Plus de 3.000 postes n’ont pas été pourvus cette année aux concours enseignants du public et du privé, selon des chiffres publiés lundi par le ministère de l’Éducation, confirmant une crise persistante de recrutement qui suscite des inquiétudes pour la rentrée.
Selon les chiffres du ministère, sur 27.589 postes ouverts en 2024 (23.696 dans le public et 3893 dans le privé sous contrat), 3.185 n’ont pas été pourvus.
Dans le détail, dans le public, le nombre de postes qui n’ont pas trouvé preneurs s’élève à 1.350 dans le premier degré (maternelle et élémentaire) et 1.575 dans le second degré (collèges et lycées), selon des chiffres du ministère. Dans le privé, 260 postes restent vacants.
Pour le premier degré, les chiffres de la rue de Grenelle sont inférieurs à ceux de la FSU-Snuipp, principal syndicat du primaire, qui avait donné début juillet 1.583 non pourvus (dont 670 dans l’académie de Créteil, 692 dans celle de Versailles et 174 en Guyane, hors concours supplémentaires).
« Une crise qui perdure »
Selon un comptage de l’AFP, qui a compilé les résultats publiés sur la plateforme Cyclades du ministère, le nombre de postes non pourvus est également supérieur : 1.582 dans le premier degré public (hors Polynésie, concours supplémentaires pour Créteil et Versailles, concours internes exceptionnels et premiers concours internes, hors recrutement sur les listes complémentaires) et 75 dans le privé.
Pour la maternelle et l’élémentaire, « comme en 2023 », seules quatre académies sont déficitaires, Créteil et Versailles, la Guyane et Mayotte, a souligné le ministère. Mais pour le FSU-Snuipp, « on ne peut pas s’en satisfaire ». « Ça s’accumule aux pertes de postes des autres années » pour ces académies, a réagi auprès de l’AFP Guislaine David, secrétaire générale de la FSU-Snuipp.
« On a une crise qui perdure et qui s’installe, et qu’aucune politique actuellement ne permet d’enrayer », a-t-elle insisté. « Il faut trouver des solutions urgentes ».
Pour les collèges et lycées, la rue de Grenelle met en avant un taux de postes pourvus pour le second degré public, tous concours confondus, à 88,3% en 2024 contre 86,3% en 2023 et 83,3% en 2022. Pour le Capes, le principal concours enseignant du second degré, « 86,4% des postes sont pourvus contre 82,4% l’an dernier », indique le ministère.
Il fait valoir que la situation de certaines disciplines traditionnellement déficitaires « s’améliore » : mathématiques (79,9% de postes pourvus contre 76% en 2023), les lettres classiques (63,3% de postes pourvus contre 30,6% en 2023) et l’allemand (45,5% de postes pourvus contre 42% en 2023), a fait valoir le ministère. Celle du Capet, qui permet d’enseigner dans un lycée technologique, se dégrade avec toutes voies confondues, avec 77% des postes pourvus contre 86% l’an dernier.
Un problème « assez structurel »
Si la situation s’améliore légèrement pour le Capes, « ça reste inquiétant pour la rentrée », juge Sophie Vénétitay, secrétaire générale du Snes-FSU, soulignant que « les années passent et les postes perdus se cumulent ». « Les chiffres publiés par le ministère confirment, bien que le ministère s’en défende, que la crise attractivité est toujours là », a-t-elle ajouté auprès de l’AFP.
« On va de nouveau être en difficulté pour avoir des profs partout en temps et en heure pour faire classe à tous les élèves », analyse de son côté Catherine Nave-Bekhti, secrétaire générale du Sgen-CFDT, pour qui le problème est « assez structurel ». « On est assez inquiets pour les territoires où le concours de professeurs des écoles n’a pas fait le plein une fois de plus ».
Depuis deux ans, le recrutement d’enseignants (premier et second degrés confondus) connaît une crise inédite. En 2022, plus de 4.000 postes avaient été non pourvus au total, provoquant l’émoi dans le monde de l’éducation et le recrutement d’un nombre plus important de contractuels.
L’an dernier, c’est plus de 3.100 postes qui n’avaient pas trouvé preneurs dans le public, dont 1.315 dans le premier degré, selon le ministère de l’Éducation.
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