Faut-il rendre obligatoires les drapeaux français et européen sur la façade des mairies ? La « Journée de l’Europe » devrait être marquée mardi par un vif débat à l’Assemblée nationale autour de cette proposition aussi symbolique que symptomatique des divisions à un an des élections européennes.
La date de l’examen de ce texte, présenté par le groupe du parti présidentiel Renaissance, coïncide avec l’anniversaire de la déclaration de Robert Schuman le 9 mai 1950 sur la mise en commun du charbon et de l’acier, considérée comme le texte fondateur de la construction européenne.
Sur Twitter, le président Emmanuel Macron a d’ailleurs rappelé à cette occasion que l’Union européenne « protège des crises », soulignant son rôle dans la gestion de la pandémie, la guerre en Ukraine ou encore dans la lutte contre le réchauffement climatique. « Nous sommes en train de bâtir le continent le plus écologique, le plus exigeant sur le numérique, celui qui défend partout nos valeurs démocratiques et humaines. Ensemble, unis », a-t-il écrit.
Un sérieux revers pour le gouvernement
Mais en matière européenne, les passions prennent souvent le dessus. Les premiers débats sur le drapeau ont tourné court la semaine dernière, avec l’adoption en commission d’amendements de suppression de son article unique, qui avaient été déposés par La France Insoumise (LFI) et le Rassemblement national (RN). Outre l’hostilité des oppositions, la proposition de loi s’est aussi heurtée aux réticences des députés Modem, qui se sont abstenus au moment du vote, au grand dam de leurs alliés de la majorité présidentielle.
Renaissance espère que ce revers ne se reproduira pas dans l’hémicycle pour ce texte à la « portée éminemment symbolique », qui vise à « conforter un usage républicain » et à « consacrer une pratique qui est répandue », plaide son rapporteur, le député macroniste Mathieu Lefèvre. L’eurodéputée LFI Manon Aubry a suscité la polémique pendant le week-end en présentant le drapeau européen comme « une forfaiture démocratique », en allusion au référendum de 2005 sur la Constitution européenne, rejetée par le peuple, mais dont la substance a été ensuite approuvée par l’Assemblée nationale.
Partisane d’un accord pour une liste unique des partis de gauche aux européennes comme lors des législatives de l’an dernier, elle a été attaquée par ses alliés. « Non l’Europe n’est ni LE problème, ni une forfaiture ! », s’est emporté sur Twitter l’eurodéputé écologiste Yannick Jadot, dont le parti tient à présenter sa propre liste aux européennes, après avoir obtenu 13,48% des voix en 2019.
Raphaël Glucksmann rejette une liste commune avec LFI
Le député européen Raphaël Glucksmann (Place Publique), qui avait dirigé une liste commune entre sa petite formation et le Parti socialiste aux européennes de 2019, a saisi l’occasion pour rejeter une alliance avec les Insoumis. « Ce drapeau européen est un symbole de liberté », a-t-il estimé sur France 2. « C’est celui qui est agité par les Ukrainiens quand ils se battent pour leur liberté, par les Géorgiens quand ils manifestent pour sauver leur démocratie », a-t-il souligné. En cette « Journée de l’Europe », chacun se positionne à un an d’un scrutin qui ouvrira la deuxième partie du quinquennat d’Emmanuel Macron et engagera la bataille pour sa succession.
Dans une tribune publiée par le journal Le Monde, le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, estime que l’« Europe n’est pas par essence libérale, elle est un espace toujours en construction ». Et il ajoute qu’il faut œuvrer pour y « changer de paradigmes » sans « refuser les compromis ».
Des « injonctions de Bruxelles de plus en plus délétères et mortifères » pour Marine Le Pen
Marine Le Pen, dont le parti était arrivé en tête en 2019 avec 23,34% des voix devant Renaissance (22,42%), a dénoncé sur Sud Radio une UE qui décide « de plus en plus de choses », fustigeant des « injonctions de Bruxelles de plus en plus délétères et mortifères », notamment dans le domaine de l’immigration. Un sujet également abordé par le président des Républicains, Éric Ciotti, qui a estimé sur France Inter que le droit national devait « primer » en matière migratoire sur toute disposition européenne.
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