Deux journalistes françaises condamnées en première instance pour avoir tenté d’exfiltrer un djihadiste français de l’État islamique (EI) et plusieurs femmes de Syrie et d’Irak, selon elles pour les aider à se rendre, sont menacées de mort, rapporte ce mercredi 27 mars l’Association de la presse judiciaire (APJ).
« L’Association de la presse judiciaire (APJ) apprend avec consternation que deux journalistes, Édith B. et Céline M., font l’objet d’injures et de menaces de mort sur les réseaux sociaux » a déclaré l’APJ dans un communiqué, mercredi 27 mars.
Ces deux journalistes et un ex-avocat de jihadistes avaient été condamnés vendredi par le tribunal de Paris à des peines de 10 mois à trois ans de prison avec sursis pour avoir notamment transféré des fonds à des membres du groupe État islamique (EI), selon eux pour les aider à quitter le « califat » et se rendre.
La peine la plus lourde, soit trois ans d’emprisonnement assorti du sursis simple, vise l’ancien avocat Bruno V., 50 ans. Le ministère public avait requis en janvier cinq ans d’emprisonnement avec sursis à son encontre.
Bruno V. a reconnu avoir participé à la corruption d’un officier de l’armée irakienne pour tenter, en vain, d’épargner la vie du jihadiste Maximilien Thibaut lors de la bataille de Mossoul en Irak en 2017, selon lui afin qu’il se rende. L’ex-avocat reconnaît la corruption, mais rejette les accusations de financement du terrorisme.
Le tribunal l’a reconnu coupable de financement mais l’a relaxé sur le volet de l’association de malfaiteurs terroriste. Il l’a condamné à une amende douanière solidaire de 10.000 euros, amende demandée par les douanes et à payer avec les deux prévenues journalistes.
Les deux journalistes comptent faire appel
Ces dernières, Édith B., 43 ans, et Céline M., 44 ans, ont aussi été condamnées respectivement à 10 et 12 mois d’emprisonnement assortis du sursis simple, sur la ligne des peines requises par le procureur.
Autrices d’un livre-enquête sur les femmes françaises ayant rejoint l’EI, elles sont jugées pour avoir transféré des fonds afin de payer des passeurs pour « exfiltrer » plusieurs femmes de Syrie ou d’Irak, et pour avoir pris part à l’opération ratée de sauvetage de Maximilien Thibaut.
Devant le tribunal, Édith B. et Céline M. avaient admis être « sorties du cadre » de leur métier, mais avaient maintenu avoir agi par « humanité », pour « sauver des vies ».
Vendredi, toutes deux se disent « choquées par la sévérité d’un jugement qu’elles ne comprennent pas » et font part du « sentiment de n’avoir pas été entendues ». « Il existe décidément un gouffre entre la réalité du terrain et ce que la justice croit pouvoir en faire », réagissent-elles dans un message écrit, affirmant « n’avoir jamais financé le terrorisme » qu’elles combattent « chaque jour dans leur profession ». Elles comptent faire appel de la décision, a indiqué leur avocate Me Marie Dosé.
Trois autres prévenus étaient poursuivis dans ce dossier, deux mères et le beau-père de jeunes Français convertis et radicalisés, partis rejoindre l’EI en Syrie. Il leur était reproché d’avoir envoyé plusieurs milliers d’euros à leurs enfants, pour subvenir à leurs besoins selon eux, entre 2014 et 2017.
Les deux mères étaient également jugées pour avoir détourné les fonds d’associations de parents en détresse, qu’elles avaient fondées. Valérie B. a été condamnée à deux ans de prison avec sursis simple et 20.000 euros d’amende, Anne S. à un an d’emprisonnement avec sursis simple et 3.000 euros d’amende.
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