Le gouvernement demande un « bilan exhaustif » des aides publiques que le groupe pharmaceutique Sanofi a reçues depuis une décennie, a annoncé mardi le ministre de l’Économie Antoine Armand, confirmant la « possible présence de l’État au conseil d’administration » d’Opella, qui commercialise le Doliprane.
« J’ai lancé un travail sur Sanofi qui demande un bilan exhaustif de l’ensemble des dispositifs de soutien public dont a bénéficié l’entreprise ces dix dernières années », a déclaré le ministre, interrogé devant l’Assemblée nationale sur la vente pressentie de cette entité de santé grand public par Sanofi au fonds d’investissement américain CD&R.
« Parce que oui, nous soutenons les entreprises, oui, nous soutenons l’emploi et l’industrie, mais cela ne peut pas se faire n’importe comment et à n’importe quelles conditions », a-t-il dit.
Le groupe pharmaceutique français a annoncé vendredi avoir choisi le fonds CD&R pour lui céder potentiellement le contrôle d’Opella. Cette opération soulève de fortes préoccupations chez les salariés et les responsables politiques pour des enjeux de souveraineté sanitaire et d’emplois.
Doliprane sous contrôle américain ? La CGT dénonce un échec industriel
Le possible passage de Doliprane sous pavillon américain est « le symbole de l’échec total de la politique industrielle d’Emmanuel Macron », a asséné mardi la leader de la CGT, Sophie Binet, en déplorant que Sanofi ait bénéficié d’« un milliard de crédits impôt recherche en 10 ans » tout en divisant « par deux les effectifs en France, notamment des emplois de chercheurs ».
M. Armand, qui s’est rendu lundi sur le site de production du Doliprane, à Lisieux (Calvados), a répété les « engagements très précis » discutés avec les parties prenantes de la transaction en matière de maintien de l’emploi, de l’empreinte industrielle, de la localisation du siège et de la recherche et développement.
« Nous sommes prêts à demander des sanctions et l’étude d’une prise de participation » publique « pour que ces engagements soient tenus », a-t-il répété. Par ailleurs, « l’ensemble de la procédure de contrôle des investissements étrangers » en France sera mobilisée si la vente devait être confirmée, a-t-il insisté.
« La cession d’Opella est une histoire de croissance »
Interrogé en soirée dans les Echos sur une possible prise de participation dans Opella d’un acteur public comme la banque publique d’investissement Bpifrance, le président du conseil d’administration de Sanofi, Frédéric Oudéa, a assuré que « tous les sujets sont sur la table ». « Mais l’option la plus efficace, ce sont les engagements que l’on va prendre. Sanofi est un acteur responsable qui a toujours pris en compte son ancrage français », affirme le dirigeant.
Frédéric Oudéa estime que la « décision de Sanofi de conserver 50% du capital » lors de l’opération est la « garantie » de cet « ancrage » en France, notamment en donnant à son groupe « un droit de veto sur les grandes décisions stratégiques ». « La cession d’Opella est une histoire de croissance, pas une histoire de restructuration », ajoute-t-il.
Concernant les aides reçues par Sanofi, le groupe a précisé bénéficier de « 100 millions d’euros » de crédit d’impôt pour « 2,5 milliards d’euros investis chaque année dans la recherche et le développement en France ». « Ce qui fait de Sanofi le premier investisseur du pays en R&D », selon un porte-parole. Opella commercialise une centaine de marques autres que Doliprane, qui n’est par ailleurs pas connu en dehors de l’Hexagone.
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