Plus de trois ans après le début de l’épidémie, le syndrome post-Covid, communément appelé Covid long, affecte « plusieurs centaines de milliers » de personnes en France et la prise en charge reste « insatisfaisante », selon un diagnostic du Covars publié mercredi, face auquel le gouvernement a souligné sa mobilisation.
« Il est indispensable que les décideurs politiques, les autorités sanitaires et les soignants prennent conscience de ce problème car plusieurs centaines de milliers de personnes souffrent encore de SPC (syndrome post-covid) dans leur quotidien en France », selon l’organe consultatif, qui a transmis un avis au gouvernement en début de semaine.
Cet ordre de grandeur permet de « montrer l’impact » du phénomène, sur lequel « il est très difficile d’avoir un chiffre précis » car certains patients ne sont pas diagnostiqués, a précisé le virologue Bruno Lina lors d’une conférence de presse.
Le syndrome post-Covid, ou Covid long, désigne la persistance de séquelles durables plusieurs mois après l’infection par le virus. Si « les connaissances scientifiques ont beaucoup progressé », il reste « des questions persistantes concernant la définition du SPC, ses mécanismes, son diagnostic et son traitement », relève le Covars.
Des parcours de soins « chaotiques »
Mais il est certain que « cela a des conséquences sur des trajectoires individuelles et familiales mais aussi des répercussions sociales et économiques », comme du décrochage scolaire, des arrêts maladies prolongés, des démissions. Si, au bout d’un certain temps, « certains patients vont être guéris » du syndrome post-Covid, aux manifestations très diverses, une majorité deviennent des malades « chroniques » ou gardent certaines « séquelles », a noté Xavier Lescure, infectiologue et copilote de l’avis, durant la conférence de presse.
Or la prise en charge est « à ce jour insatisfaisante, avec un parcours de soins chaotique », constate le Covars, qui pointe « un manque de lisibilité de l’offre, une grande hétérogénéité géographique, un niveau de connaissances des professionnels de santé souvent insuffisant, et une tendance à la psychiatrisation des symptômes, dans un contexte général de pénurie médicale ».
Vu des prises en charge « plus satisfaisantes dans les pays voisins et anglo-saxons », le Covars appelle à renforcer et restructurer le dispositif de soins du syndrome post-Covid, à aborder « sous l’angle plus général des syndromes post-infectieux ».
Le besoin de reconnaissance de cette pathologie
En France, « l’État a fait beaucoup, mais peut-être de façon moins coordonnée que dans d’autres pays et moins efficiente sur l’ensemble du territoire », selon la présidente du Covars, Brigitte Autran. « Sur le terrain, il y a des endroits où cela fonctionne très bien (…) et d’autres pas ou pas bien », a jugé Xavier Lescure, voyant dans le Canada le modèle étranger « le plus intéressant », mélange de pragmatisme et de créativité.
Notant que « les choses ont été très compliquées pour beaucoup de patients pendant trois ans et demi », Yvanie Caillé, représentante de patients et autre copilote de l’avis, a évoqué le « besoin d’une reconnaissance de leur pathologie » et pointé les difficultés liées à « l’absence (de statut) d’affection longue durée ».
Le Covars suggère entre autres sur le territoire « des filières adaptées, financées et pérennes, pour assurer notamment des soins pluridisciplinaires, cliniques, physiques, psychologiques et sociaux », associant aussi les médecines du travail et scolaire.
Le Covars plaide aussi pour « un plan de communication clair, rassurant, rationnel et fondé sur la science amenant les soignants, les patients et le grand public à prendre conscience du SPC en tant que menace post-infectieuse réelle ». Il recommande également « un coup de projecteur » sur le Covid long chez certains enfants et adolescents, ou d’« amplifier et élargir l’effort de recherche français, de façon durable ». Il risque aussi d’y avoir « de plus en plus d’émergences de pathologies infectieuses, dont vraisemblablement un grand nombre donneront lieu à des syndromes post-infectieux », a alerté Brigitte Autran.
Un nouveau comité de suivi, début 2024
Le ministère de la Santé assure être « mobilisé depuis le début de l’épidémie pour apporter une réponse adaptée aux besoins des personnes concernées, réduire l’errance médicale, faciliter et harmoniser l’organisation de la prise en charge », notamment via les Agences régionales de santé.
Aurélien Rousseau, qui s’est entretenu mardi avec Brigitte Autran, réunira début 2024 un nouveau comité de suivi des différentes actions, une fois reçues des recommandations de la Haute autorité de santé sur les parcours de soins du syndrome post-Covid.
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