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Des milliers de défenseurs de la tauromachie camarguaise attendus samedi à Montpellier

février 9, 2023 4:00, Last Updated: février 9, 2023 7:57
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Plusieurs milliers de personnes, dont des centaines de cavaliers, sont attendues samedi à Montpellier pour défendre la « bouvine », ces jeux tauromachiques du sud de la France sans mise à mort, que ses partisans estiment menacée par des défenseurs du bien-être animal.

Les organisateurs de cette manifestation, qui appellent à se rassembler à 11h00 au centre de Montpellier, espèrent de « 10.000 à 15.000 » participants et réunir, au-delà des aficionados des courses camarguaises, des représentants du monde rural.

Les maires de Nîmes, Arles ou encore Béziers, villes de tradition tauromachique, devraient être présents.

Des cars seront affrétés pour amener des manifestants des départements voisins, ont précisé les organisateurs lors d’une conférence de presse. Quelque 500 chevaux de Camargue, très importants dans la culture du sud-est de la France, devraient aussi défiler.

Tauromachie et souffrance animale ?

Entre mars et novembre, des dizaines de villes et villages de l’Hérault, du Gard, des Bouches-du-Rhône et du Vaucluse, organisent des centaines de courses camarguaises, nom officiel de la « bouvine », dont l’origine remonte au XVIIIe siècle.

Contrairement à la corrida espagnole, où le taureau est mis à mort, dans les courses camarguaises les « raseteurs », tout de blanc vêtus, doivent seulement s’emparer, à l’aide d’un crochet (raset), des cocardes, petits glands de laine ou ficelles accrochés aux cornes de l’animal, et chacune dotée de prix. Lorsque le danger est trop proche, ils sautent de manière acrobatique par dessus la barrière des arènes.

Ici, le taureau – en fait des boeufs car castrés – figure avec son nom sur les affiches et certains comme « le Sanglier » au village du Caylar, star dans les années 1920, a même une stèle.

Les défenseurs du bien-être animal réclament une réglementation de cette pratique

Dans une tribune publiée dans le quotidien Le Monde qui a mis le feu aux poudres début janvier, une cinquantaine de personnalités politiques, notamment écologistes, et de représentants d’associations animalistes ont réclamé une réglementation des pratiques entourant la bouvine.

Ils fustigent la castration à vif des jeunes taureaux de certaines manades (élevages où les troupeaux vivent en semi-liberté), le marquage au fer rouge ou le lâcher de taureaux dans les rues lors des férias.

Ils « demandent aux législateurs de réformer la bouvine (…) afin qu’elle ne génère plus ces souffrances animales et qu’elle ne bénéficie d’aucune reconnaissance officielle ni de soutien public ».

Une tradition à inscrire au patrimoine mondial de l’Unesco ?

Cette prise de position, quelques mois après un débat parlementaire avorté sur une proposition d’interdiction de la corrida, a été vertement critiquée par des défenseurs de la bouvine, qui plaident pour qu’elle soit inscrite au patrimoine mondial par l’Unesco et disent craindre une interdiction.

Le maire de Montpellier, le socialiste Michaël Delafosse, tout en se disant partisan des courses camarguaises, a refusé de sanctionner deux membres de sa majorité signataires de la tribune: son initiateur, Eddine Ariztegui du Parti animaliste, et l’écologiste Coralie Mantion.

« Je suis très respectueux des traditions. Le débat peut exister. Les manadiers font des efforts et ça les honore », a expliqué M. Delafosse, dont la ville soutient financièrement les « trophées taurins » attribués aux meilleurs raseteurs et éleveurs.

La riposte est orchestrée entre autres par les maires « sans étiquette » mais classés à droite des communes de Baillargues, Jean-Luc Meissonnier, et de Saint-Brès, Laurent Jaoul, rejoints par des éleveurs de taureaux, des chasseurs, pêcheurs et la Fédération française de course camarguaise.

Un mouvement rural, apolitique, derrière les défenseurs de la bouvine

Ils assurent que le mouvement est « apolitique » et réfutent toute affiliation à l’extrême droite, puissante dans cette partie de la France.

« C’est le monde rural qui est en train de se lever », a déclaré M. Jaoul lors de la conférence de presse.

Dénonçant un « diktat bobo », Jean-Luc Meissonnier explique défendre un « art de vivre » créateur de « liens intergénérationnels » et générateur d’importantes retombées économiques.

« On a l’impression d’être traités de barbares, quoi qu’on fasse. Je n’oblige personne, mais on en a marre », a assuré Benjamin Cuillé, éleveur de taureaux de course camarguaise et de corrida et membre du comité organisateur de la manifestation.

Dans un communiqué, l’élu animaliste Eddine Ariztegui a dénoncé une « manipulation de l’opinion publique » visant à « semer la confusion en agitant le spectre d’une interdiction alors qu’il n’en est absolument pas question ».

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