L’imam de nationalité algérienne, Mohamed Tataïat, qui officiait à Toulouse, a été expulsé vendredi soir vers l’Algérie, après sa condamnation définitive pour provocation à la haine et à la violence envers la communauté juive, a annoncé Gérald Darmanin.
Dans un message posté sur X, le ministre de l’Intérieur a fait valoir qu’« une nouvelle fois, la loi immigration (avait permis) d’expulser dans son pays d’origine en moins de 24 heures un “imam” de Toulouse, prêcheur de haine et condamné par la justice ».
Une nouvelle fois, la loi immigration nous permet d’expulser dans son pays d’origine, en moins de 24 heures, un « imam » de Toulouse, prêcheur de haine et condamné par la justice. La protection de la France et des Français est ma priorité. https://t.co/WNC7LSz0tt
— Gérald DARMANIN (@GDarmanin) April 19, 2024
Mohamed Tataïat était arrivé en France en 1985 comme imam détaché algérien. Il avait rejoint Toulouse deux ans plus tard pour exercer au sein de la mosquée du quartier Empalot.
Toulouse : ouverture d’une information judiciaire contre Mohamed Tataiat, Imam de la Grande Mosquée de Toulouse https://t.co/IYL9rlPItB pic.twitter.com/PPAX7oRmc2
— France 3 Occitanie (@F3Occitanie) September 25, 2018
« Ces paroles peuvent entraîner des tueries comme celle de Mohammed Merah ! »
L’imam avait tenu des propos qualifiés d’antisémites dans un prêche en arabe prononcé en 2017, enregistré et diffusé sur une chaîne You Tube, selon la Dépêche. Le préfet avait alors saisi le procureur et une instruction avait été ouverte. D’après les résultats de l’enquête, le délit d’incitation à la haine relativement à des propos tenus à l’occasion d’un prêche en langue arabe semblait établi. D’après le texte sous-titré en anglais, Mohamed Tataiat avait déclaré notamment, selon France3 : « (Le prophète Muhammad) nous a parlé de la bataille finale et décisive : le jugement dernier ne viendra pas jusqu’à ce que les Musulmans combattent les Juifs. « L’imam s’était défendu en arguant d’une mauvaise interprétation de ses propos, de difficultés de traduction. « Je n’ai jamais été antisémite », avait déclaré M. Tataïat.
Mohamed Tataiat était ainsi soupçonné «d’une part, de provocation publique, par parole, à la haine ou à la violence en raison de l’origine, de l’ethnie, la nation, la race ou la religion et d’autre part de provocation publique au moyen de communication au public par voie électronique… »
L’homme de foi a d’abord été relaxé devant le tribunal correctionnel. Mais lors du procès en appel, l’imam de Drancy Hassan Chalghoumila a dénoncé son prêche : « Ces paroles peuvent entraîner des tueries comme celle de Mohammed Merah ! » Le 31 août 2022, il a ainsi été condamné par la cour d’appel de Toulouse à 4 mois de prison avec sursis pour ce prêche, sans interdiction d’exercer ni d’obligation de quitter le territoire.
Condamné définitivement en cassation
Depuis l’imam Mohamed Tataiat a continué de prêcher de manière discrète à la mosquée Al Nour, dans le quartier d’Empalot à Toulouse. Le 19 décembre dernier, la Cour de cassation a rejeté le pourvoi de M. Tataïat, rendant ainsi sa condamnation définitive. Il n’avait pas fait de commentaire à ce sujet.
Le 5 dernier avril, Gérald Darmanin signait son arrêté d’expulsion. Et vendredi, il a été interpellé à son domicile sur autorisation du juge des libertés et de la détention et expulsé aussitôt.
Une requête en référé à l’encontre de l’arrêté d’expulsion
« Il n’y avait pas d’urgence, il est sur le territoire français depuis 40 ans, il a des enfants, il travaille, il n’a pas fait parler de lui depuis sept ans, et là il se retrouve dans un avion en direction de l’Algérie », a réagi auprès de l’AFP l’un de ses avocats, Jean Iglesis, dénonçant une « expulsion manu militari pour éviter qu’on fasse suspendre l’arrêté (d’expulsion) ».
Une audience pour examiner une requête en référé des avocats de l’imam à l’encontre de cet arrêté d’expulsion est prévue lundi au tribunal administratif de Paris, a ajouté Me Iglesis.
« Ce qui se passe est d’une certaine gravité (…) C’est une défiance à l’égard de la défense et de l’autorité judiciaire », a poursuivi le conseil de l’imam, affirmant notamment qu’il n’avait pas pu avoir accès à son client lorsqu’il était en instance d’expulsion à l’aéroport de Toulouse. Il a assuré en outre que M. Tataïat n’avait pas reçu de notification d’expulsion.
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