Élections européennes : des enjeux cruciaux pour l’avenir de l’Europe

Par Germain de Lupiac
5 juin 2024 14:20 Mis à jour: 6 juin 2024 20:12

Quelque 370 millions d’électeurs sont appelés aux urnes du 6 au 9 juin dans les 27 pays de l’Union européenne (UE) pour élire 720 députés au Parlement européen. En France, 49,5 millions d’électeurs sont attendus pour élire 81 eurodéputés. Le ministère de l’Intérieur a enregistré 38 listes – un chiffre record, quatre de plus qu’en 2019 – avec les noms de 81 têtes de liste pour chacune, soit un total de 3.078 prétendants. Les eurodéputés seront élus pour cinq ans avec un scrutin à un tour à la proportionnelle.

Le taux de participation en 2019 était de 50,12%, les listes ayant obtenu plus de 5% de voix étaient dans l’ordre, le RN (Jordan Bardella) avec 23,34%, le parti Renew de la majorité présidentielle (Nathalie Loiseau) avec 22,42%, EELV (Yannick Jadot) avec 13,48%, les LR (François-Xavier Bellamy) avec 8,48%, LFI (Manon Aubry) avec 6,31% et le PS-Place publique (Raphaël Glucksmann) avec 6,19%.

Un sondage Ifop-Fiducial pour Le Figaro, LCI, Sud Radio du 4 juin montre, à quelques jours des élections européennes, une recomposition politique par rapport à 2019. À droite le RN possède une large avance estimée à 33% des intentions de vote, suivi par Valérie Hayer du parti Renew et du PS de Raphaël Glucksmann respectivement à 15% et 14%. En 4eme place, LFI, LR, Reconquête et EELV se disputent autour de 6 à 8%.

Les deux surprises de ce scrutin pourraient être les percées du RN et du PS, au détriment des partis Renew et Écologistes, avec comme nouvel invité à droite, le parti Reconquête. Une recomposition du paysage politique français qui s’observe également au niveau européen et qui pourrait aboutir à une recomposition politique au Parlement européen.

Le jeu des chaises musicales au Parlement européen

Au niveau européen, les sondages prédisent une montée en puissance des droites, après leur essor dans plusieurs scrutins nationaux. Elles sont divisées en deux groupes : le groupe ECR (les « Conservateurs et réformistes ») qui compte le parti Fratelli d’Italia de Giorgia Meloni, le parti Droit et Justice (PiS) polonais, Vox (Espagne) et Reconquête; et le groupe ID (« Identité et démocratie ») qui réunit le Rassemblement national, la Ligue italienne de Matteo Salvini et le PVV néerlandais de Geert Wilders – l’Afd allemande en étant exclue récemment, suite à plusieurs scandales.

La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, candidate à un second mandat et issue du Parti populaire européen (PPE, première formation au Parlement), a exclu de coopérer avec les partis du groupe ID, soupçonnés par l’intéressée d’être des alliés de Vladimir Poutine. Elle affirme cependant être prête à travailler avec le groupe ECR au grand dam des Socialistes et démocrates (S&D) et de Renew Europe (centristes et libéraux), principaux alliés du PPE de la « grande coalition » actuelle du parlement.

Avec ces élections, les partis des différentes droites pourraient, en nombre cumulé d’eurodéputés, dépasser le PPE, mais l’hypothèse d’une fusion ECR-ID reste compliquée en raison de leurs importantes divergences – notamment sur la Russie, l’Europe et l’économie.

Les résultats des élections du 9 juin, qui définiront les nouveaux équilibres politiques au niveau européen, détermineront également l’attribution des « top jobs »: chefs des institutions de l’UE (Commission, Conseil, Parlement), haut représentant de la diplomatie… de quoi changer la physionomie actuelle des institutions.

Les enjeux des élections au niveau européen

Fin des voitures thermiques neuves en 2035, « Pacte vert », Pacte européen sur la migration et l’asile, protection des frontières géographiques et économiques, traités de libre-échange, etc. plusieurs sujets pourraient prendre d’autres directions avec l’élection des nouveaux députés européens.

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À l’unisson des droites, le PPE pourrait réclamer de ne pas renforcer les mesures vertes contraignantes, considérées comme un « fardeau » pour les entreprises et les ménages, et appeler à une « pause » réglementaire pour mieux doper l’industrie et la compétitivité.

L’invasion russe de l’Ukraine pousserait aussi les Européens à renforcer leur industrie de défense et leur sécurité pour contrer les visées hégémoniques de la Russie de Poutine. Bruxelles a déjà proposé une nouvelle stratégie dotée de 1,5 milliard d’euros pour aider les industriels du secteur à mieux travailler ensemble, qu’il reste à négocier.

De nouvelles négociations devraient également avoir lieu sur l’orientation d’un nouvel emprunt européen, actuellement focalisé sur les objectifs du très ambitieux Pacte vert, gigantesque paquet de législations environnementales, qui place l’économie européenne à la merci de la Chine et des États-Unis.

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Les priorités pour les électeurs français

Selon une enquête Ipsos en partenariat avec le Cevipof, l’Institut Montaigne, la Fondation Jean Jaurès et « Le Monde », parue fin avril, la crise migratoire (42%) et le changement climatique (36%) sont les sujets prioritaires pour les électeurs français aux Européennes. Suivent l’avenir de l’agriculture (35%), la défense commune (28%), le renforcement de l’UE face à la Chine ou aux États-Unis (24%) et enfin l’aide à l’Ukraine (13%).

Une autre enquête de l’institut CSA pour CNEWS, Europe 1 et le JDD place le pouvoir d’achat comme la question la plus importante pour les Français (38%), suivi par l’immigration et l’environnement (29%), les questions d’insécurité (24%), la santé et les inégalités sociales récoltant 19%.

D’après un 3e sondage Ifop-Fiducial pour LCI, Le Figaro et Sud Radio paru fin mai, le pouvoir d’achat est également la préoccupation principale des Français pour ces élections (57%), suivi de l’immigration (38%) et du système de santé (38%), de l’environnement (34%), de la sécurité des personnes et des biens (26%) – la guerre en Ukraine n’intéressant que 21% des Français et le conflit entre Israël et le Hamas, 12%.

Une élection cruciale pour l’avenir de l’Europe

Dans un camp comme dans l’autre, ces élections sont cruciales pour l’avenir de l’Europe. Les dernières projections confirment deux grandes orientations possibles, selon que le Parlement européen penchera à droite ou restera au « centre droit-centre gauche », comme il l’a été depuis 5 ans.

Deux visions différentes de l’Europe sur les questions d’immigration et de sécurité, de compétitivité et de pouvoir d’achat, de contraintes environnementales et administratives, etc. avec d’un côté, la vision d’une Europe fédérale portée par le camp progressiste, gommant les particularités culturelles, économiques et institutionnelles des nations ; et de l’autre une Europe des nations voulant préserver davantage l’Europe et les pays européens, du point de vue économique et sociétal.

Des différences d’orientation décisives pour les 5 prochaines années – qui se retrouveront malgré tout sur les questions d’environnement, de défense en Ukraine ou de guerre économique – dans les mains des 370 millions d’électeurs européens, parmi lesquels les 49,5 millions d’électeurs français, le 9 juin prochain.

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