Un médicament largement utilisé pour le traitement du Covid‑19 pourrait être lié à des mutations qui créent de nouveaux variants, selon des chercheurs dans une nouvelle étude pré‑imprimée sur Medxriv (pdf).
Les chercheurs citent une analyse de plus de 13 millions de génomes viraux répertoriés dans diverses bases de données de par le monde. Ils constatent que des mutations peuvent être associées au médicament Lagevrio, également connu sous le nom de molnupiravir. Certaines mutations, écrivent‑ils, sont plus fréquentes dans les pays qui utilisent largement ce médicament, notamment les États‑Unis, le Royaume‑Uni et l’Australie.
Le nombre de mutations est plus faible en France et au Canada, où l’utilisation du médicament n’est pas autorisée. L’étude des génomes viraux révèle que certaines personnes traitées avec le médicament peuvent générer et propager de nouveaux variants du Covid‑19.
« Il est possible que certains patients traités au molnupiravir ne se débarrassent pas complètement des infections au SRAS‑CoV2, ce qui pourrait entraîner une transmission ultérieure de virus mutés par le molnupiravir », écrivent les chercheurs.
Ils expliquent : « Les nouveaux variants du SRAS‑CoV‑2 sont générés par l’acquisition de mutations, et celles‑ci améliorent les propriété du virus, notamment l’échappement immunitaire et la transmissibilité intrinsèque. (…) L’impact du traitement par le molnupiravir sur la trajectoire de la génération et de la transmission des variants est difficile à prévoir. »
« D’une part, le molnupiravir augmente la diversité de séquences dans la population virale survivante chez l’hôte et on peut s’attendre à ce que cela fournisse plus de matériel sur lequel la sélection peut agir pendant l’évolution intra‑hôte vers ces propriétés qui augmentent ses aptitudes », indique l’article. « Cependant, une forte proportion de mutations induites sont susceptibles d’être délétères ou neutres, et il est nécessaire d’envisager le contrefactuel du traitement par le molnupiravir. »
Des chercheurs aux États‑Unis et au Francis Crick Institute, à l’Imperial College London et dans d’autres institutions britanniques ont participé à l’étude.
« Ces effets sont visibles dans ces bases de données », a déclaré le chercheur Theo Sanderson, du Francis Crick Institute, à Bloomberg News. « Il apparait que des personnes sont traitées, certaines d’entre elles ne parviennent pas à éliminer leurs infections, d’autres les transmettent ».
Le Dr Sanderson a ajouté au magazine Science qu’il n’est pas clair si cela conduira à des variants plus transmissibles ou pathogènes. « Nous n’arrivons pas à une conclusion sur le risque », a‑t‑il dit.
Mais un opposant au médicament, le virologue William Haseltine, président d’ACCESS Health International, a déclaré dans la même publication qu’« il est très clair que des virus mutants viables peuvent survivre [au traitement par le molnupiravir] et concurrencer » les variants existants du Covid‑19. Raymond Schinazi, chimiste médicinal à la faculté de médecine de l’université Emory, a déclaré que ces résultats faisaient « beaucoup de bruit pour rien ».
Le molnupiravir est devenu le premier médicament antiviral approuvé pour combattre le Covid‑19 aux États‑Unis et au Royaume‑Uni après avoir été approuvé fin 2021 par les régulateurs. Un certain nombre d’autres pays l’ont approuvé depuis.
Merck conteste l’étude
Les auteurs de l’étude n’ont pas indiqué s’ils avaient des preuves directes que les mutations étaient apparues chez les patients ayant pris le médicament de Merck, a déclaré Robert Josephson, porte‑parole de Merck, aux médias, contestant les conclusions des auteurs. Les chercheurs ont plutôt tiré leurs conclusions d’« associations circonstancielles entre l’origine des séquences virales et le moment de la collecte des séquences dans les pays où le molnupiravir est disponible », a‑t‑il déclaré.
« Rien n’indique qu’un quelconque agent antiviral ait contribué à l’émergence de variants en circulation », a déclaré Robert Josephson à Bloomberg News. Le virus a muté pendant la pandémie de Covid‑19 en raison de sa transmission généralisée.
Le porte‑parole a également fait état de recherches menées sur des animaux qui montrent que le molnupiravir ne provoque pas de mutations.
Epoch Times a contacté Merck pour une demande de commentaire.
Autres détails
Les options de traitement du Covid‑19 officiellement approuvées se sont raréfiées ces dernières semaines. Il y a quelques jours, la FDA a stoppé son autorisation pour l’Evusheld d’AstraZeneca, le retirant du marché américain.
Les seuls traitements disponibles pour les Américains sont le Paxlovid et le remdesivir de Gilead Sciences Inc., que certains médecins ont signalé comme ayant des effets secondaires importants tels que l’insuffisance rénale.
Avec la dernière décision de la FDA, les Centres américains de contrôle et de prévention des maladies (CDC) ont publié la semaine dernière des conseils à l’intention des personnes dont le système immunitaire est affaibli. Il leur est conseillé de porter désormais des masques en public et de prendre une distance sociale d’environ 2 mètres.
« Chez les personnes immunodéprimées, les membres de leur famille et leurs contacts proches, des mesures de prévention telles que le port d’un masque de bonne qualité et bien ajusté, le maintien d’une distance physique avec les autres (au moins 1m80), l’amélioration de la ventilation intérieure, le lavage fréquent des mains et l’élaboration d’un plan de soins, doivent être envisagées en plus de la réception d’une dose de rappel bivalente », ont déclaré les CDC le 27 janvier.
Reuters a contribué à cet article.
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