Violée à l’âge de 13 ans par l’ex-chirurgien pédocriminel Joël Le Scouarnec, cette victime qui s’apprête à témoigner face à la cour criminelle du Morbihan n’est pas seule : elle peut compter sur la présence rassurante de Team’s, placide golden retriever qui la suit pas à pas.
Désormais âgée de 36 ans, S. a souffert de profonds traumatismes après ces viols dont elle n’avait gardé aucun souvenir conscient. Et c’est la main crispée sur la laisse de ce « chien d’assistance judiciaire », spécialement formé, qu’elle s’avance vers l’impressionnante salle d’audience de Vannes.
Avocats, policiers, journalistes… beaucoup tendent la main pour une gratouille au passage de Team’s mais se font gentiment rabrouer par Stéphanie Dubois, la référente du chien : « Pas de caresses s’il vous plaît, il accompagne une bénéficiaire, il ne faut pas le distraire ! ».
Muni d’un gilet bleu proclamant sa qualité de « chien d’assistance judiciaire », Team’s a bien compris que sa mission de soutien à S. a déjà commencé et il n’interagit avec personne d’autre.
« Le seul fait de regarder le chien, ça apaise »
« Le chien lui-même se met à disposition de la personne, il ressent ses besoins », explique à l’AFP Mme Dubois, qui dirige l’association France Victimes en Eure-et-Loir, où Team’s intervient habituellement. « Souvent, les gens disent que le seul fait de regarder le chien, ça apaise, il n’y a pas forcément besoin de contact physique », ajoute-t-elle.
Au début de l’audience, Team’s se tient sagement couché aux pieds de S., jusqu’à ce que la jeune femme, très émue, soit appelée à la barre. Elle aurait pu témoigner en tenant à la main la laisse du chien mais n’en a pas ressenti le besoin.
Une fois de retour sur le banc, elle caresse longuement l’animal, qui semble s’être instinctivement redressé. « Je voudrais le garder », sourit S. en remettant Team’s aux bénévoles de France Victimes.
Une vingtaine de chiens d’assistance judiciaire
Au total, une vingtaine de chiens d’assistance judiciaire sont déployés en France, tous formés par l’association Handi’Chiens pour accompagner les victimes tout au long de la procédure, de la première audition par les enquêteurs jusqu’au procès.
Mathilde, 17 ans, a pu bénéficier à Cahors de l’appui de Lol, doux labrador noir et premier chien d’assistance judiciaire en Europe, entré en activité dès 2019 grâce un programme-test initié par le procureur de l’époque. « Ce sont les gendarmes qui l’ont demandé pour moi, peut-être parce qu’ils sentaient que j’en avais besoin », raconte-t-elle à l’AFP.
Victime de violences sexuelles, l’adolescente se souvient avoir « mis beaucoup de temps à parler et peut-être que sans le chien, ça aurait été plus compliqué ». « J’étais en confiance (…) Je regardais moins les enquêteurs, je regardais plus le chien » qui « n’aura pas de jugement du tout, il va juste encaisser ce qu’on a à dire et il va nous aider », confie-t-elle, le comparant à « un ami à côté de soi ».
Présent pendant tout le temps » de la procédure
Pour Natalia, la mère de Mathilde, Lol « a été un membre de la famille pendant tout le temps » de la procédure. « Il a été là au tout début pour qu’elle dise les faits, ça a été libérateur pour elle ».
« Une victime se retrouve dans un milieu qu’elle ne connaît pas et doit expliquer de l’intime à des gens qu’elle ne connaît pas. Lol est là pour simplement rassurer, c’est un confident, il ne juge pas donc très souvent on a des victimes qui parlent au chien plutôt qu’à l’enquêteur », décrypte Jean-Marc Mir, bénévole de France Victimes dans le Lot qui encadre Lol depuis cinq ans.
Hors normes avec ses 299 victimes, le procès Le Scouarnec à Vannes requiert la présence de deux, voire trois chiens d’assistance judiciaire tous les jours depuis son ouverture le 24 février.
Si le coût de la formation par Handi’Chiens, environ 17.000 euros, est pris en charge par le ministère de la Justice, leur déploiement à Vannes, par roulements, repose sur des financements extérieurs et du mécénat.
Le procès doit durer près de quatre mois mais, faute de budget, la présence des chiens sur place n’est prévue que pendant six semaines malgré la demande.
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