s’agit d’espionnage, mais cette vision limite le cadre de la bataille que mène la Chine. Plus tôt nous comprendrons que l’État-parti chinois cherche à s’engager à tous les niveaux – depuis les réunions et les communiqués de presse jusqu’à la façon dont nous parlons de la Chine – mieux nous pourrons faire face à cette menace.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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